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Agnès Pannier-Runacher soupçonnée de conflits d'intérêts : Anticor appelle à "étendre les contrôles au patrimoine des enfants et de la famille"

Un décret publié mardi au Journal officiel empêche la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, d'être en lien avec l'entreprise pétrolière Perenco, que son père a dirigée.

Article rédigé par franceinfo
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La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher lors d'une conférence de presse à Paris, le 14 septembre 2022. (BERTRAND GUAY / POOL)

Laurent Dublet, membre du bureau d'Anticor, association qui lutte contre la corruption et milite pour la transparence en politique, a jugé mardi 15 novembre sur franceinfo "étonnante" la parution du décret empêchant Agnès Pannier-Runacher de gérer les dossiers liés à l'entreprise pétrolière Perenco que son père a dirigée alors qu'elle "n'a eu de cesse de dire qu'elle n'était pas en situation de conflit d'intérêts".

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Ce décret est publié au Journal officiel une semaine après une enquête du média Disclose qui avait révélé que les enfants de la ministre étaient associés dans une société basée sur des fonds domiciliés dans des paradis fiscaux. L'évasion fiscale "nous interpelle vraiment beaucoup chez Anticor", car elle participe à "la dégradation des services publics", explique Laurent Dublet. 

franceinfo : Ce décret est une bonne chose ?

Laurent Dublet : Ce décret a été pris à la demande de Madame Pannier-Runacher, en vertu d'un autre décret qui date du 22 janvier 1959, qui précise que lorsqu'un ministre est en situation de conflit d'intérêts ou estime être en situation de conflit d'intérêts, il doit demander à être déporté des sujets ou il pourrait être en conflit d'intérêts.

Or, madame Pannier-Runacher a saisi la Première ministre en estimant être en situation de conflit d'intérêts par rapport au groupe Perenco, mais aussi par rapport à une autre société qui s'appelle Défense Conseil International et le groupe EPDC. Madame Pannier-Runacher n'a eu de cesse de dire qu'elle n'avait aucune déclaration à faire auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique parce qu'elle n'était pas en situation de conflit d'intérêts. Cela prouve le contraire.

"On a la presse qui fait des révélations et suite à ces révélations, tout d'un coup Madame Pannier-Runacher se dit : 'Ah mon Dieu ! Je suis en situation de conflit d'intérêts.' Ce qui est assez étonnant."

Laurent Dublet, membre du bureau d’Anticor

sur franceinfo

Les enfants de la ministre étaient associés dans une société basée sur des fonds domiciliés dans des paradis fiscaux. Comment réagissez-vous ?

Cela nous interpelle vraiment beaucoup chez Anticor. Aujourd'hui, cette situation de conflit d'intérêts est avérée. Il n'y aura pas de conflit d'intérêts puisque c'est la Première ministre qui prendra en charge l'ensemble des dossiers ou des actes qui vont viser, entre autres, la société Perenco. Mais c'est surtout l'évasion fiscale. Elle est estimée entre 80 et 100 milliards d'euros par an par le syndicat Solidaires des finances publiques. Je vous rappelle le budget de la justice, c'est 85 milliards d'euros. C'est un manque d'exemplarité.

L'évasion fiscale, c'est la dégradation des services publics et on le voit aujourd'hui avec l'hôpital public avec ces parents qui n'arrivent pas à faire soigner leurs enfants atteints de bronchiolite. C'est très inquiétant. Madame Pannier-Runacher de façon indirecte, ainsi que son père, participent à ce système. Et de la part d'un ministre, c'est tout de même très inquiétant.

Ce n'est pas la première fois qu'on utilise ce décret pour écarter un ministre soupçonné de conflit d'intérêts. Ça a été le cas de Stanislas Guérini ou du ministre délégué au Numérique, Jean-Noël Barrot. Qu'est-ce que cela vous inspire ?

C'est très bien qu'il y ait des décrets de déport pour des ministres qui peuvent avoir éventuellement des situations de conflit d'intérêts. Cela prévient les conflits d'intérêts. Après, il y a une très forte porosité, mais qui ne date pas de la présidence de Monsieur Macron, entre les milieux d'affaires et le milieu politique. Ca ne peut que nous inquiéter. Il faut davantage de contrôle et il faudrait notamment étendre les obligations déclaratives auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, éventuellement au patrimoine des enfants et de la famille.

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