Entretiens à Bercy sur le budget : le ministre de l'Économie Éric Lombard, un "homme de gauche" attendu au tournant par les socialistes

Le nouveau ministre de l'Économie entame lundi une série d'entretiens avec les représentants des forces politiques, pour parler du budget pour 2025, dont l'élaboration a été brutalement interrompue par la censure du gouvernement Barnier.
Article rédigé par franceinfo
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Eric Lombard à Bercy, après la passation de pouvoir avec Antoine Armand, le 23 décembre 2024 (SEBASTIEN TOUBON / MAXPPP)

Les ministres de l'Économie, Éric Lombard, et des Comptes publics, Amélie de Montchalin, ont invité à Bercy les forces politiques représentées à l'Assemblée nationale, pour les associer à la préparation du budget 2025. Le gouvernement de Michel Barnier a chuté, en décembre, sur le vote de cette loi, après avoir activé l'article 49.3 de la Constitution sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). 

Parmi ces invités de Bercy, les représentants du Parti socialiste seront reçus lundi à midi. Pour certains d'entre eux, le nouveau ministre de l'Économie n'est pas un inconnu : Éric Lombard, banquier d'affaires de gauche, classé social libéral, a travaillé à la fin des années 80 au sein du gouvernement socialiste. C'est d'ailleurs entre autres pour cela que François Bayrou l'a choisi.

Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, ne cache pas en être proche, et le qualifie d'homme de gauche. Les deux hommes sont d'ailleurs amis dans la vie. Éric Lombard est passé par des cabinets ministériels socialistes au début des années 90, notamment celui de Michel Sapin, et a soutenu le socialiste Michel Rocard à la présidentielle de 1988. 

Mais le banquier d'affaire de 66 ans a fait la quasi totalité de sa carrière dans la banque, l'assurance, avant de prendre la tête de la Caisse des dépôts et consignations en 2017. Et au PS tout le monde le jure : pas question de se laisser endormir ou charmer par Éric Lombard. D'autant que les socialistes se souviennent des personnalités dites de gauche qui sont entrées dans des gouvernements d'Emmanuel Macron : Olivier Dussopt, l'ancien ministre du Travail, ou Élisabeth Borne, l'ex-Première ministre. "Ces deux-là ont mené les poltiques les plus antisociales de ces dernières années", s'étrangle-t-on au PS.

Les socialistes "non amadouables"

Difficile dans ces conditions d'imaginer que la nomination d'Éric Lombard à la tête de Bercy puisse fluidifier les relations avec le PS, voire éviter que les députés socialistes ne votent une censure en cas de recours au 49.3 sur le budget. "On ne s'attache pas à une personne, mais à la politique menée", balaie un cadre socialiste. "Nous ne sommes pas amadouables", martèle un proche de Boris Vallaud, le chef des députés PS. Les socialistes répètent à l'envi qu'ils sont dans l'opposition, et s'opposeront donc au ministre de l'Economie.
 
Un bon point cependant pour Éric Lombard : son invitation, notamment au PS, à venir discuter du budget ces prochains jours, avant donc que les débats à l'Assemblée sur le sujet ne reprennent. "C'est positif", se félicite un élu PS, qui rappelle que "les ministres de Michel Barnier ne l'avaient pas fait." 

Tout dépendra donc du contenu du projet de loi de finances qui sera présenté aux députés. Mais que ce soit Éric Lombard ou un autre à Bercy, les socialistes l'assurent : même copie, même sanction ; mêmes causes, mêmes effets. Il y aura une motion de censure en cas de budget trop austéritaire.

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