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Trois questions sur la promotion de 25 harkis dans l'ordre de la Légion d'honneur et l'ordre du Mérite

Cette promotion intervient à quelques jours de la Journée nationale d'hommage aux harkis, le 25 septembre. La communauté harkie, qui a soutenu Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle, demande des réparations à la hauteur du préjudice subi à la fin de la guerre d'Algérie.

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron, le 19 septembre 2018 à Paris. (LUDOVIC MARIN / POOL)

Le symbole est fort. Jeudi 20 septembre, Emmanuel Macron a promu d'anciens combattants harkis et des représentants d'associations de harkis dans les ordres de la Légion d'honneur et du Mérite. Le décret est paru au Journal officiel vendredi 21 septembre, à quelques jours de la Journée nationale d'hommage à ces anciens supplétifs de l'armée française pendant la guerre d'Algérie.

1Qui sont les harkis promus ?

Six anciens combattants harkis et la cofondatrice d'une association de harkis deviennent chevaliers de la Légion d'honneur. Quatre personnes ont été élevées au grade d'officier de l'ordre national du Mérite. Quinze autres personnes ont été promues au grade de chevalier du même ordre, majoritairement représentantes d'associations ou de fédération.

A la fin de la guerre d'Algérie (1954-1962), quelque 60 000 des Algériens recrutés comme auxiliaires de l'armée française avaient été admis en France après les accords de paix. Les autres, entre 55 000 et 75 000 selon les historiens, avaient été abandonnés : ils connurent de sanglantes représailles de la part des nationalistes, qui les considéraient comme des traîtres.

2Pourquoi maintenant ?

Cette promotion intervient à quelques jours de la Journée nationale d'hommage aux harkis, le 25 septembre, au cours de laquelle des annonces du président de la République sont attendues. Elle s'inscrit dans la suite d'une réflexion engagée depuis plusieurs mois. En juillet, un groupe de travail, lancé à l'initiative du chef de l'Etat, avait préconisé de créer un "fonds de réparation et de solidarité" de 40 millions d'euros pour les harkis et leurs enfants. Mais ce montant est très loin des attentes des associations.

La décision arrive également quelques jours après un pas de plus dans le travail de mémoire sur la guerre d'Algérie, franchi par Emmanuel Macron. Jeudi 13 septembre, le chef de l'Etat a reconnu "la responsabilité de l'Etat dans la disparition" de Maurice Audin, un mathématicien communiste militant de l'indépendance de l'Algérie, torturé par l'armée française et disparu en 1957.

3Que réclame la communauté harkie à l'Etat ?

La communauté harkie avait appelé le chef de l'Etat, début septembre, à lui accorder des réparations à la hauteur du préjudice subi à la fin de la guerre d'Algérie. Elle rappelait le soutien qu'elle lui a apporté en 2017 et menace de porter plainte contre la France pour crimes contre l'humanité. "La seconde génération ne sera pas aussi docile que la première, elle se battra jusqu’au bout tant que le dossier harki n’aura pas été réglé de manière juste et digne", expliquait Mohamed Badi, porte-parole du Comité national de liaison des harkis (CNLH).

"Notre combat, pour être franc, c'est une vraie reconnaissance et une vraie réparation, a réagi vendredi Boaza Gasmi, président du CNLH, sur franceinfo. Les décorations, ce n'est pas ce qui va enlever la souffrance des harkis. Il aurait fallu que, dès le départ, les harkis soient insérés dans la vie sociale, de façon qu'ils puissent réussir, comme leurs enfants et leurs petits-enfants. Malheureusement, cela n'a pas été le cas et la souffrance est sur trois ou quatre générations."

Nous méritons plus qu'une Légion d'honneur. Nous méritons les pardons de la Nation.

Boaza Gasmi, président du Comité national de liaison des harkis

à franceinfo

Le CNLH avait déjà réitéré sa volonté de se battre "jusqu'au bout" et d'aller plaider sa cause devant les tribunaux internationaux s'il n'obtenait pas satisfaction auprès de l'Etat. Le CNLH a aussi réclamé "une véritable loi qui reconnaisse que la France de l’époque a volontairement abandonné la communauté harkie" en Algérie en 1962, alors que le groupe d’experts préconise une simple résolution parlementaire.

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