Vidéos Impôts, retraites, immigration... Les séquences à retenir de l'interview de Michel Barnier sur France 2

Deux jours après son discours de politique générale à l'Assemblée nationale, le Premier ministre a développé plusieurs dossiers lors de l'émission "L'Evénement", jeudi soir.
Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre, Michel Barnier, sur le plateau de l'émission de France 2 "L'Evénement", le 3 octobre 2024, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). (THOMAS SAMSON / AFP)

Il demande "un effort à tout le monde". Deux jours après son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale, Michel Barnier a livré sa première interview d'ampleur dans l'émission "L'Evénement", sur France 2, jeudi 3 octobre. Budget 2025, immigration, situation au Proche-Orient... Voici les séquences marquantes de cette prise de parole du nouveau chef du gouvernement.

Sur la situation au Proche-Orient : "Israël est en état de légitime défense"

Les premières minutes de l'interview ont été consacrées à la situation au Proche-Orient. "On a un risque d'embrasement", a reconnu Michel Barnier. Mais "je ne crois pas qu'il soit trop tard pour l'interrompre". Celui qui a occupé le poste de ministre des Affaires étrangères pendant un an, de 2004 à 2005 sous Jacques Chirac, estime qu'"Israël est en état de légitime défense en quelque sorte" après les massacres du 7-Octobre. "La sécurité d'Israël n'est pas négociable, et en même temps, quand il y aura un cessez-le-feu, il faudra tracer une perspective pour le peuple palestinien", a-t-il poursuivi.

Sur ses relations avec l'extrême droite : "Je ne négocie pas avec madame Le Pen" 

S'il y avait une ambiguïté sur le sujet, le Premier ministre veut se montrer clair. "Je ne négocie pas avec Marine Le Pen, ni avec les partis d'extrême gauche qui n'ont pas voulu participer au gouvernement". "J'ai simplement rappelé à Marine Le Pen ce que j'avais dit en arrivant [à Matignon], que tous les députés seraient respectés, que je dois le respect aux élus de la Nation", a affirmé le Premier ministre, en référence à son recadrage de son ministre de l'Economie Antoine Armand, le 24 septembre. Ce dernier avait estimé que le Rassemblement national n'appartenait pas "à l'arc républicain".

Sur les hausses d'impôts à venir : "300 entreprises seront concernées"

Lors de son discours de politique générale, mardi, le Premier ministre a promis de "dire la vérité aux Français". Et cela commence par le délicat sujet du projet de budget pour 2025, qui doit être présenté aux députés le 10 octobre. Ce sont finalement quelque "300 entreprises" qui seront concernées par des hausses d'impôts, "pendant un an, peut-être deux", a précisé Michel Barnier. La durée sera "actée quand ce sera voté". Cet effort, "exceptionnel" et "temporaire", concerne les plus grandes entreprises "qui font plus de 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires", a-t-il rappelé.

Le nouveau Premier ministre a aussi expliqué que les mesures fiscales "exceptionnelles et temporaires" visant les plus riches permettraient de récolter "peut-être 2 milliards" d'euros, par l'intermédiaire d'un "ajout" à la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, un impôt déjà existant. 

Michel Barnier réfute le terme de "choc fiscal". Parmi les 60 milliards d'euros qu'il compte trouver dès l'année prochaine, plus des deux tiers, soit 40 milliards d'euros, sont censés provenir de réductions de dépenses, et le dernier tiers de hausses d'impôts. Pour autant, "non, on n'entre pas dans une période de rigueur, ni d'austérité, puisque les dépenses publiques vont continuer d'augmenter, comme l'année dernière. Donc ce n'est pas la rigueur."

Pour adopter le prochain budget, Michel Barnier n'exclut pas d'utiliser l'article 49.3 de la Constitution : "Moi, je souhaiterais qu'il puisse être adopté par l'Assemblée nationale. Ce sera un budget difficile, sérieux et responsable. Si on n'y arrive pas, on utilisera le 49.3 qui est un outil de la Constitution".

