Remaniement : quels sont les profils "très politiques" recherchés par Elisabeth Borne pour les nouveaux ministres ?
Selon les informations de franceinfo, le remaniement gouvernemental est prévu en début de semaine prochaine, deux semaines après le second tour des élections législatives. Et l'exécutif a une idée très précise du profil des candidats.
Week-end studieux à l’Elysée. Après un premier rendez-vous vendredi 1er juillet entre le Président et la Première ministre, le travail continue. Objectif : composer un nouveau gouvernement dès lundi. Pour cette nouvelle équipe, Elisabeth Borne et Emmanuel Macron cherchent des recrues expérimentées.
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"Un remaniement, ce n’est pas un coup politique, c’est un recrutement", assure ainsi un poids-lourd du gouvernement, qui pense que "de toute façon, ce remaniement ne changera pas la donne politique actuelle". Premier constat donc, l’idée d’une coalition est enterrée : les oppositions resteront dans l’opposition. Et l’exécutif se prépare à batailler sur chaque texte.
Les législatives ont laissé des traces
Elisabeth Borne l’a très vite compris : en une semaine, le groupe LR, le seul susceptible de jouer vraiment les forces d’appoint, n’a pas bougé d’un pouce. Trop de Républicains "Macron-compatibles" ont été maltraités lors des investitures de la majorité pour les élections législatives, alors qu’ils ont finalement gagné, déplore un poids-lourd du gouvernement. Pour lui, après avoir déclenché en pure perte des candidatures hostiles, "il faut maintenant laisser passer du temps".
Alors, va donc pour la négociation texte par texte. Ce qui impliquera d’être capable de construire très en amont des compromis. Cela appelle une certaine sobriété législative : "Des textes plus ramassés permettra d’en relever le niveau pour en faire de vrais objets politiques", juge un pilier de l’exécutif, qui souligne que, par ailleurs, tout ne passe pas par le législatif et que sur certains dossiers, des textes réglementaires permettent aussi d’avancer.
Des profils de diplomates
"Les lois ne seront plus écrites par des conseillers techniques en réunion interministérielle, elles se feront à la buvette de l’Assemblée", plaisante un ministre de premier plan. "Aujourd’hui, aucun nom n’est à même de faire bouger une seule voix lors des votes au Parlement", renchérit un de ses collègues. D’où la nécessité de recruter des ministres aguerris aux arcanes parlementaires dans la nouvelle équipe gouvernementale, confirme un source au cœur de l’exécutif. Mot d’ordre donc : du sérieux et de l’efficace. Fiche de poste proposée : être un excellent spécialiste de son secteur, être très politique et un bon connaisseur des arcanes parlementaires, capable de discuter avec les oppositions.
"Les députés peuvent donc faire de bon candidats", juge également une source au cœur du pouvoir. Le temps que leurs suppléants aient le droit de siéger, cela privera encore la majorité de quelques sièges, mais selon ce pilier de l’exécutif, "l’adoption des textes ne se jouera pas à cela".
Le plus important est de trouver des profils capables de négocier, de bâtir des compromis, avant même la sortie des textes en Conseil des ministres, assure-t-il. Des habitués du jeu parlementaire, des hommes et des femmes de l’ombre, plus que des noms clinquants ? "Attention aux débauchages flatteurs, qui font bien dans les médias et parlent à l’opinion mais braquent leurs anciens amis dans l’hémicycle", tranche un très proche d’Emmanuel Macron. Exit, donc, a priori les nominations "paillettes" destinée à provoquer un effet "whaou".
Un remaniement plus large que prévu ?
Reste, enfin, le timing : le nouveau gouvernement sera-t-il nommé avant que le discours de politique générale prévu mercredi prochain devant les députés ? Techniquement, ce n’est pas une obligation. Même si du côté de Matignon, on reconnaît que bien sûr ce serait préférable : plus cohérent, plus logique, plus lisible.
Selon les informations de franceinfo, la Première ministre souhaite aller au-delà des quatre nominations nécessaires pour remplacer les trois ministres battues aux législatives, ainsi que Yaël Braun-Pivet qui a démissionné de son poste de ministre des Outre-mer pour présider l’Assemblée. Elisabeth Borne compte donc reparler avec Emmanuel Macron du cas Damien Abad, le ministre des Solidarités accusé de viol par trois femmes. Le parquet de Paris vient d’ouvrir une enquête après la dernière plainte.
Elle veut enfin pourvoir les postes qui manquent toujours : Logement, Transports, Artisanat et PME, Numérique, Industrie. Autant de secteurs qui ne peuvent plus, à ses yeux, rester sans interlocuteurs, confie un très proche. Tout cela dans une idée d'un gouvernement loin d'être pléthorique, composé d'une trentaine de postes. Des annonces pourraient apparaître dès dimanche 3 juillet au soir, et plus probablement lundi 4.
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