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Vidéo Violences : les agressions physiques sont "à un niveau bas, ce qui augmente ce sont les violences sans contact", explique une sociologue

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Article rédigé par franceinfo
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"Regard de travers, injures, insultes, menaces" sont en augmentation, mais on est dans "l'incident", le "court terme". "Ça ne reflète pas le quotidien des Français", assure la chercheuse Renée Zauberman.

Les agressions physiques demeurent "à un niveau bas, ce qui augmente, ce sont les violences sans contact", a relativisé jeudi 25 mai sur franceinfo Renée Zauberman, sociologue, dont les travaux portent sur la mesure de la délinquance et de l’insécurité en France, directrice de recherches émérite au CNRS. Elle revient sur les propos "politiques" d'Emmanuel Macron en Conseil des ministres qui a alerté sur une "décivilisation" de la société, et a insisté sur les violences en France de ces derniers jours et les agressions et menaces contre des élus. Une vision "à court terme", selon la sociologue.

franceinfo : Que pensez-vous de ce terme ?

C'est difficile de ne pas faire de ce terme, un terme politique. Les débats sur la délinquance en général et sur la violence en particulier sont sur un objet qui est éminemment politique, et qui a le désavantage, comme le monde politique, de travailler sur le très court terme. Or, la science sociale cherche des observations sur le plus long terme avec tout ce qu'elle peut trouver de données par le biais d'enquêtes auprès de la population, de sondages, qui sont utilisées en contrepoint des données de la police.

Qu'en est-il du niveau de violence en France ? Est-il en augmentation ?

À l'échelle nationale, la violence physique demeure à un niveau globalement bas avec des zones qui échappent à ce diagnostic. Cela veut dire que les homicides sont stables, ils sont à un niveau extrêmement faible, qui est le niveau européen autour de un à deux sur 100 000 habitants, alors qu'en Amérique du Sud, on est sur des taux autour de 50 pour 100 000 habitants. Les coups et blessures volontaires sont aussi très stables. Ce qui augmente, ce sont les violences sans contact, tout ce qui est regard de travers, injures, insultes, menaces, rugosité de la vie quotidienne. Là, on se trouve à un niveau bien plus élevé puisqu'on est, sur deux ans, autour de 14 et 16% de la population qui dit avoir été victime de ce genre de violence.

Comment expliquez-vous alors que la classe politique parle d'augmentation de la violence ?

Si on croise ce sentiment d'avoir été victime de violences sans contact avec tout le discours public qui s'installe à travers les différentes sortes de médias autour d'incidents qui peuvent être graves dans des zones bien délimitées, on peut effectivement faire passer l'idée que la France est un pays de plus en plus violent.

"Il faut faire la différence entre ce qui se passe au quotidien et des choses sérieuses et graves qui peuvent choquer."

Renée Zauberman, sociologue

à franceinfo

Elles sont localisées et elles ne rendent pas compte de l'état général de la délinquance, notamment de la délinquance violente en France.

Quel est l'impact des réseaux sociaux, des médias et des politiques ?

Ils réagissent sur le moment. C'est le court terme. La vie politique est à court terme, la vie des médias est de plus en plus à court terme avec les chaînes d'info en continu, quant aux réseaux sociaux, ils réagissent à la minute. Quand on est dans le court terme, on attrape l'incident grave qui vient de se passer, les violences entre trafiquants de drogue avec des morts très jeunes, qui sont choquantes, mais qui ne sont pas le quotidien des Français.

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