Entretien avec Camille Bedin (UMP), auteure de "Pourquoi les banlieues sont de droite ?"
Vendredi 16 mars, Nicolas Sarkozy est à Meaux, en banlieue parisienne. Peut-il prendre des voix dans les quartiers populaires ? Réponse avec Camille Bedin (UMP), chargée de l'égalité des chances, auteure de "Pourquoi les banlieues sont de droite".
Camille Bedin est secrétaire nationale de l'UMP, chargée de l'égalité des chances. A 26 ans, cette militante à Nanterre, en banlieue parisienne, a crée deux associations d'aide aux jeunes des quartiers. Elle publie un livre au titre volontairement provocateur: "Pourquoi les banlieues sont de droite ?"
Pourquoi les banlieues sont de droite ? Vous n'exagérez pas un peu dans votre titre ?
Camille Bedin : C'est un ressenti de mon expérience sur le terrain. Les valeurs des habitants des quartiers sont de droite. Il y a un attachement à la réussite individuelle. La moitié des jeunes des quartiers veut créer son entreprise. Il y a un rejet de l'Etat-Providence comme le prône la gauche. Ils veulent gagner de l'argent. Leur ennemi c'est tout sauf le monde de la finance. Voilà pour le versant libéral.
Et puis il y a un versant conservateur. L'héritage de la famille, la transmission voire la religion sont aussi des valeurs fondatrices. C'est le contraire de la mentalité de la gauche qui dit qu'il faut faire table rase du passé.
Comment expliquez-vous alors que la gauche soit largement majoritaire en banlieue ? Profitera-t-elle du droit de vote des étrangers aux élections locales ?
Ils votent à gauche par tradition. Il y a une habitude du vote à gauche chez leurs parents issue de l'héritage de la ceinture rouge en banlieue.
Et puis il y a un préjugé auquel je suis régulièrement confrontée. Ils me disent souvent : comment toi qui fais du social, c'est bizarre que tu sois de droite. Pour eux, gauche = social et défense de l'immigré.
Le droit de vote des étrangers n'est pas une préoccupation cruciale des quartiers. Ils veulent être traités comme des citoyens à part entière. Ils veulent que la situation s'améliore, le droit de vote des étrangers n'est pas une priorité pour eux. La gauche se trompe. C'est une idée des bobos du centre ville.
Qu'est ce que vous attendez de la venue de Nicolas Sarkozy à Meaux?
J'attends qu'il mette en avant tout ce qu'on a fait depuis cinq ans dans les banlieues. On a besoin de visibilité de notre action. Il faut qu'il redise tout ce qu'on a fait en matière d'éducation et sur la promotion des talents des cités qui n'est pas assez valorisée.
Redire qu'on ne pense pas aux habitants comme à des assistés, même si on ne va pas tout résoudre en quelques semaines.
Et puis, maintenant il faut davantage parler des gens qui habitent dans ces quartiers et pas seulement du bâti et de la rénovation urbaine.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.