Jean-Marie Le Pen peut-il être exclu du Front national ?
Dans les statuts du FN, rien ne semble empêcher juridiquement une exclusion du cofondateur du parti. Mais il sera compliqué de lui retirer son titre de président d'honneur.
Le Front national peut-il se passer de sa figure historique ? Jean-Marie Le Pen, président d'honneur du parti depuis 2011, doit faire face au courroux de sa fille Marine.
La patronne du FN a annoncé, mercredi 8 avril, la réunion prochaine d'un "bureau exécutif" pour "protéger aux mieux les intérêts politiques" du parti face à "la stratégie de la terre brûlée et suicide politique" de son père. Celui-ci a réitéré récemment ses propos sur les chambres à gaz, "détail" de l'histoire de la seconde guerre mondiale, et a pris la défense de Pétain, entre autres déclarations choc, dans un entretien à l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol.
Jean-Marie Le Pen peut-il se faire pousser vers la sortie ? Réponse avec les statuts du FN.
Oui, rien ne semble empêcher une exclusion
Mis au ban du FN après ses nouvelles déclarations, Jean-Marie Le Pen peut-il en être exclu ? Rien ne semble l'en empêcher juridiquement dans les statuts. Le bureau exécutif du parti peut, "sur proposition de son président", en l'occurrence sa présidente, Marine Le Pen, "et à la majorité, suspendre provisoirement ou même exclure un de ses membres", prévoit, "en cas de faute grave" l'article 19.
Oui, mais il faudra peut-être un Congrès pour lui retirer son titre de président d'honneur
En 2011, lorsque Jean-Marie Le Pen a cédé sa place à Marine Le Pen à la tête du FN, un nouveau dispositif a été ajouté aux statuts du parti. D'après l'article 11 bis, le FN réuni en Congrès "peut nommer un président d'honneur". Grâce à ce titre, Jean-Marie Le Pen "est membre de droit de toutes les instances du mouvement".
Les statuts ne font aucune mention d'un dispositif qui pourrait lui retirer ce titre. Juridiquement, le FN ne peut donc que modifier les statuts pour introduire une telle possibilité et retirer ce titre à celui qui a cofondé le parti. Pour apporter une modification, il faut réunir un Congrès extraordinaire, d'après l'article 27 de ces mêmes statuts. "Retirer sa présidence d'honneur ? Je ne pense pas que ça soit possible", note un important frontiste auprès de l'AFP.
Oui, parce que rien n'oblige à respecter les statuts
"Statutairement, Jean-Marie Le Pen a tout bouclé, il a fait les statuts à sa main", note l'historien Nicolas Lebourg, chercheur spécialiste de l'extrême droite, interrogé par l'AFP. Mais rien n'empêche de faire fi des dispositifs actuellement prévus par le parti : "Lui-même a violé plusieurs fois les statuts pour sanctionner des cadres quand il était président. Il y a une jurisprudence, le FN n'est pas un parti démocratique."
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