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Dans le Doubs, le FN face à son premier test électoral post-attentats

La présidente du Front national, Marine Le Pen, s'est déplacée dans l'Est pour soutenir Sophie Montel, candidate à la législative partielle de la 4e circonscription du Doubs qui se tiendra le 1er et le 8 février.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La présidente du FN Marine Le Pen devant l'usine PSA de Sochaux, le 23 janvier 2015. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

"Le problème, là, c'est que mon corps ne réagit plus (…) je vais mourir". Marine Le Pen a froid et elle le dit, en cette fin de matinée du 23 janvier. Mais malgré la baisse du mercure, le sourire pour les caméras demeure soigné. Venue en soutien de Sophie Montel, candidate FN de la législative partielle dans la 4e circonscription du Doubs qui se déroulera le 1er et le 8 février, la présidente du FN a préparé soigneusement son programme. 

Le rendez-vous est important, puisqu'il s'agit du premier test électoral après les attentats contre Charlie Hebdo, à Montrouge et à la porte de Vincennes. Marine Le Pen, qui s'est retrouvée marginalisée au milieu des hommages et de l'unité nationale, souhaite ainsi reprendre la main sur le débat. 

Le fan club de PSA

La journée commence par une distribution de tracts devant l'entrée de l'usine PSA de Sochaux. Illustration de la perte de vitesse de l'industrie automobile française, l'usine a perdu près de 30 000 emplois en 35 ans. Marine Le Pen le sait et ne manque pas une occasion de souligner "l'échec du gouvernement" sur le problème du chômage. Elle ironise également sur le contraste entre sa présence auprès des ouvriers et celle de François Hollande au forum économique de Davos.

Dans cette circonscription mi-rurale, mi-urbaine, touchée par la désindustrialisation, Marine Le Pen sait qu'elle ne prend pas beaucoup de risque avec ce déplacement. La stratégie de conquête de l'électorat populaire se poursuit. D'ailleurs si une voiture sur deux ne s'arrête pas pour récupérer les tracts tendus par la cheffe de file du FN, les ouvriers qui baissent la vitre ne cachent pas leur enthousiasme. Séance photos, autographes, embrassades, les sympathisants frontistes ont des allures de fan club. "Marine, un bisou ! (…) Je t'aime", lance même un ouvrier. De belles images pour les caméras de télévision venues en nombre malgré le froid du Doubs.

Une récupération qui ne dit pas son nom

Officiellement, Marine Le Pen évite toute récupération politique après les attentats du mois de janvier : "ce serait indécent". Dans les faits, elle ne cesse d'en parler pour dénoncer "les mesures microscopiques" prises par le gouvernement ou pour affirmer que ces événements donnent raison aux théories du Front national sur la montée du communautarisme et de l'islamisme radical. Elle en profite aussi pour rappeler ses solutions maison. Arrêt total de l'immigration, déchéance de la nationalité, réforme du Conseil français du culte musulman... Marine Le Pen estime qu'il y a "urgence"

A ses adversaires qui l'accusent de "surfer" sur les peurs des Français, la présidente du FN a préparé sa réponse : "Ils disent ça parce qu'ils voudraient que je me taise, mais nous ne nous tairons pas." Et Quand Ismaël Boudjekada, candidat indépendant de confession musulmane, vient tenter de perturber l'opération com', Marine Le Pen s'énerve : "Vous êtes un arriviste et vous ne respectez pas la loi car vous m'insultez." 

Les attentats du mois de janvier vont-ils jouer sur le résultat de cette élection législative ? La plupart des personnes interrogées le pensent, à l'image d'Hélène, qui revendique son opposition au Front national : "J'ai peur de l'impact des attentats, les gens font beaucoup d'amalgames dans le coin." La candidate Sophie Montel considère aussi que les événements tragiques du mois de janvier peuvent servir à mobiliser son électorat dans une législative partielle où le fort taux d'abstention reste la norme. La candidate espère ainsi atteindre le score du FN lors des dernières élections européennes sur cette circonscription (35%), ce qui lui permettrait sans doute de virer en tête du premier tour, où elle est notamment face à l'UMP Charles Demouge et au candidat socialiste Frédéric Barbier.

Une circonscription symbolique

Devant l'usine PSA, le froid a finalement raison de Marine Le Pen qui part se réchauffer dans sa voiture après une dernière série d'autographes. Le bilan de cette opération de terrain reste modeste puisque les sacs de tracts restent bien pleins. Mais la présidente du FN a rempli son réservoir médiatique.  Elle prend ensuite le temps d'une pause déjeuner au milieu de ses militants dans un restaurant tenu par un sympathisant, avant de reprendre la route en direction de la petite ville de Seloncourt pour une conférence de presse.

La salle est composée pour moitié de journalistes et pour l'autre moitié de militants venus applaudir leur idôle. L'objectif n'est pas de toucher directement la population locale : la majorité des personnes rencontrées à Sélencourt ignorent la venue de lMarine Le Pen dans leur ville. Devant les médias, elle martèle une nouvelle fois son message en insistant sur la symbolique de cette circonscription du Doubs, ancien fief de Pierre Moscovici dont la nomination à la Commission européenne a provoqué cette législative anticipée. Elle décrit un territoire marqué par les difficultés économiques, touché par les problèmes d'insécurité et de communautarisme.

L'eurodéputée, qui revient de Bruxelles, profite aussi de cette tribune pour décréter la mort de l'euro à la suite des annonces de Mario Draghi et n'oublie pas d'en remettre une couche sur la "faiblesse" des réponses gouvernementales après les attentats. Elle fustige la proposition de Najat Vallaud-Belkacem d'instaurer une journée de la laïcité - "ça va leur faire chaud au cœur" aux islamistes. Elle dénonce aussi l'unité nationale "devenue politique" et conclut en s'indignant des propos "profondément antirépublicains" de Manuel Valls.

Un discours comme à son habitude offensif qui a le mérite de soulever l'enthousiasme de ses troupes. La présidente du FN s'arrête pour une dernière séance photos avec ses militants, embrasse une dernière fois la candidate Sophie Montel et remonte en voiture, direction Paris. De son côté Sophie Montel prépare déjà ses tracts pour retourner samedi devant l'usine PSA.

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