L'écologie et les finances publiques, une double "épée de Damoclès" pour Michel Barnier

Le Premier ministre a parlé des enjeux écologiques dès le début de son discours. Mais il pourrait revenir sur certaines mesures, notamment le développement de l'éolien et l'objectif "zéro artificialisation nette" d'ici 2050.
Article rédigé par Guillaume Farriol
Radio France
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Michel Barnier, lors de son discours de politique générale à l'Assemblée nationale, le 1er octobre 2024. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

L'écologie est arrivée en bonne place dans la déclaration de politique générale du Premier ministre devant l'Assemblée nationale. Michel Barnier en a parlé avant l'immigration, avant la sécurité et avant la politique internationale. C'est même la première de ses "exigences".

Dans son discours, le Premier ministre place l'écologie au même plan que l'état des finances publiques : deux "épées de Damoclès" au-dessus de la France, dit le Premier ministre. "Je dirai la vérité sur la réalité de nos comptes publics et sur la réalité de l'impact de notre mode de vie sur l'environnement. Nous n'héritons pas la Terre de nos ancêtres, nous l'empruntons à nos enfants", promet-il, reprenant au passage une citation d'Antoine de Saint-Exupéry.

"Nous devons faire plus pour lutter contre le dérèglement climatique", ajoute Michel Barnier, qui liste de grandes orientations : prévenir les risques, préserver la biodiversité, encourager l'économie circulaire, décarboner les usines, encourager l'innovation, poursuivre le développement du nucléaire. Il promet aussi de relancer les textes qui encadreront la politique environnementale de la France : la stratégie énergie-climat, le plan national d'adaptation au changement climatique et la nouvelle programmation pluriannuelle de l'énergie.

Pour les détails, il faudra encore attendre. De premières pistes plus concrètes pourraient être présentées dans le projet de budget 2025. Retenons une annonce : une "grande conférence nationale de l'eau" dans les prochains mois, consacrée aux sécheresses, inondations ou aux conflits sur le partage de l'eau.

Des associations environnementales inquiètes

L'opposition de gauche et certaines associations environnementales s'inquiètent déjà de reculs environnementaux à venir. Ils craignent notamment que Michel Barnier ne défende pas le développement de l'éolien, car il avait déjà affirmé ces dernières années ne pas être convaincu par cette solution.

"Nous allons agir aussi sur l'offre énergétique, en poursuivant le développement des énergies renouvelables, en mesurant mieux dans certains cas - je pense aux éoliennes - tous leurs impacts", explique le Premier ministre. Reste donc à savoir s'il maintiendra l'objectif de 50 parcs éoliens en mer d'ici 2050.

Simplifier le DPE et relancer la construction

Le Premier ministre veut aussi revoir le DPE (diagnostic de performance énergétique), cette note donnée à chaque logement selon sa consommation ou son isolation. Michel Barnier veut simplifier le système et "adapter le calendrier". Pour le moment, il est prévu d'interdire à la location les logements classés G (les passoires thermiques) dès le 1er janvier prochain.

Autre annonce, lors de son discours : Michel Barnier compte revenir sur le "ZAN", l'objectif de "zéro artificialisation nette" d'ici 2050 qui visait à limiter l'étalement urbain pour protéger la biodiversité. Il préfère défendre l'idée de relancer le secteur de la construction : "Pour construire, il faut du foncier. Nous devons faire évoluer de manière pragmatique et différenciée la réglementation 'zéro artificialisation nette' pour répondre aux besoins essentiels de l'industrie et du logement."

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