Pap Ndiaye, ministre de l'Éducation nationale : la secrétaire générale du Snes-FSU salue "le symbole de rupture" mais "jugera sur les actes"
"Il va falloir qu'il nous montre qu'il est capable d'emporter des arbitrages très importants, notamment en matière salariale", insiste sur franceinfo samedi, Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU.
L'historien Pap Ndiaye, spécialiste des discriminations raciales en France et aux Etats-Unis a été nommé vendredi ministre de l'Éducation nationale. Une nomination critiquée rapidement. "Un symbole de rupture qui va plutôt dans le bon sens ", a analysé de son côté Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU et professeure de sciences économiques et sociales, invitée de franceinfo samedi 21 mai. Elle assure néanmoins rester prudente, "on jugera sur les actes", affirme-t-elle.
franceinfo : Pour l'instant on parle beaucoup du symbole de cette nomination mais ça n'est pas la question principale pour vous ?
Sophie Vénétitay : Oui, tout à fait. Il y a le symbole, un symbole de rupture qui va plutôt dans le bon sens. Mais on ne gouverne pas l'Éducation nationale à coups de symboles, on la gouverne par des actes. De ce point de vue-là Pap Ndiaye va devoir très rapidement nous montrer quelles sont les décisions qu'il va prendre. On attend aussi de voir s'il aura le poids politique pour remporter un certain nombre d'arbitrages. On sait que c'est quelqu'un qui ne vient pas du monde de l'Éducation nationale, qui n'est pas forcément familier du gouvernement, donc, il va falloir qu'il nous montre qu'il est capable d'emporter des arbitrages très importants, notamment en matière salariale.
Cette rupture avec la politique de Jean-Michel Blanquer, que vous avez tant critiqué, devrait se produire sous quelle forme ?
Il y a deux points qui, il me semble, sont assez urgents. Bien évidemment, la question de la méthode. On sait que la méthode Blanquer a fait beaucoup de mal. On attend de Pap Ndiaye qu'il marque rupture avec cette méthode, qui soit beaucoup plus à l'écoute et dans la concertation, qu'il ne soit pas aussi méprisant que l'a été son prédécesseur. Et puis, sur le fond, l'urgence c'est la question salariale. On est quand même à quelques mois de la rentrée et on voit que la France n'arrive plus à recruter d'enseignants et il faut très rapidement ouvrir ce dossier, revaloriser les enseignants pour lever cette crise d'attractivité de nos métiers.
Vous n'attendez pas qu'il revienne sur les réformes qu'a mises en place Jean-Michel Blanquer ? Le nouveau bac, la réforme du lycée, les changements en écoles primaires aussi.
On attend de lui qu'on puisse revenir sur certaines réformes. Je pense notamment à la réforme du bac et du lycée. Là on vient de passer les épreuves de spécialité dans les lycées. On voit à quel point ça désorganise les établissements scolaires. À quel point ça déboussole aussi les élèves, les familles et les enseignants. Il y a vraiment besoin de remettre à plat un certain nombre de choses. C'est là que va se poser une question cruciale pour Pap Ndiaye. Il a été nommé par le gouvernement d'Elisabeth Borne et avec Emmanuel Macron à la présidence de la République. Comment est-ce qu'il va appliquer le programme d'Emmanuel Macron ? On sait que le programme d'Emmanuel Macron pose aussi un certain nombre de questions en matière d'éducation. Donc là, il va devoir lever quand même pas mal de flou.
Sachant quand même que les élections législatives ont lieu dans trois semaines. Tout ça pourrait n'être que très provisoire.
Oui, on verra ce que donneront les élections législatives. Il y a trois semaines, trois semaines durant lesquelles il va être ministre de l'Éducation nationale. On verra ce qui se passera, mais en trois semaines, il y a déjà des décisions à prendre, des signaux à donner. Nous, on espère rencontrer le ministre dès la semaine prochaine et avoir notamment des premières discussions sur le dossier salarial dès la semaine prochaine. On jugera sur les actes. Les symboles, c'est bien. Il y a besoin de symboles. Il y avait besoin aussi d'apaisement dans l'Éducation nationale, mais ça ne suffit pas et on jugera sur les actes.
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