Gouvernement de François Bayrou : le nouveau ministre de l'Economie, Eric Lombard, au défi immédiat d'un budget pour 2025
Sa tâche est immense et sa mission urgente, dans un contexte de crise des finances publiques. L'actuel directeur général de la Caisse des dépôts (CDC), Eric Lombard, a été promu lundi 23 décembre ministre de l'Economie et des Finances au sein du gouvernement Bayrou. Egalement chargé et de la Souveraineté industrielle et numérique, il sera épaulé de deux ministres et trois ministres délégués. Il devra très rapidement avoir des discussions serrées avec Bruxelles : la France fait partie des mauvais élèves de l'Europe avec un déficit public qui devrait atteindre 6,1% du PIB cette année et une dette publique de 3 300 milliards d'euros.
"Urgence écologique, urgence sociale, développement de nos entreprises... Les défis qui sont innombrables, commandent de traiter notre mal endémique, le déficit, et sa conséquence sur la dette", a d'ailleurs estimé Eric Lombard au cours d'une cérémonie de passation de pouvoirs au ministère de l'Economie et des Finances, lundi soir.
Arrivé fin 2017 à la CDC, ce technicien de l'économie a comme faits d'armes la création de la Banque des territoires, le redressement en catastrophe d'Orpea (aujourd'hui Emeis) ou encore le rapprochement entre CNP Assurances et la Banque Postale. Gérer ces dossiers ne l'a pas empêché de deviser politique, sortant de la réserve attendue d'un patron de "la Caisse". "Comment est-ce qu'on gère une institution financière dans le monde de Donald Trump, de Vladimir Poutine et de Xi Jinping, pour citer trois grands démocrates progressistes et éclairés ?", s'interrogeait-il en début de mois, lors d'une rencontre organisée par l'association Europe-finances-régulations (AEFR). "Moi, je pense qu'il faut regarder les choses avec confiance et puis surtout en étant extrêmement actifs", y répondait-il.
Un ancien partisan de François Mitterrand
Diplômé d'HEC en 1981, âgé aujourd'hui de 66 ans, Eric Lombard a entamé sa carrière au sein de la banque Paribas, avant de rejoindre la mitterrandie en 1989 auprès de Michel Sapin notamment, puis de revenir à Paribas au lendemain du revers de la gauche aux législatives de 1993. Il y occupe plusieurs postes, dont celui de responsable des fusions et acquisitions en banque et assurance. Eric Lombard pilote ensuite l'assurance pour la filiale maison du désormais BNP Paribas, puis bascule en 2013 chez l'assureur Generali France. Il est poussé dehors en 2017 par le nouveau directeur général du groupe italien, Philippe Donnet.
Dans la foulée, et au terme d'un feuilleton de plusieurs semaines, il obtient finalement le poste à la tête de la CDC fin 2017 en remplacement de Pierre-René Lemas, poussé vers la sortie par Emmanuel Macron après avoir atteint l'âge de retraite préfectorale, malgré un mandat courant jusqu'en 2019. Il s'était opportunément proposé à la fonction de directeur général de la Caisse des dépôts "si le poste devait être vacant" moins de deux semaines après l'élection d'Emmanuel Macron en 2017.
Quelques critiques sur le projet d'Emmanuel Macron
Interrogé par l'AFP en 2022, le patron de La Poste, Philippe Wahl, lui prêtait de grandes compétences techniques et des qualités relationnelles indéniables. Eric Lombard, déjà pressenti à Bercy en mai 2022, s'est déjà dit "en phase avec l'itinéraire et le projet d'Emmanuel Macron". Il n'hésite pas pour autant à lui lancer quelques flèches, notamment contre la réforme des retraites, la gestion de l'Agence des participations de l'Etat et le Trésor public.
Deux figures l'ont marqué dans sa jeunesse, explique-t-il dans son livre Au cœur de la finance utile, paru début 2022 : son grand-père, industriel du textile implanté à Troyes et collectionneur d'art, et le socialiste Michel Rocard, ministre lors du premier mandat de François Mitterrand et Premier ministre de 1988 à 1991. "On ne le ressent pas en interne comme un homme de gauche", observe Salomé Vaillant, secrétaire générale du syndicat Unsa. "Pour tout ce qui est social, il n'est pas vraiment au rendez-vous", déplore-t-elle, jointe lundi par l'AFP.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.