Sur le report de six mois de la revalorisation des retraites : "Je demande un effort à tout le monde" 

L'ancien négociateur du Brexit a également été interrogé sur sa décision de reporter la revalorisation des retraites de six mois. Le Premier ministre met une nouvelle fois en avant la nécessité pour l'Etat de trouver 60 milliards d'euros d'économies. "Je demande un effort à tout le monde, et cet effort, il sera juste. Et je pense que celui-ci, il est juste et proportionné, même si je sais qu'il est difficile", a-t-il revendiqué.

Sur les mesures d'économies : "On va fusionner des services publics"

Parmi les pistes imaginées pour réduire les dépenses de l'Etat, Michel Barnier propose aussi de "fusionner des services publics". "On va sans doute ne pas remplacer tous les fonctionnaires quand ils ne sont pas en contact direct avec les citoyens, tous les fonctionnaires qui partent en retraite", a-t-il évoqué.

Sur la fin de vie : "Je suis favorable à reprendre le travail là où il a été interrompu"

Mardi, devant les députés, Michel Barnier avait indiqué vouloir reprendre "le dialogue" seulement "en début d'année prochaine" sur le projet de loi sur la fin de vie, dont l'examen avait été interrompu par la dissolution début juin. Sur France 2, le nouveau chef du gouvernement a redit qu'il était "favorable à reprendre le travail là où il a été interrompu".

Dans un objectif de "gagner du temps", c'est bien le projet tel qu'il a été examiné et amendé que Michel Barnier souhaite reprendre : "Il faut faire les choses sérieusement, avec gravité. Peut-être aussi en écoutant les soignants et les accompagnants."

Sur les prestations sociales : "Je vais ouvrir le chantier de l'allocation sociale unique"

C'est "un chantier" qu'il veut ouvrir, mais "qui va prendre un peu de temps" : celui de "l'allocation sociale unique". "Il faut que le travail paie plus que l'addition des allocations. Il faut aussi débureaucratiser cette masse d'allocations qui sont réparties", a-t-il expliqué.

Ce projet fait partie de ceux présentés mercredi par Laurent Wauquiez, président des députés Droite républicaine (ex-LR). Avec ses troupes, il préconise une "allocation sociale unique plafonnée" à "70% du Smic", destinée selon lui à lutter contre l'"assistanat".

Sur l'immigration : il assure que c'est lui qui "fixe la ligne"

Interrogé sur sa vision de l'immigration, le Premier ministre a estimé que "quand elle est acceptée, choisie, qu'on accueille des gens qui sont en danger", c'est "le droit et l'honneur de notre pays et de l'Europe de les accueillir". "Il y a tellement de sportifs, de musiciens, d'entrepreneurs qui donnent l'exemple et qui sont bien intégrés", a-t-il ajouté.

Sur la question de l'immigration, "c'est moi qui fixe la ligne", a voulu rappeler Michel Barnier. Des mots qui sont en quelque sorte une réponse à ceux du nouveau ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui a occupé l'espace médiatique ces derniers jours, déclarant notamment qu'à ses yeux, "l'immigration n'est pas une chance pour la France".

Sur l'agriculture : "On va faire une pause sur les normes"

A la veille de son déplacement dans une exploitation du Puy-de-Dôme, Michel Barnier a également tenu à s'adresser aux agriculteurs. "Touchés par des crises sanitaires, des mauvaises récoltes", ils "méritent d'être encouragés. Ils en ont ras-le-bol. Ras-le-bol des contraintes, des règles et des contrôles."

"Donc on va faire une pause sur les normes", a annoncé celui qui a été ministre de l'Agriculture pendant deux ans, de 2007 et 2009, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Les agriculteurs "travaillent beaucoup de manière vitale pour faire vivre, pour nourrir les Français avec de la nourriture saine, équilibrée, diversifiée, traçable", a-t-il voulu rappeler.

Dans sa déclaration de politique générale, mardi, Michel Barnier avait déjà promis de "soutenir" les agriculteurs "lorsqu'ils sont frappés par des crises, qu'elles soient climatiques ou sanitaires, comme c'est le cas en ce moment avec la fièvre catarrhale ovine".

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