Immigration, économie, retraites… Ce que préconisait Michel Barnier lorsqu'il briguait l'Elysée en 2021

Candidat malheureux à la primaire interne du parti Les Républicains remportée par Valérie Pécresse, Michel Barnier avait défendu notamment un "moratoire" sur les régularisations de sans-papiers et le report de l'âge de la retraite à 65 ans.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le nouveau Premier ministre Michel Barnier, lors de l'hommage national rendu à Jacques Delors à Paris, le 5 janvier 2024. (LUC NOBOUT / IP3 PRESS / MAXPPP)

Ministre, commissaire européen, député, sénateur… Le nouveau Premier ministre Michel Barnier, désigné par Emmanuel Macron jeudi 5 septembre, a eu de nombreuses vies politiques avant d'accéder à Matignon. Il a même été candidat à la primaire des Républicains en vue de l'élection présidentielle de 2022.

Celui qui se définit comme un "gaulliste social" avait terminé en troisième position de cette primaire, remportée par Valérie Pécresse. Alors qu'il devra composer avec une Assemblée sans majorité pour faire adopter des textes, franceinfo revient sur ses propositions de l'époque.

Des positions très fermes sur l'immigration

"Le laisser-aller n’est jamais une solution en politique. Nous mesurons aujourd’hui les conséquences du laxisme et du déni. Nous devons nommer le problème, le regarder en face et le traiter", affirmait à l'époque Michel Barnier au Figaro. Tendant d'une ligne très ferme sur l'immigration et la sécurité, il avait proposé un "moratoire" sur l'immigration de trois à cinq ans. Dans cette optique, le candidat voulait "cesser les régularisations inconditionnelles des sans-papiers", "accélérer le parcours du demandeur d'asile", durcir les critères du regroupement familial et réduire la délivrance des visas long séjour.

Il avait surtout surpris, au vu de ses expériences européennes, en prônant un référendum pour permettre de retrouver une "liberté de manœuvre" en matière d'immigration, suggérant ainsi que la France devrait s'affranchir des règles garanties par les instances juridiques de l'UE et du Conseil de l'Europe. Face aux critiques, il avait maintenu qu'en matière d'immigration, "si on ne change rien, il y aura d'autres Brexit". Des positions notamment partagées par le Rassemblement national.

Une promesse d'économies et la retraite à 65 ans

Le nouveau Premier ministre va devoir gérer une situation financière précaire et présenter un budget 2025 d'ici à la fin septembre, alors que le déficit pourrait se creuser plus que prévu, selon Bercy. Michel Barnier souhaitait à l'époque de sa candidature une "stricte trajectoire d'économies" pour le budget de l'Etat et une "maîtrise de la dette". Afin de stimuler le "retour du travail et de l'activité, clé de la croissance", il préconisait de réduire les impôts de production de 10 milliards d'euros, et de baisser les charges sociales sur les salaires intermédiaires, de 1,6 à 2,5 smic.

Adepte de "réformes courageuses", Michel Barnier défendait "le passage à la retraite à 65 ans", un an de plus que la réforme adoptée en 2023, et une "plus grande efficacité de l'État" et des collectivités locales, "notamment pour éliminer tous nos doublons administratifs".

La volonté de faire la chasse à "l'assistanat"

Adoptant des positions classiques à droite, l'ancien ministre disait vouloir "encourager le travail et le mérite, au détriment de l'assistanat", en suspendant par exemple les allocations chômage "après deux refus d'une offre raisonnable". Il se déclarait toutefois "beaucoup plus soucieux" du dialogue social que le président Emmanuel Macron, dont les différentes réformes de l'assurance chômage se sont faites sans concertation avec les syndicats.

Michel Barnier disait aussi vouloir lutter contre la fraude sociale et proposait de remplacer toutes les cartes Vitale par des cartes biométriques, afin d'"économiser des sommes considérables" en supprimant un "véritable nid de fraudes". Face à la crise des services publics, il prévoyait d'augmenter les salaires dans les "services publics essentiels de la santé et de l'éducation", tout en voulant "débureaucratiser" l'hôpital et "faire davantage appel à une gestion partagée avec les médecins".

Une relance du nucléaire pour lutter contre le réchauffement climatique

Le nouveau Premier ministre était déjà en phase avec le président il y a trois ans. Celui qui a été ministre de l'Environnement de 1993 à 1995 proposait alors de "relancer" le nucléaire et d'investir dans les énergies renouvelables, comme le photovoltaïque, la biomasse ou l'hydraulique. Le candidat de l'époque disait par contre vouloir stopper les projets éoliens car "ils font beaucoup de dégâts", une position traditionnellement portée par l'extrême-droite en France.

Egalement passé par le ministère de l'Agriculture, il parlait de soutenir les agriculteurs, "premiers écologistes", et fustigeait les projets de "décroissance" agricole portés, selon lui, par l'UE. Il proposait également une taxe carbone aux frontières de l'UE : "Elle permettra de rétablir une concurrence équitable entre l'Europe et ses partenaires commerciaux."

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