"Il faut un projet révolutionnaire, radical" : le discret tour de France de Gérald Darmanin et de son mouvement "Populaires !"

Article rédigé par Paul Barcelonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Gérald Darmanin, le 29 septembre 2024, à Tourcoing. (FRANCK CRUSIAUX / AFP)
franceinfo a assisté en exclusivité à une réunion publique organisée par l'ancien ministre de l'Intérieur dans les Yvelines. Gérald Damanin entend bien compter pour la prochaine présidentielle.

Parce qu'il a des ambitions, Gérald Darmanin est persuadé qu'il aura un rôle à jouer jusqu'à la présidentielle de 2027. L'ancien ministre de l'Intérieur s'est lancé dans une tournée partout en France. Grâce à son nouveau mouvement, "Populaires !", il entend bien jouer les poils à gratter. franceinfo a pu en exclusivité assister à une réunion publique organisée à Poissy près de Paris par un Gérald Darmanin (presque) en campagne.

Réunions secrètes et sans filtre

"Ce que je vais essayer de faire, ce n'est pas de faire un discours, l'idée c'est de renverser la pyramide. Dans la Rome antique il y avait une fois par an des moments où ceux qui dirigeaient étaient dirigés par ceux qu'ils dirigeaient", déclare-t-il à l'assistance. En attendant, rien à voir avec un grand meeting, c'est au fond d'une zone d'activités que nous le retrouvons, dans un restaurant aux allures de cantine. "Populaires", le nom de sa petite boutique créée fin septembre, est écrit en bleu foncé, partout. Dans la salle, quelques chaises et un micro qui grésille. Pour mieux convaincre la centaine de chefs d'entreprise devant lui, Gérald Darmanin a même remis une cravate qu'il enlève d'habitude chez lui à Tourcoing. Un clin d'œil à cette France des patrons.

Gérald Darmanin devant des chefs d'entreprise à Poissy (Yvelines), novembre 2024 (PAUL BARCELONNE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Moi je suis gérante d'une parfumerie sur Poissy depuis 23 ans et tous les mois, quand je vois les bulletins de paie arriver, je peste quand je vois le brut et quand je vois ce qui reste à mes salariés", témoigne une femme. "On a un problème, c'est que le travail et la France ne font plus rêver", témoigne pour sa part un homme. L'ancien ministre de l'Intérieur lève un sourcil et prend des notes. Ces réunions sont presque secrètes, cash et sans filtre. franceinfo est le seul média présent dans la salle.

Pour autant, Gérald Darmanin ne veut pas tirer sur l’ambulance. "Moi, l'idée n'est pas de gêner le gouvernement, je ne suis pas là pour le présent", explique-t-il, "Quand on fait de la politique ce n'est pas toujours évident, surtout quand on est ministre  peut-être que ça va vous choquer  d'agir et de réfléchir en même temps." Réfléchir notamment à des idées les plus clivantes possibles : retraites par capitalisation, suppression de la prime d’activité, fin des systèmes de cotisations ou TVA sociale, derrière la marque Darmanin, il y a la quête d’un espace politique.

"Faire turbuler le système"

Gérald Darmanin roule d’abord pour lui, et cela marche. Le débat d’idées se mue en opération séduction et selfies. L'ancien ministre prend les compliments. "On sent bien que c'est les débuts de quelque chose", juge par exemple un homme présent dans la foule, "c'est facile de dire que les politiques c'est tous des pourris. Il vient au terrain, c'est assez courageux". Pendant sept ans, Gérald Darmanin s’est affiché partout, tout le temps, et voilà qu'aujourd’hui l'ancien ministre joue la carte de la discrétion pour ménager ses effets.

"Je pense qu'il faut un projet révolutionnaire, radical, ça ne veut pas dire extrémiste, ça veut dire radical, qui change radicalement les choses, faire turbuler le système. Ce sera pour celui qui voudra bien les prendre."

Gérald Darmanin

à franceinfo

Ses confidences sont rares, mais au micro de franceinfo, celui qui est redevenu simple député du Nord assume de prendre un peu de champ. "J'ai fait un pas de retour parmi les gens. Je ne suis pas sûr que ce soit en présidant un parti, un groupe parlementaire, en s'intéressant au débat parlementaire tel qu'il existe, qu'on arrive à faire avancer le schmilblick." Gabriel Attal, appelé à prendre la tête du parti Renaissance, appréciera. 

"Il y a désormais une différence flagrante entre les gens et la classe politique. En fait vous avez deux façons de faire. Soit vous considérez qu'il faut combattre la colère populaire, et là vous avez une vision morale, c'est toujours la gauche un peu morale qui le fait, parfois un peu nous aussi chez Renaissance on a une tendance très parisienne à juger ça de loin. On leur donne des leçons. Et puis il y a le constat que la colère populaire elle ne s'absorbe pas, elle s'accompagne, leur dire que l'extrémisme n'est pas la solution, mais que oui, il faut des choses radicales et qu'on a compris qu'ils voulaient des choses radicales pour transformer le système."

Transformer le système, c'est ce que Gérald Darmanin proposera encore dans un livre à paraître au printemps prochain et qu’il dit écrire un peu tous les matins. C'est aussi ce qu’il proposera le 10 décembre lors de la convention de son mouvement "Populaires", dans un grand théâtre Parisien, avec l’idée, cette fois, d’en faire une démonstration de force. 

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