"Un discours constructif et rassembleur", "Pas vu de rupture avec le macronisme"… Les réactions politiques à la déclaration de politique générale de Michel Barnier

La déclaration de politique générale du Premier ministre était attendue un mois après sa nomination à Matignon.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le Premier ministre, Michel Barnier, prononce son discours de politique générale à l'Assemblée nationale, le 1er octobre 2024. (ALAIN JOCARD / AFP)

Michel Barnier a détaillé mardi 1er octobre la feuille de route de son gouvernement devant les députés. Dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre s'est notamment engagé à réduire le déficit public de la France à 5% du PIB en 2025 en mettant à contribution des "grandes entreprises" et les "Français les plus fortunés", a lancé une "réflexion" sur la proportionnelle et a annoncé un report des élections locales en Nouvelle-Calédonie.

La gauche ne voit pas "de rupture avec le macronisme"

Eric Coquerel, député LFI-NFP de la 1ère circonscription de Seine-Saint-Denis, "n'a pas vu de rupture avec le macronisme sur le plan économique et social" dans la déclaration de politique générale de Michel Barnier. Ce discours "annonce la poursuite d'une politique qui va surtout s'attaquer aux dépenses publiques", affirme le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale sur franceinfo.

Si le Premier ministre a annoncé une "contribution exceptionnelle des Français les plus fortunés", Eric Coquerel "attend de voir la proportion entre la baisse des dépenses publiques, qui s'annonce à plusieurs dizaines de milliards d'euros et l'augmentation temporaire des impôts de quelques grandes entreprises". Sur le report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie, Michel "Barnier a raison de liquider la politique désastreuse de Macron en Nouvelle-Calédonie-Kanaky", a réagi de son côté Jean-Luc Mélenchon. Dans un autre tweet, le leader de La France insoumise a aussi estimé qu'il s'agissait d'un discours "creux, pontifiant, rabâchant des banalités, ce n'est pas un programme d'action mais un compte à rebours avant liquidation".

Dans l'hémicycle, la cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot, a appelé les partis centristes, notamment Horizons et le Modem, à "censurer" ce gouvernement. Mathilde Panot accuse notamment l'exécutif de "ramper devant l'extrême droite". "Nous ne vous craignons pas, car le chaos c'est vous", ajoute-t-elle.

Pour Marine Tondelier, secrétaire nationale des écologistes-EELV, Michel Barnier "a un programme bien plus concret pour les prisons que pour l’école". "C’est bien triste", a-t-elle déploré sur X. Sur le même réseau social, la députée écologiste Sandrine Rousseau estime que le Premier ministre "aura essayé de rassurer par l’ennui et la monotonie, il n’a réussi qu’à donner l’image d’une France tournée vers le passé".

Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a dénoncé un "discours alternant entre impuissance et résignation", sur X. Ce discours "enfonce, au mieux, mollement des portes ouvertes", selon le député de Seine-et-Marne. "Monsieur le Premier ministre, nous contestons votre gouvernement comme nous contestons votre projet politique, car nous considérons qu'il ne respecte pas la volonté des Français et des Françaises", a déclaré à l'Assemblée nationale Boris Vallaud, en tant que président du groupe Socialistes et apparentés. Le chef de file des députés PS dénonce une majorité "de connivence" et un gouvernement dont l'avenir "dépend" du Rassemblement national.

Le camp présidentiel juge le discours "constructif et rassembleur"

"Le discours de politique générale de Michel Barnier était sérieux, solide, constructif et rassembleur", a assuré sur X François Bayrou, président du MoDem et maire de Pau. "Chacune des options annoncées sera examinée dans les débats. Mais en ce jour de rentrée, il correspondait à l'urgence et allait vers un climat plus positif. Bienvenu !"

Les groupes participants au gouvernement n'ont "jamais renié" leurs "divergences parfois profondes", a déclaré Gabriel Attal, à l'Assemblée nationale en tant que président du groupe Ensemble pour la République (EPR). "Les Français ne nous demandent pas d'effacer nos différences, mais d'agir", a ajouté l'ancien Premier ministre. "Soyons à la hauteur de la France. La France ne se résumera jamais à trois blocs", a-t-il poursuivi. 

Gabriel Attal a aussi rébondi sur la proposition de Michel Barnier de faire contribuer les grandes fortunes et les grandes entreprises pour une meilleure "justice fiscale" estimant qu'il fallait "moins de dépense et certainement pas plus d'impôt".

La droite républicaine assure le gouvernement d'un "soutien" total

"C'est un Premier ministre de droite" qui doit "évidemment composer" avec la "coalition gouvernementale qui a été mise en place", estime Ian Boucard, député La Droite républicaine du Territoire de Belfort, sur franceinfo. "On travaille d'arrache-pied pour essayer de déplacer le curseur le plus loin possible" vers "le pacte législatif que nous avions proposé au mois de juillet dernier et autour de Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau", affirme le vice-président du groupe La Droite républicaine à l'Assemblée nationale. "Michel Barnier trace son sillon pour la France et les Français. Donnons-lui le temps de réussir !", a tweeté Philippe Gosselin, député Les Républicains de la Manche.

Bruno Retailleau aura "la totalité de notre soutien" pour "réarmer notre droit", a déclaré Laurent Wauquiez à l'Assemblée nationale en tant que président du groupe de la Droite républicaine. Laurent Wauquiez s'est aussi attaqué au bloc de gauche qu'il accuse d'avoir "épousé les causes les plus extrémistes de Jean-Luc Mélenchon".

L'extrême droite jugera le gouvernement "aux actes"

"Si nos lignes rouges sont franchies nous censurerons", a déclaré sur franceinfo Laure Lavalette, députée du Rassemblement national. "Il faudra que ces hausses d‘impôts soient compensées par des mesures pour les classes moyennes et les Français qui travaillent, poursuit la députée RN. Il y a une grande différence entre le discours de politique générale et le budget, c'est pour ça que nous sommes très attentifs".

"Le mouvement national n’entend pas entraîner le pays vers le chaos", a déclaré Marine Le Pen, qui confirme que le Rassemblement national ne censurera pas le gouvernement Barnier. La présidente du groupe RN à l'Assemblée assure qu'elle jugera le gouvernement de Michel Barnier "aux actes", après la déclaration de politique générale du Premier ministre.

Marine Le Pen a notamment listé ses "lignes rouges", sur les questions économiques, budgétaires, mais aussi sur l'immigration. "Nous vous demandons de remettre à l'agenda dès le 1er trimestre 2025 une loi immigration restrictive", ajoute-t-elle. "Ce n'est qu'à vos actes que nous vous jugeons, jamais sur la base de postures puériles, poursuit-elle, nos députés seront des soutiens si vous savez faire preuve de courage."

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