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François Hollande conditionne son destin présidentiel au maintien de la gauche en Corrèze

L'ex-patron du PS et actuel président du Conseil général de Corrèze, François Hollande, a fait de la victoire de son camp aux cantonales dans son département la condition sine qua non de sa candidature aux primaires socialistes. Dans cet ancien fief de Jacques Chirac, aujourd'hui dirigé par la gauche avec une très courte majorité (1 siège seulement), 19 cantons sont renouvelables : 10 à gauche et 9 à droite.
Article rédigé par franceinfo
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  (Radio France © AFP / Jean-Pierre Muller)

L'ancien fief de Jacques Chirac est tombé il y a 3 ans dans l'escarcelle de François Hollande, un socialiste qui nourrit des ambitions élyséennes. Il ne faut y voir aucun hasard : Jacques Chirac, c'est LE modèle de François Hollande, sinon en politique, du moins dans l'art de faire campagne... Il connaît les moindres recoins de son département, serre des mains, fait la bise aux dames, enchaîne tournées des commerçants, visites d'écoles, d'exploitations agricoles et de maisons de retraite.

Une "hyperprésidence" souriante qui porte ses fruits politiques : "c'est de cette manière qu'il nous a divisés", confie un élu UMP. François Hollande s'est notamment attiré les bonnes grâces d'une femme qui compte en Corrèze : Bernadette Chirac, qui, à 77 ans, brigue un sixième mandat de conseillère générale. Mme Chirac trouve que "François Hollande est un très bon président de conseil général" ; elle l'a déclaré à la presse, ce qui a mis le feu aux poudres à droite. En a-t-elle assez d'être interrogée sur le socialiste ? Un reportage télé l'a-t-elle, comme on le raconte, mise hors d'elle ? En tout cas l'ex-première Dame de France refuse désormais toute interview.

La droite s'agace de ces bonnes relations entre François Hollande et Bernardette Chirac. Elle n'est pas la seule : les alliés de gauche du président du Conseil général trouvent aussi à y redire. "J'aimerais que l'UMP dise plus de mal de lui", confie Pascal Bagnarol, le patron local du PCF. Le Front de Gauche présente d'ailleurs ses propres candidats dans la plupart des 19 cantons renouvelables.

Mais la critique principale, notamment à droite, vise les ambitions élyséennes de François Hollande, accusé de transformer la Corrèze en marchepied pour 2012. "Il prend les Corréziens en otage", dénonce le président de l'UMP départementale Michel Paillassou. De fait, François Hollande nationalise l'enjeu sans aucun complexe : il fait de sa réélection en Corrèze la condition de sa candidature à la primaire socialiste. Et il n'hésite pas à dramatiser l'enjeu : sa majorité ne tient qu'à un siège, la partie sera serrée, dit-il. Pourtant, beaucoup le voient réélu dans un fauteuil...

Quoi qu'il en soit, le socialiste a gagné une première manche - médiatique : dans cette campagne des cantonales dont on parle si peu, il est beaucoup question de lui.

Louise Bodet

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