Les trois chemins qui s'offrent à Hollande pour tenir jusqu'en 2017
S'il peut apparaître comme une solution à court terme, le limogeage de plusieurs ministres du gouvernement de Manuel Valls est loin de résoudre tous les problèmes qui se posent au président de la République.
François Hollande a tranché. Après les critiques d'Arnaud Montebourg sur sa ligne politique, le chef de l'Etat a accepté la proposition de Manuel Valls de revoir la composition du gouvernement, lundi 25 août. Objectif : ne garder autour d'eux que les ministres pleinement en accord avec le cap fixé. Exit Arnaud Montebourg (Economie), donc, mais aussi Benoît Hamon (Education), Aurélie Filippetti (Culture) et, peut-être, Christiane Taubira (Justice).
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Si elle a le mérite de clarifier les choix politiques de l'exécutif – réduire coûte que coûte les déficits, et apporter un soutien massif aux entreprises –, cette solution ne résout pas tout. Majorité divisée, manque de résultats... La position du chef de l'Etat est de plus en plus fragile. A tel point que certains, dans l'opposition, n'ont plus que le mot "dissolution" à la bouche. Comment François Hollande peut-il réussir à tenir jusqu'en 2017 ? Francetv info se penche sur les scénarios possibles pour la fin de son quinquennat, et livre ses pronostics.
Gouverner cahin-caha avec une majorité étriquée
> Probabilité : 80%
La nouvelle équipe gouvernementale n'est pas encore connue, mais, selon les mots de l'Elysée, elle sera "en cohérence avec les orientations que [le président de la République] a lui-même définies pour notre pays". Sous-entendu : tous ceux qui ne sont pas d'accord avec le cap fixé par François Hollande, mais qui étaient jusqu'à présent au sein du gouvernement dans un seul souci d'équilibre politique, devront faire leurs valises.
Contraint et forcé, François Hollande prend aujourd'hui un risque qu'il n'avait, de toute sa carrière, jamais voulu prendre : se couper ouvertement d'une partie du PS. Lui, le chantre de la synthèse, parviendra-t-il à gouverner ainsi pendant deux ans et demi ? Il est permis d'en douter. "La viabilité du futur gouvernement reste à démontrer", lance ainsi le député Arnaud Leroy, membre de la garde rapprochée d'Arnaud Montebourg.
Très en verve ces derniers mois, les "frondeurs" du PS ne sont pas encore allés jusqu'à voter contre le gouvernement. Au pire, certains se sont abstenus. Mais le limogeage des ministres dont ils se sentaient les plus proches pourrait décupler leurs velléités contestataires. Le député Patrice Prat, autre proche d'Arnaud Montebourg, pronostique ainsi "un durcissement des positions". La majorité absolue du PS à l'Assemblée ne tenant qu'à une seule petite voix, le gouvernement pourrait alors être bloqué sur de nombreux textes, incapable d'appliquer la politique qu'il souhaite. "La marge de manœuvre n'est pas inexistante, mais elle est étroite", euphémise le politologue Lauren Bouvet.
Se résoudre à dissoudre l'Assemblée nationale
> Probabilité : 15%
Face à cette perspective de blocage parlementaire, de nombreuses voix s'élèvent – à droite et à l'extrême droite – pour réclamer une dissolution de l'Assemblée. "Sur le plan institutionnel, c'est effectivement la prochaine étape", redoute le député socialiste Gérard Bapt, élu pour la première fois à l'Assemblée en 1978.
"La question peut se poser aujourd'hui de façon réaliste, abonde le politologue et sondeur Brice Teinturier, dans un entretien à francetv info. Ce ne serait pas une dissolution voulue, comme en 1997, mais une dissolution subie, par déficit de majorité au Parlement." Par exemple, lors d'un vote de confiance au gouvernement ou du vote d'un texte majeur comme le collectif budgétaire.
Pour le moment, l'hypothèse reste tout de même hautement improbable. "Personne, à gauche, n'a intérêt à ce que cela se produise", souligne le politologue Laurent Bouvet. Une dissolution entrainerait, en effet, des élections législatives anticipées, qui se traduiraient, à coup sûr, en un véritable désastre électoral pour le Parti socialiste.
Changer de cap et se tourner vers la gauche du PS
> Probabilité : 5%
C'est ce que réclament précisément Arnaud Montebourg, les "frondeurs" du PS, les écologistes et les communistes : un virage à gauche du gouvernement, plus conforme aux aspirations des militants. Mais "ce scénario n'est pas crédible", estime le politologue Stéphane Rozès, président de Conseil, analyses et perspectives, et enseignant à Sciences Po et HEC, dans la mesure où "François Hollande doit d'abord tenir compte de la situation économique du pays et du contexte économique international".
"Le cap est fixé. On ne va pas en changer tous les quatre matins !", balaye un député PS proche du président de la République. Lequel a d'ailleurs lui-même rappelé, dans un entretien au Monde accordé il y a quelques jours, qu'il était hors de question de renoncer à la ligne politique choisie, arguant que "toute godille ou tout zigzag rendrait incompréhensible notre politique et ne produirait pas de résultats". Les frondeurs sont prévenus.
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