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Rassemblement national : quel bilan pour les 89 députés un an après leur arrivée à l'Assemblée nationale ?

Un an après l'arrivée à l'Assemblée nationale de 89 députés du Rassemblement national, quel bilan pour les députés de Marine Le Pen ?
Article rédigé par Audrey Tison, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen, lors de son audition de la commission sur les ingérences extérieures, le 24 mai 2023 (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

C'était il y a un an. En juin 2022, les Français élisaient une Assemblée nationale atypique en envoyant 89 députés du Rassemblement national dans l'hémicycle. Tout simplement du jamais-vu pour le parti créé en 1972 alors appelé Front national –, par Jean-Marie Le Pen. Douze mois après, le bilan du premier groupe d'opposition est mitigé. 

Il y a d'abord la principale victoire du parti dirigé par Marine Le Pen : avoir obtenu plusieurs postes stratégiques au sein de l'institution, avec deux vice-présidents de l'Assemblée, la direction de vingt-quatre groupes d'amitiés et de quinze groupes d'étude, comme celui sur la viticulture. Mais dans l'hémicycle, le poids du RN est plus relatif. Les députés de Marine Le Pen votent presque comme la gauche lorsqu'ils s'opposent à la plupart des textes économiques et sociaux, mais ils valident bien souvent les textes régaliens proposés par le gouvernement.

"Le groupe RN participe peu aux débats"

Les 89 députés ont, par exemple, donné leurs voix aux côtés de la majorité présidentielle et des Républicains sur la loi de programmation militaire ou le développement du nucléaire.

Et cela gêne un peu les députés macronistes, comme Pieyre-Alexandre Anglade : "Malheureusement, nous n'avons pas de moyen d'empêcher un député de voter. Le Rassemblement national est dans une stratégie de banalisation qui parfois l'amène à voter des textes de la majorité. Mais vous aurez remarqué qu'il vote autant avec les députés de la Nupes". Pour lui, le RN "reste l'extrême droite", et c'est surtout un groupe qui travaille peu : "Une tactique que je qualifierais de dissimulation. Le groupe RN participe peu aux débats. Ils s'assoient, mais ils ne proposent et ne disent rien." 

Des amendements "xénopobes" ?

Au-delà des impressions, il y a les chiffres. Une centaine de propositions de lois déposées par les députés RN, sur des sujets aussi variés que l'immigration, les eaux usées ou l'endométriose, mais aucune n'a été votée. Le groupe se heurte à un front républicain : tous unis contre le Rassemblement national. Le seul vote positif dont le groupe se vante, c'est sur une loi en faveur des femmes victimes de violences. Sauf que le RN a repris un texte rédigé... par une sénatrice de droite. Le jugement du député LR Julien Dive est cinglant : "C'est quelque chose qui ne se fait pas. Cela montre juste qu'ils n'ont aucune idée, et qu'ils vont pomper les propositions chez les autres." C'est la fameuse "stratégie du coucou".

Pour Julien Dive, le bilan du RN est tout simplement "famélique". Le groupe n'a réussi à faire voter qu'une cinquantaine d'amendements dans l'hémicycle, c'est le score le plus faible. Des propositions qui montrent souvent la "vraie nature du RN", selon le socialiste Arthur Delaporte : "Derrière la cravate se cache des amendements antirépublicains ou xénophobes, quasiment dans chaque texte, qui visent à restreindre les droits des étrangers..." La gauche dénonce aussi l'attitude du RN pendant la réforme des retraites, estimant que le groupe de Marine Le Pen incarne une "opposition de façade".

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