Assistants FN au Parlement européen : trois questions sur la mise en examen de Marine Le Pen
La présidente du Front national a été mise en examen, vendredi, pour "abus de confiance" dans l'enquête sur des soupçons d'emplois fictifs d'assistants parlementaires d'eurodéputés frontistes.
Marine Le Pen avait pris rendez-vous avec les juges. La présidente du Front national a été mise en examen pour "abus de confiance" après s'être rendue à la convocation des juges, vendredi 30 juin, à Paris. Convoquée en début d'après-midi au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris, la candidate malheureuse à la présidentielle a lu une déclaration et n'a pas, comme la loi l'y autorise, répondu aux questions des juges.
La leader frontiste était entendue dans l'affaire des assistants parlementaires d'eurodéputés frontistes. Au mois d'avril dernier, le Parlement européen, qui s'est constitué partie civile dans ce dossier, avait évalué son préjudice potentiel à près de cinq millions d'euros entre 2012 et 2017. Franceinfo répond à trois questions sur cette mise en examen.
Pourquoi est-elle mise en examen ?
L'enquête ouverte en France en 2015 pour des soupçons d'emplois fictifs vise 17 députés européens du Front national. Parmi eux figurent Jean-Marie Le Pen, Louis Aliot, Florian Philippot, et la présidente du Front national, Marine Le Pen. Ces parlementaires sont soupçonnés par l'Office européen de lutte anti-fraude (Olaf) d'avoir rémunéré avec leur enveloppe parlementaire une vingtaine d'assistants, qui travaillaient en fait uniquement pour leur parti.
Les juges cherchent à déterminer si le parti d'extrême droite a mis en place un système généralisé pour rémunérer ses permanents avec des crédits européens, en les faisant salarier comme assistants de ses eurodéputés, mais sans que leur travail ait un lien avec les activités du Parlement européen.
Que risque-t-elle ?
Jusqu'ici, Marine Le Pen avait refusé de rencontrer les juges : la nouvelle députée FN du Pas-de-Calais avait mis en avant le 10 mars son immunité d'eurodéputée pour rejeter une première convocation des juges, puis expliqué qu'elle répondrait favorablement à leur demande après les élections.
Vendredi, Marine Le Pen s'est rendue à la convocation des juges, à la différence de son compagnon Louis Aliot, qui a invoqué son immunité de député français. La présidente du Front national a été mise en examen pour "abus de confiance" "en sa qualité de députée européenne de 2009 à 2016 pour utilisation de fonds du Parlement européen", au sujet des salaires versés à sa cheffe de cabinet au FN, Catherine Griset, depuis mise en examen, et à son garde du corps, Thierry Légier, a précisé à l'AFP une source judiciaire. L'abus de confiance est puni de trois ans d'emprisonnement et de 375 000 euros d'amende, selon le Code pénal.
La nouvelle députée du Pas-de-Calais a également été mise en examen pour "complicité d'abus de confiance" de 2014 à 2016 en sa qualité de présidente du parti d'extrême droite.
Comment se défend-elle ?
"Madame Le Pen a contesté formellement les griefs reprochés", a affirmé son avocat Rodolphe Bosselut, dans un communiqué. Il ajoute que la présidente du Front national "saisirait dès lundi la chambre de l'instruction d'un recours contre sa mise en examen".
A ses yeux, cette procédure viole le principe de la séparation des pouvoirs. Ainsi, l'avocat de Marine Le Pen demandera une "suspension de l'instruction" en cours.
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