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Résultats des législatives 2022 : après sa percée historique, le RN face à un saut dans l’inconnu

En obtenant 89 sièges à l'Assemblée nationale, le parti de Marine Le Pen est face à plusieurs défis de taille.

Article rédigé par franceinfo - Hadrien Bect
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Marine Le Pen est apparue très souriante lors de son discours au soir du second tour des législatives : le RN a réalisé une percée historique avec 89 députés. (DENIS CHARLET / AFP)

Même ici, dans le fief d'Hénin-Beaumont, personne n'y croit encore vraiment. Peu après 20h, dimanche 19 juin, les résultats du second tour des élections législatives tombent : le RN réalise une percée historique avec 89 sièges... contre huit seulement au lendemain des élections législatives de 2017.

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De quoi faire la fête donc au boulodrome d'Hénin-Beaumont, en chantant des tubes revisités pour un résultat inédit. Quelques instants auparavant, l'eurodéputée Mathilde Androuët, penchée sur son téléphone, voyait remonter les premiers sièges remportés et réalisait à peine : "Génial ! Ce sont des perspectives énormes pour nous. On apprend des noms de gens un peu partout en France qu'on n'attendait pas... On a des gens dans des coins improbables pour nous !", s'enthousiasme-t-elle, découvrant une élue en Charente, d'autres en Gironde, en Seine-et-Marne et même un grand chelem presque parfait dans les Pyrénées-Orientales et le Var.

"On s'est bien battus, hein !", sourit une nouvelle élue du Pas-de-Calais, en voyant Marine Le Pen. L'ancienne finaliste de la présidentielle, elle-même, a mis de longues minutes à y croire. Elle a ainsi commenté sur une boucle de messagerie avec son équipe à laquelle franceinfo a pu avoir accès : "C'est une si belle récompense de nos efforts". Une satisfaction qu'elle partage ensuite à la tribune face à une salle surchauffée : "Les nouveaux visages que vous allez découvrir sont l'avant-garde de cette nouvelle élite politique qui prendra la responsabilité du pays lorsque l'aventure Macron aura pris fin !"

Une visio pour faire connaissance

Dans le public, Jean-Pierre ne cache pas son émotion : "J'ai envie de pleurer. En deux mots, c'est une revanche sur la présidentielle, une revanche contre Emmanuel Macron", lâche-t-il. Avant de réagir aux défaites de certains ministres et cadres de la majorité présidentielle : "C'est une bonne chose que ces personnes-là ne soient plus présentes en tant que députés".

Reste toutefois un défi de taille : personne - y compris au sein du parti - ne se voyait sortir des législatives avec 89 députés. L'objectif avant le second tour était de 30 à 40 élus. Or, c'est aujourd'hui une autre paire de manches qui attend Marine Le Pen et les cadres : "Je n'en connais pas la moitié", s'amusait dimanche soir un pilier du RN. Les élus se réuniront donc dès ce lundi en visio, ne serait-ce que pour faire connaissance.

Et une inquiétude monte : plus le nombre d’élus est élevé, plus le risque d’erreurs de casting existe, comme celui de dérapage aussi. Un risque important préjudiciable quand on prétend incarner une opposition sérieuse. Marine Le Pen a ainsi annoncé lundi 20 juin qu'elle "ne reprendra pas la présidence" du RN pour se consacrer au groupe. 

Recrutement de dizaines de collaborateurs

Ensuite, au RN, on s’interroge : à quoi peut prétendre le nouveau groupe ? Quels sont postes à prendre dans les commissions de l'Assemblée ? Ainsi, dès lundi matin, le député de l'Oise fraîchement élu et porte-parole du Rassemblement national Philippe Ballard a réclamé sur franceinfo que la présidence de la commission des Finances de l'Assemblée nationale revienne à un député du parti de Marine Le Pen. 

Pas facile d’y voir clair quand on a pas eu de groupe depuis 35 ans. Enfin, au-delà de la stratégie, des problèmes pratiques vont se poser : le RN va devoir recruter rapidement  plusieurs dizaines de collaborateurs. "Aujourd’hui, on fait tout à quelques uns", glissait une actrice de la campagne, notant qu'il faudra voir si là aussi le "front républicain" saute, si certains sont prêts à aller travailler au RN. Le parti peut espérer attirer grâce à la manne qu’il touchera en subventions publiques : une dizaine de millions d’euros par an après ces législatives, deux fois plus que pendant les cinq dernières années.

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