Cet article date de plus d'onze ans.

Estrosi propose un "mode d'emploi" pour "mater" les gens du voyage

Attaque en règle du maire de Nice contre les Roms. Christian Estrosi a appelé dimanche matin les maires de France à "mater" ceux qui occupent des terrains illégalement. Le ministère de l'Intérieur a appelé à "faire attention aux amalgames". Des associations de gens du voyage ont elle dénoncé lundi des propos "xénophobes".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Maxppp)

Christian
Estrosi y va franchement. Dans une interview accordée à nos confrères d'Europe
1/i-télé/Le Parisien
 dimanche, le maire de Nice a tenu des propos radicaux sur les Roms qui
sont installés dans sa ville. "J'en ai maté d'autres, je vous materai ", prévient-il.

"La première chose que je fais, c'est vous mettre des caméras partout pour surveiller vos faits et gestes dans les quelques heures qui viennent ", leur aurait-il dit. "On va noter ceux qui rentrent, ceux qui sortent, à quelle minute, à quel moment et ce que vous allez faire partout, partout dans la ville, dans la métropole, etc. Je vais relever les plaques d'immatriculations les unes après les autres ".

"J'appelle les maires
de France à la révolte et à utiliser le mode d'emploi qui est le mien"
(Christian Estrosi)

Christian estrosi propose un "mode d'emploi " aux autres maires de France pour "mater " les gens du voyage qui squattent illégalement les terrains. Le maire de Nice compte
envoyer ce "mode d'emploi à tous les maires de France pour qu'ils sachent
pendant tout l'été quels moyens utiliser face à un pouvoir socialiste qui ne
les accompagne pas
".

Ces propos interviennent quelques jours après ceux de
Jean-Marie Le Pen. A Nice, l'ancien
président du FN avait déclaré : "Vous avez quelques soucis,
paraît-il, avec quelques centaines de Roms qui ont dans la ville une présence
urticante et disons... odorante
".

Christian Estrosi appelle à des "pogroms" (PS)

Première réaction, celle
d'Eduardo Rihan Cypel, porte-parole du PS : "Ce sont des propos
invraisemblables : Christian Estrosi appelle carrément à des pogroms. On a
l'impression d'avoir un milicien et non pas un élu de la République qui
s'exprime
".

"Ce que fait Monsieur Estrosi, ce n'est pas républicain" (Eric Coquerel, Parti de gauche)

"Mais qu'est-ce
qu'il va faire ? Il va prendre une batte de baseball et régler le compte des
gens ? Un élu de la République doit régler les problèmes sans tomber dans le
populisme et les amalgames
", s'est indigné Eduardo Rihan Cypel.

Le ministre délégué à la Ville, François Lamy, a qualifié lundi de "propos imbéciles et dangereux " les déclarations de Christian Estrosi. "Il oppose les gens du voyage aux Français (...) Il oublie que les gens du voyage sont en très grande majorité des Français (...) Il jette le discrédit sur l'ensemble d'une communauté ", a-t-il critiqué.

Des propos qui déshonorent "la République dans son ensemble "

Des associations de gens du voyage ont elle dénoncé lundi des propos "xénophobes ". Pour Alain Daumas, président de l'Union française des associations tsiganes, par de tels propos, "on déshonore la République dans son ensemble, on entache notre drapeau tricolore d'une tache qui s'appelle la discrimination ". 

Dimanche après-midi, environ 200 personnes ont manifesté à Paris pour défendre la cause des Roms. Une manifestation régionale contre l'expulsion sans relogement et contre la politique du gouvernement sur cette question. Parmi les manifestants, le secrétaire national du Parti de gauche, Eric coquerel, qui a estimé que "ce que faisait Monsieur Estrosi " n'était "pas républicain . Il estimé que le maire de Nice nourrissait "les extrêmes ".

L'Intérieur appelle "à faire attention aux amalgames"

Dans la soirée, le ministère de l'Intérieur a indiqué à l'AFP que la situation évoquée par Christian Estrosi était désormais réglée. "A l'heure où l'on se parle, il n'y a aucune installation illégale de gens du voyage à Nice ou sur le territoire de la métropole ". 

Appelant à "faire attention aux amalgames ", Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère, a ajouté que "la loi doit être appliquée avec fermeté, mais sans pour autant stigmatiser quelque population que ce soit, qu'elle soit française ou d'origine étrangère ".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.