Entre consultations, polémique et déplacements, la délicate composition du gouvernement de François Bayrou
Lundi soir, François Bayrou expliquait depuis Pau que son "échéancier" était de former un gouvernement cette semaine, "mais il faut que le Président soit là", ajoutait-il. Une pique adressée à Emmanuel Macron qui enchaîne un déplacement à Lyon mardi après-midi, un sommet et un Conseil européen mardi et mercredi, avant de partir ce week-end à Djibouti pour fêter le Noël des troupes en opération extérieure, puis il devrait se rendre en Ethiopie. À ce programme déjà chargé s'ajoute désormais une étape indispensable à Mayotte.
Face à ces critiques, le président a pris du temps pour recevoir le Premier ministre dans son bureau à la mi-journée pour lui demander de présenter un début d'architecture gouvernementale. François Bayrou veut aller vite, mais l'urgence de la crise à Mayotte conjuguée à la complexité des négociations avec les groupes politiques, et aux échanges avec l'Elysée, compliquent les choses, assuraient lundi plusieurs conseillers du pouvoir.
De fait, l'entourage de Laurent Wauquiez fait déjà savoir à franceinfo que rien n'est gagné, et Les Républicains demandent déjà un nouveau rendez-vous. Le Premier ministre voyait ce matin, ses amis du Modem et Les Ecologistes. Il doit encore recevoir les parlementaires d'Horizons, les indépendants de Liot, les communistes, et Eric Ciotti - désormais allié de Marine Le Pen -. Quand beaucoup craignaient de ne rien voir venir avant janvier, certains parient désormais sur des nominations dès ce vendredi.
Le choix critiqué de rester maire de Pau
En attendant, François Bayrou se présente seul à l'Assemblée pour répondre aux questions des députés, alors que son installation à Matignon a provoqué des interrogations. Dans ce contexte, son choix de se rendre, en guise de tout premier déplacement, chez lui à Pau, peut sembler étonnant. Lundi soir, il a en effet présidé le conseil municipal tandis qu'une réunion de crise se tenait sur Mayotte. Lui à distance pendant que le président reprenait la main..… "C'est l'inverse qu'il fallait faire. Être présent pour gérer l'urgence, se connecter à Pau en visio", souffle un communicant. À moins d'assumer le partage des rôles, ce qui n'a pas non plus été fait.
Choix d'autant plus critiqué que le Palois, décidé à garder son mandat de maire (ce qui est légal) en a profité pour faire une volte-face : défendre le cumul des mandats pour les parlementaires. C'est une rupture avec sa ligne politique historique pour envoyer un signal à la droite, mais qui sème le trouble chez ceux qui devaient être les premiers à le soutenir, dont les macronistes. Certains n'hésitent pas à parler de faute politique.
François Bayrou ne prononcera pas son discours de politique générale avant le 14 janvier, annonce aujourd'hui son entourage. Le nouveau Premier ministre n'a pas non plus fait d'apparition dans un 20h, une autre case que ses prédécesseurs ont pris l'habitude de cocher. Les questions des députés sont sa première vraie occasion de s'adresser aux Français.
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