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Réconciliation entre Paris et Rome : "Le couple franco-italien n'a jamais existé mais il est à construire"

Jean-Pierre Darnis, spécialiste des relations entre la France et l'Italie, estime que l'interwiew d'Emmanuel Macron à la télévision italienne était une initiative risquée mais qu'elle a finalement été bien perçue en Italie.

Article rédigé par franceinfo
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Le président de la République Emmanuel Macron et son homologue italien Sergio Mattarella en janvier 2018.  (VINCENZO PINTO / AFP)

Le président de la République Emmanuel Macron, a tenté une réconciliation en s'exprimant à la télévision italienne dimanche 3 mars après les tensions diplomatiques entre les deux pays. Le président français a accordé un entretien de 30 minutes à la Rai Uno, la première chaîne de télévision publique transalpine. Dans l'émission italienne "Che tempo che fa", il a notamment annoncé qu'il avait invité le président italien Sergio Mattarella en France pour le 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci le 2 mai 2019.

"Le couple franco-italien n'a jamais existé mais il est à construire", estime Jean-Pierre Darnis, maître de conférences à l'université de Nice Sophia-Antipolis, responsable du master "relations franco-italiennes", invité de France Info lundi 4 mars.

franceinfo : Est-ce que cette interview à la Rai est étonnante ? Il fallait ce geste pour relancer la relation franco-italienne ?

Jean-Pierre Darnis : Etonnante non. On peut dire que ce n'était pas une interview qui se faisait dans un contexte facile, tout d'abord parce que c'est une initiative individuelle de la part du producteur-animateur de la chaîne qui l'a interviewé, Fabio Fazio. La direction de la Rai n'était pas du tout contente, on s'est même demandé si elle n'allait pas le punir pour ça. Ensuite, c'était un discours très culturel, très dense et assez risqué vu les oppositions italiennes vis-à-vis de la France. Mais il a plutôt été bien reçu : aujourd'hui dans la presse italienne ou dans la presse régionale, sur les radios, les commentaires sont assez neutres et tout cela, je pense que ce n'est pas négatif. Après, il faudra d'autres gestes, puisque les problèmes sont beaucoup plus structurels, mais ce geste aurait pu être pris comme une intromission dans le débat politique interne, or Emmanuel Macron est resté sur un discours très amical, culturel, un discours politique aussi mais il n'a pas prêté le flanc à d'éventuelles attaques, je dirais que ça s'est plutôt bien passé.

Emmanuel Macron a souligné le manque de solidarité avec l'Italie sur la crise migratoire, est-ce que cela va plaire à Matteo Salvini ?

Emmanuel Macron a surtout souligné un fait important : que l'immigration est un problème pour la politique interne italienne comme ça l'est aussi pour la politique interne française, c'était peut-être une chose que les Italiens avaient du mal à saisir. Mais ce n'est pas cet aspect sur l'immigration qui a été le plus entendu, c'est plutôt la partie culturelle, les anecdotes. Emmanuel Macron a insisté sur le rôle de Sergio Mattarella pour l'anniversaire du décès de Leonard de Vinci qu’ils vont célébrer ensemble, ça a été repris par tout le monde, je pense que c'est un message amical qui est bien passé.

Emmanuel Macron a aussi dit : "il n'y a pas d'aventure européenne s'il n'y a pas d'amitié entre nos deux pays". On parle souvent du couple "franco-allemand", est ce que le couple franco-italien est important pour l'Europe ?

Le couple franco-allemand est fondamental, le couple franco-italien n'a jamais existé, il n'existe pas, alors qu'il était revendiqué par exemple sous la présidence de François Mitterrand dans les années 1980. Mais il est à construire, et c'est sûr qu'après le Brexit, dans un moment où les périls s'accumulent à l'intérieur comme à l'extérieur, rajouter du liant serait de bon aloi. Il y a eu ou il y a encore un projet de traité bilatéral, le traité du Quirinal, sur le modèle franco-allemand qui est tombé dans l'oubli avec cette nouvelle majorité politique italienne qui s'oppose à la France, mais il pourrait fournir une solution car on aurait besoin de rapports bilatéraux plus forts.

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