Affaire Fillon : son avocat "espère que la saisine du CSM n'est pas un enterrement de première classe qu'on est en train d'offrir à la commission d'enquête parlementaire"
L'affaire Fillon refait surface, à quelques jours du jugement (prévu le 29 juin). Après que l'ancienne cheffe du Parquet national financier a dénoncé devant la commission d'enquête parlementaire des pressions, le président Macron a saisi le Conseil supérieur de la magistrature. Une bonne nouvelle pour l'avocat du couple Fillon, Antonin Lévy, qui reste cependant vigilant.
"J'espère que la saisine du Conseil supérieur de la magistrature n'est pas un enterrement de première classe qu'on est en train d'offrir à la commission d'enquête parlementaire", a déclaré l'avocat de François Fillon, Antonin Lévy, samedi 20 juin sur franceinfo, alors qu'Emmanuel Macron a saisi le CSM pour "lever le doute" sur d'éventuelles pressions politiques dans l'enquête sur les emplois présumés fictifs d'assistants parlementaires de l'ancien candidat à la présidentielle. L'ancienne cheffe du Parquet national financier, Eliane Houlette, a évoqué des "pressions" devant une commission d'enquête parlementaire, avant de se rétracter.
franceinfo : Emmanuel Macron saisit le Conseil supérieur de la magistrature après les propos d'Eliane Houlette. Est-ce une bonne chose, selon vous ?
Antonin Lévy : C'est une bonne chose parce que ça montre l'importance qu'il faut qu'on accorde jusqu'au plus haut sommet de l'Etat aux déclarations d'Eliane Houlette devant la commission parlementaire. Cependant, il ne faut pas qu'on limite la question et le problème à un simple problème entre magistrats, et c'est ce que va faire le CSM. C'est pour ça qu'il ne faut pas négliger ce qui est déjà en cours aujourd'hui. La commission parlementaire va devoir poursuivre ses investigations, poursuivre ses auditions, et j'espère que la saisine du CSM n'est pas un enterrement de première classe qu'on est en train d'offrir à la commission d'enquête parlementaire.
La procureure générale de Paris trouve "regrettable" que des méthodes de travail classiques soient présentées comme des pressions. Si tout est classique, pourquoi cela pose-t-il problème ?
Il faut que les membres du parquet général et peut-être d'autres personnes soient encore entendues. La remontée d'informations est très régie par les textes, elle est très encadrée, et son but principal c'est la définition de la politique pénale. J'aimerais qu'on m'explique pourquoi un procureur général, face au gouvernement de François Hollande, dans les dernières heures du régime, a un besoin de définition de politique pénale générale alors que l'Assemblée ne va plus siéger, que le gouvernement va se retirer, au point de demander quasiment tous les jours, du soir pour le lendemain, à Eliane Houlette de rendre compte de ce qu'elle fait sur cette enquête sensible. Si on essaie de nous faire croire que pour définir la politique du gouvernement qui est en train de s'éteindre on a besoin de contrôler le travail d'Eliane Houlette, on nous prend vraiment pour des imbéciles.
Mais c'est un débat sur la forme de la procédure. Qu'est-ce que ça change sur le fond ?
Ça change tout. Si dès l'origine on a une présomption de culpabilité avec un magistrat qui - des journalistes du journal Le Monde l'ont montré - a été choisi pour "taper fort" et qu'il a été désigné à cette place pour mettre en examen et que l'enquête n'a pour seul but que de prouver que cette mise en examen est justifiée, dans ce cas-là ça change tout.
Ce qu'on a démontré à l'audience en rapportant plus de 40 témoignages qui avaient été écartés par les magistrats instructeurs, c'est qu'on n'a jamais cherché à prouver la réalité du travail de Penelope Fillon et que le juge a volontairement fermé les yeux sur toutes les preuves de ce travail. (…) Ce que l'on dit depuis le début, c'est que la mise en examen de François Fillon a été précipitée. On l'a mis en examen en quelques heures, à quelques jours de l'élection présidentielle, et tout le reste de l'enquête ensuite n'avait qu'un seul objectif : valider cette décision. C'est là-dessus qu'il faudrait que le CSM puisse se pencher. (…) Quand on voit qu'il y a eu des réunions au parquet général entre Eliane Houlette et plusieurs de ses collègues, que plusieurs personnes au sein du Parquet national financier étaient au courant de tous ces éléments, les accusations qui ont été faites contre François Fillon à l'audience sont à la limite de l'indignité. Et c'est là que ça change tout.
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