Lutte contre l'islamisme : "la République n'a pas toujours été au rendez-vous de ses promesses", dit le secrétaire général du CIPDR
Alors que le gouvernement veut renforcer la lutte contre l’islamisme et le communautarisme, le président du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) a affirmé sur franceinfo qu'"On est une démocratie, on sanctionne non pas un mouvement, mais des comportements non respectueux des lois et règlements de la République."
La stratégie du nouveau Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) vise à "appliquer la loi et réincarner la promesse républicaine, redonner de la cohésion sociale", affirme vendredi 21 février sur franceinfo Frédéric Rose, secrétaire général du CIPDR, alors que le gouvernement veut renforcer la lutte contre l’islamisme et le communautarisme.
Vous étiez ce vendredi en Seine-Saint-Denis, quelle est la spécificité de ce département ?
Frédéric Rose : C'est un département assez extraordinaire, qui a un potentiel inhabituel. C'est un département très jeune avec des forts enjeux, et puis des questions liées à des formes de séparatisme, de repli communautaire. Ce n'est pas le seul territoire de France, puisque depuis février 2018, nous avons un travail concentré sur quinze territoires, sur lesquels nous travaillons déjà pour lutter contre ces phénomènes d'islamisme et de repli communautaire. On a une politique équilibrée et interministérielle, qui s'appuie d'abord sur la nécessité de restaurer la loi de la République. Partout sur le territoire, la loi doit s'appliquer et être appliquée. L'autre volet de cette stratégie, mise en place par le président de la République et le gouvernement, c'est de renouveler la promesse républicaine dans ces territoires. On le sait, parfois la République n'a pas toujours été au rendez-vous de ses promesses. On a des cas de discrimination, des personnes qui sont parfois oubliées. Notre stratégie porte sur ces deux aspects : appliquer la loi et réincarner la promesse républicaine, redonner de la cohésion sociale.
Comment se déroule concrètement votre travail sur le terrain ?
Cette stratégie part de signalements, de remontées de terrain, parfois de renseignements des services. Ils mettent en évidence que dans certains établissements, les comportements sont inadaptés, qu'on a des inquiétudes qui nous remontent. Par exemple, on peut avoir des établissements qui servent à accueillir des réunions de personnes suivies pour radicalisation, des établissements qui n'accueillent plus de femmes. La question de la discrimination est un point important. On peut avoir des établissements comme le cas de cette école fermée à Aulnay-sous-Bois, une école qui accueille cinquante enfants en très bas âge, entièrement clandestine, avec un enseignement pas du tout conforme aux valeurs de la République. Une école qui accueillait des petites filles entièrement voilées, où il n'y avait pas de sortie, où on avait des lectures de livres à plusieurs reprises interdites par les autorités. C'est ça les lieux où il y a cette volonté de repli et de séparatisme.
Vous, dans vos cellules, avec les acteurs de terrain, comment parvenez-vous à avoir un curseur de radicalité ?
On travaille avec tout le monde, avec les services de renseignement, les services de police, mais aussi avec les élus, avec les associations. Tout le monde est mobilisé pour faire remonter ces éléments. On travaille aussi avec la communauté musulmane, c'est un combat de l'ensemble de la nation. Il y a des personnes qui vivent leur religion comme n'importe quelle autre personne, dans le respect de la laïcité, qui ont une vie religieuse intime, personnelle. Nous ce qui nous importe, c'est d'agir sur ceux qui, au nom d'une conception dévoyée de l'islam, un islam fabriqué par certains, essaient d'imposer sur l'espace social et politique des règles qui leur sont propres. Les éléments qui nous remontent sont des faisceaux d'indices. Ensuite, les contrôles se font. La fermeture, si elle a lieu, a lieu en cas de non respect des lois et règlements de la République. On est une démocratie, on sanctionne non pas un mouvement, une doctrine politique, mais des comportements non respectueux des lois et règlements de la République.
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