Politique de la ville : faute de crédits, quel avenir pour l'appartement-musée de Grigny ?
Des états généraux de la politique de la Ville réunissent des élus et des responsables associatifs à Grigny, une ville de l'Essonne qui, faute de crédits, redoute de voir s'effondrer ses actions participatives avec les habitants.
Les états généraux de la politique de la Ville, qui fête ses 40 ans, s'ouvrent lundi 16 octobre à Grigny (Essonne). Des élus et responsables associatifs vont célébrer l'anniversaire dans un contexte de baisse de crédits. Il risque de remettre en cause des actions menées sur le long terme dans les quartiers en difficulté. C'est le cas à Grigny, à la Grande Borne, où l'association Décider se retrouve dans l'incertitude, malgré le succès de son appartement-musée.
Un don du Louvre pour lancer la découverte de la Mésopotamie
C'est un appartement presque comme les autres, au rez-de-chaussée d'un immeuble de la Grande Borne, à Grigny. Sauf qu'il est possible d'y rencontrer le roi babylonien Hammurabi. Ce souverain qui a régné sur une partie de la Mésopotamie, dans l'actuelle Irak, dans les années 1750 av. J.-C., ne trône pas qu'au Louvre, qui expose le code d'Hammurabi, une stèle de 2,25 mètres. Le musée parisien a fait don d'une reproduction à l'association Décider, créée il y a 20 ans, autour du surendettement, puis élargie à la culture.
En plus de ses opérations organisées au cœur de la Grande Borne, l'association emmène gratuitement des habitants visiter les musées parisiens. Cette opération "Musée en voyage" bénéficie de 20 000 euros de subventions. Sa présidente, Martine Vincent, redoute de voir cette somme fondre avec les restrictions annoncées cet été par le gouvernement.
Si l'année prochaine, on nous supprime tout, on est obligés de fermer. C'est moins de suivi, moins d'actions, moins d'outils.
Martine Vincent, présidente de l'association Déciderà franceinfo
L'association intervient dans toutes les écoles maternelles de la Grande Borne, mais aussi au Centre de formation des adultes (CFA).
Des moyens nécessaires pour prolonger les découvertes
Pour fêter l'arrivée de la stèle, l'association a organisé une journée sur la Mésopotamie. Dans le hall du centre de vie sociale, des bénévoles, formés par les salariés, parfois en contrats aidés, ont monté des stands sur la cuisine mésopotamienne, l'astronomie, l'écriture cunéiforme.
Parents et enfants découvrent un monde qu'ils ne soupçonnaient pas, sous le regard admiratif de Cécile Michel, assyriologue au CNRS, spécialiste de la Mésopotamie.
Il y a beaucoup de bonne volonté, beaucoup de bénévolat. Mais il faut toujours un peu de moyens.
Cécile Michel, CNRS, intervenante à Grignyà franceinfo
Il ne s'agit pas de rester dans l'appartement-musée, aussi passionnant soit-il. Cécile Michel estime qu'un budget de base est nécessaire pour que l'association puisse aller en bus dans les musées parisiens et financer les entrées.
Que vont devenir les projets de Grigny ?
Devant le stand bois et métaux, Véronique, 57 ans, doyenne des emplois aidés de l'association, connaît par cœur ce quartier de 11 000 habitants. Le bien que fait l'association en reconstruisant des liens autour de la culture relève, dit-elle, est d'une telle évidence, qu'elle ne comprend pas que les actions puissent être menacées.
Demander aux gens de payer pour aller dans les musées, ce n'est pas possible.
Véronique, sous contrat à l'association Déciderà franceinfo
À côté de la stèle du code Hammurabi, dans l'appartement-musée, Zeinabou, permanente de l'association, raconte avec passion la vie des Mésopotamiens. La pièce d'à-côté est consacrée à la préhistoire, une autre partie à l'Egypte et une troisième est encore fermée, pour cause d'aménagement. Elle sera dédiée à l'écriture chinoise, si l'association ne perd pas ses subventions...
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