François Chérèque s'élève contre le discours de Sarkozy qu'il qualifie d'"insupportable"
François Chérèque a estimé, lundi 30 avril, que le discours du président de la République sur le travail était devenu "insupportable". Pour lui, la confiance entre l'Élisée et les syndicats serait difficile à restaurer s'il était réélu.
À la veille du rassemblement prévu par Nicolas Sarkozy, le 1er mai, le secrétaire général de la CFDT François Chérèque ne mâche pas ses mots. Dans un entretien au quotidien Libération lundi, il a fustigé l'attitude du chef de l'Etat, affirmant que son discours n'était "plus supportable".
Chérèque, inquiet pour la démocratie
Une allusion à l'expression employée dans un premier temps par M. Sarkozy pour évoquer son rassemblement place du Trocadéro, fête du "vrai travail", qui lui a valu la foudre des syndicats de salariés et de la gauche, avant d'opter pour "vraie fête du travail".
"Ce type de discours, qui pousse à la division, est devenu insupportable", dit M. Chérèque. "Je n'ai pas souvenir d'une telle agressivité vis-à-vis des organisations syndicales, fondée qui plus est sur de faux constats. La confiance sera donc difficile à restaurer", ajoute-t-il.
Dans cette interview, le dirigeant de la CFDT dit s'inquiéter pour la démocratie française. "Chaque fois qu'il y a eu dans l'histoire une mainmise du politique sur cette fête (ndlr, du 1er mai), c'était dans un contexte de dérive antidémocratique", dit-il.
M. Chérèque ne donne toutefois pas de consigne de vote, contrairement à la CGT qui a appelé à "battre Nicolas Sarkozy"
Sarkozy : "Ils trahissent la cause du syndicalisme"
Une position contre laquelle s'est à nouveau élevé le président-candidat. "Les dirigeants ou les permanents de la CGT, qui appellent à voter pour un candidat, trahissent la cause du syndicalisme", a déploré M. Sarkozy, interrogé sur France 2, dans l'émission "Les 4 Vérités".
Il a ainsi renouvelé ses critiques à l'égard de la CGT. "Qui ça ne choquerait pas ? Est-ce qu'un syndicat a le rôle d'un parti politique ?", a-t-il demandé.
"Les syndicats sont très utiles, ils font un travail de représentation des salariés, mais savez-vous qu'on n'a jamais vu un syndicat appeler à voter pour un candidat ?"
Fillon : "éviter les remarques désagréables"
De son côté, le Premier ministre a dit "regretter" lundi, sur RTL, les propos de M. Chérèque, mais aussi les attaques dont font l'objet les organisations syndicales. "Nous devrions éviter toutes les remarques désagréables à propos des syndicats. Je n'aime pas qu'on critique les syndicats en tant que tels", a-t-il déclaré.
A une remarque lui faisant noter que cela pouvait apparaître comme une critique de "certains passages de certains discours de Nicolas Sarkozy", il a ajouté: "C'est mon opinion et je l'ai toujours défendue. Personne ne sera surpris que je la défende à nouveau".
Selon lui, "on a besoin d'avoir de grands syndicats réformistes et de dialoguer avec eux". "Pendant tout le quinquennat, nous avons eu un dialogue social exemplaire. Je trouve que tout cela est dommage", a encore dit M. Fillon.
A contrario, le Premier ministre a appelé les leaders syndicaux, et notamment celui de la CFDT, "patron d'une grande centrale syndicale", à se "tenir à l'écart" du débat présidentiel.
Chérèque dénonce une "schizophrénie"
Après ces déclarations, M. Chérèque, invité sur France Info, a dénoncé "une sorte de schizophrénie" à droite entre M. Sarkozy qui "tape à bras raccourcis sur les syndicats" et M. Fillon qui veut éviter cela.
M. Chérèque a affiché sa solidarité avec la CGT, cible des attaques du président-candidat : "Je me dois d'être solidaire avec la CGT", a-t-il affirmé.
"C'est la première fois", selon lui, que "les syndicats sont otages du débat politique de la présidentielle", a affirmé M. Chérèque dénonçant aussi une "tendance au débat populiste" de la part de M. Sarkozy.
Hollande : "moi, je respecte les syndicats"
François Hollande a également dénoncé lundi les attaques du président à l'endroit des syndicats.
"Moi je respecte les syndicats, je ne suis pas comme le candidat sortant", a déclaré le candidat socialiste sur Europe 1. "Nous avons besoin de partenaires respectés", a-t-il ajouté.
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