"Le gouvernement gouverne, le président préside" : que faut-il attendre de la prise de parole d'Emmanuel Macron pour les vœux du Nouvel An ?

Pour la huitième fois, ce soir, à 20 h, le chef de l'Etat présentera ses vœux aux Français. Mais pour la première fois, il le fera sans être au centre du jeu politique, depuis sa dissolution ratée du mois de juin.
Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron, ici à Djibouti le 21 décembre 2024, a annoncé le 28 décembre la création d'un haut-commissariat à l'Enfance. (LUDOVIC MARIN / AFP)

C'est une tradition. Mais ce rendez-vous a, cette année, une tonalité un peu différente. Emmanuel Macron présente, mardi 31 décembre, ses vœux aux Français pour 2025 dans la traditionnelle allocution télévisée de la Saint-Sylvestre, dans l'espoir de tourner la page d'une année marquée par une dissolution ratée de l'Assemblée nationale. Depuis ce mois de juin, le président de la République n'est plus au centre du jeu politique.

Emmanuel Macron a perdu la main et il doit donc changer sa manière d'aborder l'exercice de ses vœux aux Français. Fini le temps où le président, après avoir défendu son bilan, donnait les grandes lignes des politiques publiques qu'il souhaitait mettre en œuvre dans l'année à venir : c'est désormais la tâche du gouvernement, nommé la veille de Noël. François Bayrou doit ainsi prononcer son discours de politique générale mi-janvier. 

Une posture de "garant"

La donne politique a changé : l'entourage d'Emmanuel Macron se plaît à répéter que "le gouvernement gouverne", et que "le Président préside". Au Premier ministre, donc, de doter la France d'un budget pour 2025 et de trouver des réponses concrètes à la colère des agriculteurs qui menacent de nouveau de bloquer Paris, ainsi qu'aux inquiétudes des Mahorais, des Calédoniens, des habitants des déserts médicaux, ou des ouvriers menacés de licenciement... Pour la première fois depuis sept ans, Emmanuel Macron, lui, n'est plus dans une "posture de gouvernant", décrypte le premier cercle : il est dans celle de "garant".

Emmanuel Macron, accusé d'avoir profondément déstabilisé les institutions de la Ve République en décidant de dissoudre l'Assemblée nationale, continue de penser que cette décision politique n'a pas créé la situation politique actuelle, mais qu'elle l'a seulement révélée. Quand trois camps s'opposent, lui estime être le point de stabilité : il l'a déjà dit dans son allocution après la censure du gouvernement Barnier. Et non, il n'entend pas démissionner.

Culture du compromis et unité

Mardi soir, Emmanuel Macron redira sans doute comment, selon lui, la crise peut être surmontée, pronostique un fidèle : il répétera qu'une culture du compromis doit s'installer dans le pays. Impossible pour lui de dire aux Français : "Je vous ai donné les clés du camion et vous l'avez jeté dans le fossé", grince un ami, qui mise toutefois sur un appel à la responsabilité, adressé, en fait, d'abord aux forces politiques. 

Le chef de l'Etat va sans doute appeler à l'unité également. Un classique... pour celui qui veut porter sur la scène internationale la voix d'une France et d'une Europe fortes dans un contexte mondial bousculé par les guerres, par la montée des populismes, par l'agressivité économique de la Chine et des Etats Unis, où Donald Trump prend le pouvoir dans moins d'un mois.

En 2025, Emmanuel Macron fera entrer au Panthéon l'historien et résistant Marc Bloch, auteur de L'étrange défaite, qui analyse les raisons de l'effondrement de la France face à l'Allemagne nazie, fusillé par la Gestapo en 1944. Et une chose est sûre, glisse un de ses plus proches conseillers : égal à lui-même, il ne compte "en rien céder à l'esprit de défaite".

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