François Fillon tente de rassurer sur la note AAA de la France
Le Premier ministre, François Fillon, a jugé mardi 29 novembre, infondées les informations du quotidien économique prêtant à l'agence de notation Standard & Poor's l'intention de placer sous perspective négative la note AAA de la France.
Alors que le gouvernement s'escrime à trouver sept milliards d'euros pour tenir les objectifs de réduction du déficit public et conserver un triple A menacé, le journal La Tribune a fait état d'une rumeur inquiétante mardi.
Selon le quotidien, l'agence Standard & Poor's (S&P) pourrait bien annoncer "sous peu" le placement de la note AAA de la France sous "perspective négative".
"Je peux vous dire que La Tribune raconte n'importe quoi", a réagi dans la journée M. Fillon en marge d'un séminaire consacré à la Révision générales des politiques publiques.
Il n'empêche. Cette annonce accentue la pression qui pèse sur le gouvernement d'autant que les mesures de rigueur, examinées mardi soir à l'Assemblée nationale, pourraient s'avérer rapidement obsolètes. Les prévisions de l'OCDE qui table sur 0,3% de croissance en 2012 sont inférieures au 1% retenu par le gouvernement pour établir son budget.
Le triple AAA de la France, suspendu à un fil
Selon une source diplomatique, la mise en garde de S&P, étape préalable à la dégradation de la note française, aurait dû être rendue publique dès vendredi, mais pour des raisons inconnues, elle a été repoussée, rapporte le quotidien.
Quoi qu'il en soit, cette rumeur s'inscrit dans un contexte particulier. Il y a dix jours, la même agence avait annoncé la dégradation de la France avant de se rétracter dans la foulée. "Une erreur" assumée mais qui renforce l'idée que le AAA de la France ne tient plus qu'à un fil.
"La note triple A, on l'a perdu depuis six mois", expliquait il y a peu l'économiste Elie Cohen dans Ouest France. "Il est donc temps grand temps d'annoncer des mesures d'économies sérieuses pour rassurer les marchés financiers (fonds de pension) qui pensent que l'Europe entre en récession. Notamment, il va falloir arrêter de voter des budgets en déficit chaque année, réformer notre régime social et les collectivités locales".
Le gouvernement se veut rassurant
A en croire la ministre du Budget, Valérie Pécresse, le budget 2012, avec les nouvelles mesures de rigueur, est "crédible" et "prudent".
Hausse du taux de la TVA à taux réduit, gel du barème de l'impôt sur le revenu, en 2012 et 2013, au niveau de 2011, majoration de 5%, en 2012 et 2013, de l'impôt sur les sociétés dont le revenu dépasse 250 millions d'euros, voilà quelques-unes des mesures inscrites dans la troisième loi budgétaire depuis septembre.
Mais ce n'est pas tout. Le gouvernement entend traquer les "fraudes sociales" et veut économiser 220 millions d'euros sur les 6,6 milliards d'euros que coûtent les arrêts maladies. Jours de carences supplémentaires, baisse des indemnités journalières... plusieurs pistes sont à l'étude.
Vers un troisième plan d'austérité ?
Pour l'opposition, le gouvernement va dans l'impasse. "On ne peut pas faire confiance, car de plan d'austérité en plan d'austérité, on voit bien que la dette et les déficits continuent à augmenter", a déploré mardi le président des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault.
De là à imaginer qu'un troisième train de rigueur est en inévitable, il n'y a qu'un pas franchi par Eric Heyer, économiste de l'Observatoire français des conjonctures économiques (ofce). "Ce plan, annoncé le 7 novembre, sera-t-il suffisant ?", s'interrogeait début novembre l'expert sur son blog. "Certainement pas ! Alors à quels nouveaux plans de rigueur doit-on s'attendre dans les mois à venir et quelle incidence auront-ils sur la croissance en 2012 ?", s'interrogeait-il.
La ligne de crête est ténue. D'un côté, "être le seul État à ne pas respecter sa promesse de consolidation budgétaire serait sanctionné immédiatement par un renchérissement de ses conditions financières sur le remboursement de sa dette", souligne M. Heyer.
De l'autre, "l'adoption (par les gouvernements des pays européens, ndlr) de nouveaux plans d'austérité... trop rapidement et de façon synchrone...pourraient entraîner le risque d'un nouveau ralentissement de l'activité".
Entre impasse et casse-tête, le gouvernement n'est pas à la fête, à cinq mois du premier tour de l'élection présidentielle.
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