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Une possible "conférence sociale", la gauche "déçue"… Ce qu'il faut retenir des douze heures de rencontre entre Emmanuel Macron et les partis

Le président de la République a réuni à huis clos les chefs des partis pour une rencontre qui s'est terminée au milieu de la nuit. Le principe d'un nouveau rendez-vous de ce type a été acté.
Article rédigé par Margaux Duguet - avec Paul Barcelone
France Télévisions
Publié
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Manuel Bompard (LFI), Olivier Faure (PS) et Marine Tondelier (EELV) à la sortie de la rencontre entre Emmanuel Macron et les chefs de parti, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le 31 août 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Une nuit qui n'en finit plus. La rencontre entre Emmanuel Macron et les chefs de parti devait se conclure sur les coups de 22 heures. Les participants se sont finalement quittés vers 3 heures du matin, jeudi 31 août. Réunis à la maison d'éducation de la Légion d'honneur de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le président de la République, accompagné de son gouvernement et des présidents du Parlement, et les leaders des partis ont acté le principe d'une nouvelle rencontre sur le modèle de celle-ci. Ces douze heures de discussions à huis clos – les journalistes étant tenus à bonne distance et les portables interdits – sur la situation internationale, les institutions et la "cohésion de la Nation" après les émeutes du début de l'été ont débouché sur quelques avancées concrètes, sans que cela soit salué par l'opposition. Franceinfo vous résume ce qu'il faut retenir de cette "rencontre de Saint-Denis".

L'Elysée se félicite d'"un grand moment politique"

A la fin du sommet, Emmanuel Macron a fait savoir qu'il souhaitait à nouveau réunir les onze chefs des partis disposant d'un groupe au Parlement "sous le même format, dans les mêmes conditions", a appris franceinfo auprès de l'entourage du chef de l'Etat. Le président a également ouvert la porte à une possible conférence sociale sur les salaires, demandée de longue date par la gauche, portant "sur les carrières et les branches situées sous le salaire minimum". Au printemps dernier et après la longue séquence sur la réforme des retraites, la Première ministre avait déjà laissé entendre qu'elle aspirait à remettre tout le monde autour de la table à l'occasion d'une grande conférence sociale. A en croire François Bayrou, Emmanuel Macron a aussi "accepté une grande conférence démocratique sur nos institutions, sur le mode de scrutin". "Il a même dit que cela serait sous ce format", a assuré le leader du MoDem sur LCI.

Quant à l'idée de l'organisation d'un "préférendum", sorte de référendum à questions multiples, évoquée lundi par le porte-parole du gouvernement, elle semble avoir été balayée par le chef de l'Etat. "Le président nous a indiqué qu'il ne savait pas ce qu'était un préférendum, que ça n'existait pas et que c'était l'idée d'Olivier Véran. Ça ne semble pas d'actualité", a déclaré le patron des Républicains, Eric Ciotti, interrogé jeudi sur France 2.

L'Elysée affiche de son côté sa satisfaction et salue auprès de l'AFP "un grand moment politique, un grand moment d'unité, de reconnaissance et de responsabilité", estimant que la "main tendue" d'Emmanuel Macron a été "fructueuse" au regard de la durée des échanges. Invité de franceinfo jeudi, le porte-parole du gouvernement a salué avec emphase la rencontre.

"L'exercice en soi était inédit. On ne peut pas lui reprocher de ne pas tout essayer ! Pour la suite, on verra", glisse encore un ministre à franceinfo. Un courrier signé de la main du chef de l’Etat arrivera dans la boîte aux lettres des participants pour synthétiser cette rencontre, et un séminaire gouvernemental de suivi se tiendra le 6 septembre.

La gauche se dit "déçue" d'un exercice "assez grotesque"

Arrivés ensemble à quatre en début d'après-midi, les chefs de la Nupes n'étaient plus que trois devant les caméras à la sortie de la réunion, en l'absence du numéro un communiste, Fabien Roussel.

"On est venus, on a vu et on a été déçus", a dit la cheffe des écologistes Marie Tondelier, tandis que Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, lâchait à ses côtés avoir eu "l'impression de vivre 12 heures sur la planète Mars", face à un interlocuteur qui n'est pas "prêt à entendre" les propositions de la gauche, notamment sur un blocage des prix ou une hausse des salaires. Invité de franceinfo jeudi matin, le député LFI a enfoncé le clou : "Passer 12 heures pour n'avoir aucune réponse sérieuse, aucune mesure, aucune annonce concrète, quand on sait les difficultés auxquelles est confronté le pays aujourd'hui, je trouve ça assez grotesque."

"On est loin du grand soir", a renchéri le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, décrivant un président de la République qui "s'est engouffré dans les propositions de la droite". Seul point positif à ses yeux, l'engagement présidentiel sur une "conférence salariale". Les leaders de gauche ont également assuré que le président avait opposé une fin de non-recevoir à la tenue d'un référendum sur la réforme des retraites.

La droite et l'extrême droite sont dans l'expectative

Premier à se présenter devant les médias à l'issue de cette réunion, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a évoqué des débats "francs", mais s'est dit "dans l'incapacité" de préciser sur quoi ils déboucheraient. "Il n'y a pas de conclusion pour l'instant", a-t-il lâché. Le dirigeant du parti d'extrême droite a assuré avoir dit à Emmanuel Macron "que la réforme des retraites avait évidemment créé un fossé entre lui et les Français" et qu'un référendum sur l'immigration, qu'il réclame, était la "seule mesure efficace".

A droite, le patron des Républicains, Eric Ciotti, a jugé sur France 2 l'exercice "opportun" mais s'est interrogé lui aussi sur sa finalité : "Au pire, il ne se passera rien. Au mieux, quelques propositions vont prospérer, celles que j'ai portées. (…) On n'a pas eu vraiment de positions très arrêtées de la part du président de la République." Le président de LR a aussi affirmé qu'Emmanuel Macron avait "accédé" à sa demande de "relancer l'Union pour la Méditerranée". Sur ce sujet comme sur le référendum concernant l'immigration que réclame son parti, le chef de l'Etat "doit revenir vers nous", a-t-il dit.

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