François Bayrou ne veut pas se mêler au "combat de coqs" entre Sarkozy et Hollande
Vendredi 2 mars, François Bayrou était en déplacement à Mantes-la-jolie. Il a dénoncé une nouvelle fois la sarkhollandisation du débat, fustigeant après les incidents de Bayonne "le combat de coqs" que se livrent Hollande et Sarkozy.
De notre envoyé spécial à Mantes- Ceux qui l'aiment descendent donc du train. Sur le quai de la gare Saint-Lazare, François Bayrou s'offre une petite séance photo avec des voyageurs.
En transilien
"La séquence qui s'ouvre est une séquence rencontre avec les Français tout azimuth", explique-t-il dans le wagon qui le conduit à Mantes-La-Jolie. Le déplacement dans cette ville à l'Ouest de Paris a été décidé ces derniers jours. Dans le quartier difficile du Val-Fourré, M. Bayrou veut s'adresser "aux 10 millions d'habitants des banlieues pour qu'ils aient la place qu'ils méritent dans la campagne".
La banlieue, absente des programmes des candidats, est un thème à la mode cette semaine. Ce qui est certain, c'est que l'abstentionnisme y est très fort. Cette vérité sociologique se confirme tout au long du déplacement.
Beaucoup de gens expriment leur scepticisme vis à vis du politique, à l'image de cette femme qui vient saluer le candidat du MoDem. "Je suis un peu blasée. Je ne sais pas quoi faire", confie-t-elle à un Bayrou tout sourire.
"Combat de coqs"
Car, il veut y voir un espoir pour sa candidature alors que les sondages ne le créditent que d'un peu plus de 10%, loin de ses ambitions de figurer au second tour. Dans le train, il théorise une énième fois le concept de sarkhollandisation du débat. "Il va y avoir une saturation de la monopolisation du débat par les deux", répète-t-il.
Mais les incidents de jeudi à Bayonne apportent de nouvelles munitions à son discours. Plutôt que d'évoquer les échauffourées avec les indépendantistes, M. Bayrou préfère retenir l'image d'un dialogue tendu avec un couple d'agriculteur, un peu auparavant. "Les opinions sont très fixés sur Nicolas Sarkozy. Les incidents d'hier les ramènent à l'esprit de tous les électeurs. Cela montre quelle coupure il y a entre lui et la vie des gens", commente t-il, ajoutant que "toute l'agitation autour du succès de l'entrée en campagne du président était une bulle de savon".
Il renvoie dos à dos MM. Hollande et Sarkozy "à leurs combats de coq" et regarde avec soulagement les études d'opinion pour qui le choix du candidat socialiste n'est pas un vote d'adhésion. "Cela porte en germe un autre choix", veut-il se rassurer.
Retour à Mantes-la-jolie
Après une interview rafraîchissante mais pertinente avec de jeunes adolescentes sur la radio locale LFM, M. Bayrou arrive vers 13h sur le marché de Mantes. Là même, où cinq ans plus tôt , un voyage au début du mois de février avait symbolisé son ascension dans les sondages. (Voir ici le reportage de France 2 de l'époque).
Mais aujourd'hui, il y a peu de monde. L'ambiance est tristoune. Question des journalistes: n'y a-t-il plus d'effet Bayrou ? "L'élan est le même qu'en 2007, mais il n'est pas au même moment. Quand on aura le paysage définitif des candidats en lice, l'élection commencera vraiment", affirme-t-il. Méthode Coué?
Il va déjeuner en compagnie de représentants d'associations du quartier. Au menu, tajine et thé à la menthe. Il ressort vers 14h30. La foule est plus dense. Ouf ! Il a droit à son bain de foule. On retrouve par moment une ambiance à la 2007. Il n'y a pas de manifestation d'hostilité envers le candidat.
La sympathie est manifeste mais cela suffit-il pour emporter le vote ? "J'apprécie Bayrou. Il est cultivé. Il s'exprime bien. Mais je ne voterai pas pour lui. Je ne sais pas où il est politiquement", explique un homme sur le marché.
Mais pas question pour François Bayrou de "changer de ligne", de pencher à droite pour récupérer les voix d'un éléctorat UMP modéré. " Je suis le meilleur rassembleur pour ceux qui veulent échapper à l'un au premier tour et à l'autre au second. Et vous mettez les noms dans l'ordre que vous voulez", explique-t-il aux journalistes.
Surprise, surprise
Le candidat du MoDem est ensuite allé visiter une acièrie familiale. C'est l'un des responsables de l'usine ce matin qui l'a accosté à son arrivée à la gare. Il l'invite à venir la visiter bouleversant l'agenda du déplacement. Une aubaine pour évoquer le produire français y compris en matière sidérurgique.
La présence d'une telle industrie en Ile de France à 40 km de Paris, a étonné tout le monde. C'est peut-être la leçon que voudra retenir François Bayrou: une campagne électorale réserve toujours des surprises.
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