Législatives : quand une candidate de La République en marche publiait des contenus anti-Macron sur Facebook
Investie dans la 9e circonscription de la Gironde, Sophie Mette n'a pas toujours été un grand soutien du nouveau président de la République. C'est depuis le rapprochement de ce dernier avec le patron du MoDem, dont elle est adhérente, que cette ex-conseillère régionale a vraiment "regardé le projet" d'Emmanuel Macron.
"Au début, c'est vrai, je n'étais pas à 100% convaincue." A peine investie par l'équipe de La République en marche, jeudi 11 mai, Sophie Mette est un peu embarrassée. Candidate aux législatives des 11 et 18 juin dans la 9e circonscription de la Gironde, elle n'est en effet pas une "marcheuse" de la première heure, comme le montrent certaines de ses publications Facebook, datées de novembre 2016 à février 2017. A l'époque, elle partageait sur le réseau social des articles plutôt critiques envers Emmanuel Macron, qui n'était alors pas le favori des sondages.
Sur ces posts Facebook, on peut voir des articles publiés par le site d'Europe 1, Russia Today ou celui de l'"éditorialiste politique" Charles Sannat. Ils dénoncent la proximité d'Emmanuel Macron avec le patron de presse Patrick Drahi et relaient la position de la CGT sur les fameux "bus Macron", issus de la loi du même nom.
Interrogée par franceinfo au lendemain de son investiture, Sophie Mette assume. Cette ex-conseillère régionale, encartée au MoDem, affirme avoir vraiment "regardé le projet d'Emmanuel Macron après l'alliance conclue avec François Bayrou". Pourtant, les accusations relayées sur son compte Facebook laissaient entendre de sérieux doutes sur la probité du nouveau président de la République ou sur ses actions lorsqu'il était encore à Bercy.
Si j'ai relayé certains articles à l'époque, c'était surtout pour dire aux gens qui me suivent : interrogez-vous. (...) Mais j'ai été rassurée depuis.
Sophie Mette, candidate La République en marcheà franceinfo
"J'ai été rassurée par l'accord de moralisation conclu avec François Bayrou, explique-t-elle. Emmanuel Macron a un nouveau regard sur la politique, avec l'accumulation des 'affaires', c'est quelque chose de très important."
Pourquoi se posait-elle des questions sur la pertinence des bus Macron ? Aujourd'hui, elle ne renie pas ses propos mais les nuance et tente de les contextualiser. "C'est vrai que ça permet de faire baisser le prix du transport, mais ça ajoute aussi des soucis car, après, on se plaint que la SNCF va mal." Et sur l'idée que Macron était favorisé par certains médias ? "Ça faisait partie des interrogations du moment. Il faisait beaucoup de presse, de couvertures... On pouvait s'interroger."
Guerre locale avec le PS
Ce ralliement tardif fait les affaires de l'un de ses opposants dans la circonscription, le député PS Gilles Savary. En découvrant les publications de Sophie Mette, déjà candidate à deux reprises sous l'étiquette MoDem, l'équipe du député pointe son "opportunisme". Côté socialiste, on ne digère pas le fait que La République en marche ait investi un candidat face à Gilles Savary, qui avait pourtant choisi de voter Emmanuel Macron dès le premier tour. "Il fallait bien des circonscriptions pour le MoDem, grince-t-on dans l'entourage du député PS. Mais bon, il fallait s'y attendre."
Ils sont à deux sur le même créneau... Du coup, le gagnant de la situation est La France insoumise.
Un proche de Gilles Savaryà franceinfo
La guerre s'annonce en effet rude dans cette circonscription où Jean-Luc Mélenchon a obtenu 22,73% des voix, juste derrière Emmanuel Macron (23,93%). Chez Gilles Savary, on a donc peur que la présence d'une candidate La République en marche ne profite au représentant de La France insoumise.
Sophie Mette affirme avoir conscience du problème, mais pense que cela concerne surtout son adversaire. "Gilles Savary a tendu la main à La République en marche, mais le mouvement a décidé de ne pas le retenir, avance-t-elle. Il a soutenu Emmanuel Macron mais se présente quand même avec l'étiquette PS... C'est plus lui qui est en difficulté."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.