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Trois ans après, Hollande regrette d'avoir supprimé la hausse de la TVA décidée par Sarkozy

A moins de deux ans de la présidentielle, le chef de l'Etat se confie dans un entretien reproduit dans un livre d'une journaliste du "Monde".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, et l'actuel chef de l'Etat, François Hollande, se rencontrent lors d'une cérémonie aux Invalides, le 3 février 2015. (YOAN VALAT / AP / SIPA)

A moins de deux ans de l'élection présidentielle, François Hollande commence à faire son autocritique. Cité dans un livre de la journaliste du Monde Françoise Fressoz, le chef de l'Etat admet avoir été "trop loin" en supprimant dans les premiers mois de son quinquennat la hausse de TVA projetée par Nicolas Sarkozy.

Si c'était à refaire ? "Je ne serais pas allé aussi loin, j'aurais gardé l'augmentation de la TVA décidée par Nicolas Sarkozy pour boucler le budget qu'il nous avait laissé", concède-t-il dans un entretien à l'auteure de ce livre intitulé Le stage est fini (éd. Albin Michel). "J'aurais fait le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) pour les entreprises et j'aurais évité les hausses dans les budgets suivants", a-t-il poursuivi, tout en soulignant que "le plus grand échec" de son prédécesseur aura été précisément "la compétitivité".

Le traité européen, cause de la "rupture avec la majorité"

"On paie souvent la première loi de finances rectificative", relève le président Hollande. "Pour Sarkozy, c'était la loi travail, emploi, pouvoir d'achat [loi TEPA et son "bouclier fiscal"] interprétée comme un cadeau fiscal" et qu'il "a payée tout son quinquennat". "Nous, on a payé les 11 milliards d'impôts nouveaux levés à notre arrivée", admet-il.

François Hollande assume en revanche pleinement son "choix le plus lourd", à savoir "l'acceptation du traité européen" qu'il assurait vouloir renégocier pendant la campagne de 2012. "La rupture avec la majorité intervient là, pas plus tard", observe-t-il. "J'ai accepté le traité pour situer la France au cœur de l'Europe et non en marge", se défend-il, rejetant les appels de ceux, à gauche, qui prônaient un "affrontement avec Merkel". "Qu'est-ce que ça aurait changé ? Je n'aurais obtenu aucun gain sur le plan budgétaire, j'aurais créé une déstabilisation dans la zone euro, j'aurais suscité une marginalisation de la France", fait-il valoir.

"J'ai engagé des réformes qui ne sont pas toutes
de gauche"

François Hollande fait également un aveu : "J'ai engagé des réformes qui ne sont pas toutes de gauche, mais servent l'intérêt général." Il "met aussi à [son] crédit" l'absence de mouvement social majeur tout en constatant que "le mécontentement est passé par les urnes", après les défaites des socialistes aux municipales, aux européennes et aux départementales.

"On est le pays où on parle le plus de réformes et on en fait le moins", semble-t-il aussi regretter même si, selon lui, "le sang, la sueur et les larmes, ça ne marche pas". "Depuis Raymond Barre en 1976 [...] les gens disent 'on a déjà donné, on n'a plus de sang, on n'a plus de sueur, on n'a plus de larmes', donc ça n'opère plus", analyse-t-il. "Ce n'est pas parce qu'on ne dramatise pas qu'on ne réforme pas", assure encore le chef de l'Etat, qui revendique "beaucoup plus de réformes de structure" que ses prédécesseurs. Autre pique en direction de Nicolas Sarkozy : il "mobilise très bien son camp, mais il est le candidat le moins rassembleur du pays".

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