"Sans baguette magique, ni esbrouffe", Michel Barnier veut "remettre du calme, du respect partout"
Plans sociaux, crise agricole, motion de censure, fragilité de ses soutiens... L'hiver s'annonce rude pour Michel Barnier. Dans un entretien accordé vendredi 15 novembre à Ouest-France, le Premier ministre affiche sa volonté de garder la tête froide : "Je ne me suis pas roulé par terre pour être Premier ministre. (…) J'ai accepté en me disant que je pouvais être utile". Et il expose sa méthode : "Remettre du calme, du respect partout. Le respect n'est pas un gadget, c'est une condition pour réussir".
Exemples : les collectivités locales, à qui des efforts supplémentaires sont demandés dans le prochain budget, crient à l'asphyxie. Alors que le texte arrive bientôt au Sénat, le Premier ministre promet des "ajustements". Cela pouvait constituer un irritant dans l'opinion publique : Michel Barnier ferme la porte à l'idée de supprimer un jour férié, trop complexe selon lui. Il juge d'ailleurs que pour réduire les déficits, la vraie question est celle de la baisse du chômage.
Confiance et apaisement
Le Premier ministre confirme que la réflexion se poursuit sur les jours de carence. Mais il recadre son ministre de la Fonction publique pour son tweet à Elon Musk. Donald Trump, le futur Président des Etats-Unis, a chargé le milliardaire de "démanteler la bureaucratie gouvernementale". "Hâte de travailler ensemble" l'avait chaleureusement salué Guillaume Kasbarian. Tout en demandant de l'efficacité, Michel Barnier, préfère redire sa "confiance" aux agents du service public. Et de la même manière, il salue le travail "remarquable et essentiel" des professeurs des écoles, prenant ainsi ses distances avec l'ex-président, Nicolas Sarkozy, qui les a blessés en ironisant sur leur quantité de travail.
Volonté d'apaisement encore, cette fois en direction des soignants. Ils avaient pu s'inquiéter de l'évolution du projet de loi sur la fin de vie lors des débats à l'Assemblée, avant la dissolution. "Rien ne se fera contre eux", promet le Premier ministre. Michel Barnier précise les contours du texte qui sera représenté au Parlement l'an prochain. Il souhaite rétablir des conditions plus strictes pour l'aide active à mourir, pour éviter, dit-il toute confusion, notamment sur les maladies chroniques.
Le 49.3 "probable"
Tout à sa volonté d'apaisement, le Premier ministre reconnaît pourtant qu'il devra "probablement", à la fin du débat parlementaire, recourir à l'article 49.3 de la Constitution pour faire passer son budget. "Difficile de faire autrement", souligne-il. Mais il promet de tenir compte d'idées issues de tous les groupes, qui sont réputés le soutenir. Message codé aux troupes de Gabriel Attal (Ensemble pour la République) qui se bat en coulisses pour éviter un alourdissement des charges des entreprises, alors que les Républicains ont, eux, déjà obtenu ce qu'ils voulaient sur les retraites.
Michel Barnier assure même ne pas exclure de reprendre des amendements du Nouveau Front populaire, à condition de ne pas remettre en cause l'équilibre général du projet de loi de finances. La main reste donc molle, mais elle est tendue aux socio-démocrates, avec le PS en tête.
Enfin, l'utilisation du 49.3 implique également la probabilité d'une motion de censure immédiatement après. Le Premier ministre affiche le calme des vieilles troupes : son gouvernement peut tomber, mais il ne croit pas "que les Français le souhaitent". Sous-texte : alors qu'il propose le calme, si ses opposants le font trébucher, c'est par l'opinion publique qu'ils seront jugés.
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