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"Nous appelons à aller plus loin" : reconduit à la tête du PCF, Fabien Roussel valide sa stratégie de dépassement de la Nupes

Fabien Roussel a été réélu secrétaire national du Parti communiste français, lundi. Il appelle de ses vœux la construction d'un "nouveau Front populaire" à gauche.
Article rédigé par franceinfo - Victoria Koussa
Radio France
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Fabien Roussel, lors de l'ouverture du 39ème congrès du Parti communiste français, à Marseille, le 7 avril 2023. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Il garde les rênes du Parti communiste. Sans surprise, Fabien Roussel a été largement reconduit lundi 10 avril au poste de secrétaire national du PCF lors du 39e congrès du parti à Marseille, avec 80,4% des voix. Ce congrès a permis au député du Nord, et ancien candidat à la présidentielle, de confirmer sa volonté de s'émanciper de la Nupes. Un pari gagnant.

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Fabien Roussel joue cette carte depuis le début : l'indépendance dans la Nupes, et surtout vis à vis de La France insoumise. Il veut s'en éloigner, tout en restant dans l'union de la gauche. Et il propose de "construire un nouveau Front populaire pour bâtir ensemble une France libre, forte et heureuse". "Nous l'avons fait à chaque fois dans le respect de chacun, sans hégémonie de qui que ce soit, a déclaré le secrétaire national réélu. C'est cela que nous appelons de nos vœux. Nous appelons à aller plus loin que l'union construite au lendemain de la présidentielle." Cette position ambivalente a été récompensée et lui permet de conserver le soutien des adhérents malgré quelques critiques en interne sur son comportement d'agitateur et l'absence de bilan après son échec à la présidentielle avec 2,3% des voix, un score en deçà des espérances suscitées par sa candidature.

"Il ne s'agit pas de jeter le bébé avec l'eau du bain, mais quand même, il faut bien changer l'eau de temps en temps !"

Fabien Roussel

au congrès du PCF, à Marseille

Ce congrès du PCF a déclenché une guerre ouverte entre Fabien Roussel et LFI. En l'espace d'une semaine, le communiste a coupé le dernier fil qui le retenait encore aux "insoumis". Il a qualifié, dans L'Express, la Nupes de "dépassée" et a tendu la main à l'ancien pilier du Parti socialiste, Bernard Cazeneuve, détracteur invétéré de Jean-Luc Mélenchon, provoquant un clash avec Manuel Bompard, le numéro 1 de LFI. "On a un désaccord politique, manifestement, souffle Manuel Bompard, encore agacé lundi sur franceinfo. Quand Fabien Roussel dit que la Nupes est dépassée, ce sont des propos que je ne partage pas. Il doit clarifier ses intentions." Jusque-là, tout se faisait en coulisses, mais c'est désormais le grand déballage. Fabien Roussel n'a jamais assumé la Nupes, le logo n'apparaissait même pas sur ses tracts de campagne aux législatives, mais il cultive une forme d'ambiguïté puisque c'est lui qui a été à l'initiative des meetings communs de la gauche en pleine bataille contre la réforme des retraites.

Un pied dehors, un orteil encore dans la Nupes

Dans un premier temps, Fabien Roussel va proposer à ses partenaires de la Nupes (La France insoumise, le Parti socialiste, Europe Écologie - Les Verts) une réunion de travail. Ensuite, il est difficile de savoir. La Nupes ressemble un peu à des montagnes russes depuis le début : un coup fragilisée, un coup revitalisée. Avec ce dernier congrès, à gauche, deux lignes sont maintenant bien établies. D'un côté, le communiste Fabien Roussel et l'écologiste Marine Tondelier ont un grand pied dehors et un orteil encore dans la Nupes. De l'autre, La France insoumise et le Parti socialiste sont encore bien accrochés à la coalition. La suite se dessinera avec les prochaines élections, notamment européennes, qui constituent la prochaine mise à l'épreuve de la Nupes. Les plus petits tenteront d'ici là de rééquilibrer le rapport de force et LFI de garder son hégémonie.

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