Présidentielle 2022 : du FN à LR en passant par le MPF, le parcours "virevoltant" de Guillaume Peltier, nouveau porte-parole d'Eric Zemmour
Ancien numéro 2 de LR, Guillaume Peltier a annoncé dimanche rallier le candidat d'extrême droite à la présidentielle Eric Zemmour. Il s'était lancé en politique au Front national de la jeunesse, en 1996.
Vice-président du parti Les Républicains il y a un mois encore, aujourd'hui porte-parole d'Éric Zemmour pour la présidentielle 2022 : Guillaume Peltier, député du Loir-et-Cher, a annoncé dimanche 9 janvier son ralliement à l'ancien polémiste. "J'ai pris la décision de soutenir le seul candidat de la droite, le seul candidat fidèle aux valeurs du RPR", explique-t-il sur la chaîne Cnews. C'est une demi surprise, compte tenu de sa proximité déjà affichée avec Éric Zemmour. Florence Portelli, porte-parole de Valérie Pécresse, indique dimanche sur franceinfo que c'est "un non-événement".
Pour Florence Portelli, Guillaume Peltier a "un parcours assez clair, biberonné au Front national de Jean-Marie Le Pen, puis chez Bruno Mégret", et lui qui était membre de l'UMP puis des Républicains depuis 2009 porte "les marques de l'extrême droite". Après avoir adhéré en 1996 au Front national de la jeunesse, Guillaume Peltier quitte le FN en 1998 après la scission entre Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret. Il choisit de suivre ce dernier au Mouvement national républicain (MNR) et au Mouvement national de la jeunesse, en 1998. Puis il rejoint le Mouvement pour la France (MPF), le parti de Philippe de Villiers, en 2001, et il devient le porte-parole du souverainiste pour la campagne présidentielle de 2005. En 2009, il saute le pas et adhère à l'UMP. Après avoir obtenu l'investiture du parti de droite aux législatives de 2012, il entre dans l'équipe des porte-paroles de Nicolas Sarkozy, candidat à la présidentielle.
Marine Le Pen "pas étonnée"
Le ralliement de Guillaume Peltier à Éric Zemmour n'est pas tout à fait une surprise, mais c'est quand même un peu plus que le "non-événement' décrit par Florence Portelli. Ou même que l'éclat de rire de Marine Le Pen à l'annonce du ralliement. "Ça ne m'étonne pas, a-t-elle réagi lorsqu'elle a appris la nouvelle. Il aura fait tous les mouvements politiques, notre ami Guillaume !"
En fait, il s'agit d'un renfort politique de poids pour Éric Zemmour. Lors du meeting de Villepinte début décembre, Guillaume Peltier s'était déjà demandé dans un tweet "comment rester insensible" au discours d'Éric Zemmour.
Comment rester insensible au discours pour la France d’@ZemmourÉric ? Avec mon ami @ECiotti, je persiste et je signe.
— Guillaume Peltier (@G_Peltier) December 5, 2021
Un seul adversaire, Emmanuel Macron ; un seul objectif, réparer la France ; un seul moyen, unir tous les électeurs de droite, avec @lesRepublicains.#Villepinte pic.twitter.com/y5CtnzKpXv
Un tweet qui lui avait valu d'être débarqué de la direction des Républicains, mais il n'avait pas été exclu. Avant cela, en juillet dernier, le patron LR Christian Jacob avait annoncé sa décision de retirer à Guillaume Peltier son titre de vice-président délégué du parti, après des prises de position qui avaient "fragilisé" le mouvement. Guillaume Peltier avait affirmé sa proximité avec le maire de Béziers Robert Ménard, élu en 2014 avec le soutien du FN.
"Une faute lourde", selon Éric Ciotti
"Il ne sait plus à quoi se raccrocher, insiste la porte-parole de Valérie Pécresse, Florence Portelli, il a beaucoup virevolté. C'était quelqu'un qui vient de l'extrême droite et qui y retourne." A ce jour, Guillaume Peltier est encore député LR du Loir-et-Cher, vice-président du groupe à l'Assemblée nationale. Et il représente une voix qui compte. Éric Ciotti, pour lequel il avait appelé à voter lors du congrès du 2 décembre, se dit aujourd'hui déçu. "Il commet une lourde faute", estime-t-il. Pour expliquer son ralliement, Peltier assure avoir pris sa décision "au nom des 40% des adhérents Les Républicains qui ont voté comme moi pour Éric Ciotti".
Alors que la candidature d'Éric Zemmour apparaît un peu isolée, c'est un soutien qui peut compter davantage que celui de Frédéric Poisson ou même de Philippe de Villiers. Guillaume Peltier va être nommé porte-parole d'Éric Zemmour. Et ce renfort intervient à un moment où Éric Zemmour, dans les sondages, fait du surplace, voire perd du terrain au profit de Marine Le Pen et de Valérie Pécresse, dans notre enquête Ipsos Sopra Steria pour franceinfo et Le Parisien-Aujourd'hui en France. Il se classe seulement quatrième en termes d'intentions de vote au premier tour avec 12%. Il était encore à 14% en décembre.
"Un acte transgressif"
Alors qu'Éric Zemmour rencontre aussi des difficultés pour obtenir ses 500 parrainages, cette prise de position de Guillaume Peltier pourrait également renforcer sa dynamique et sa crédibilité. C'est important auprès des élus.
Reste à savoir si ce soutien est le début d'un mouvement d'hémorragie à LR, si Éric Zemmour peut parvenir concrètement à l'union des droites, à élargir son parti baptisé Reconquête aux déçus de LR et à ceux qui trouvent que Valérie Pécresse tend trop la main aux centristes. Si Julien Aubert, député LR du Vaucluse, estime que "quitter sa famille politique" est toujours "un acte transgressif", il tient à fixer des limites à cette transgression : pas touche à l'héritage gaulliste. En annonçant son ralliement, Guillaume Peltier s'est réclamé du RPR. "Je rappelle que ni Éric Zemmour ni Guillaume Peltier n'ont été au RPR", lui répond Julien Aubert. "C'est embêtant, car tout ça donne l'impression que tout ça n'est que du théâtre et que les gens n'ont pas de convictions."
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