Pourquoi les radicaux de gauche menacent (encore) de faire valser le gouvernement
Fort de leurs trois ministres, les radicaux de gauche menacent une nouvelle fois de quitter l'équipe de Manuel Valls. Renforcé par le départ des écologistes et la "fronde" au PS, le parti est devenu un habitué de ces ultimatums.
Enième coup de poker pour Jean-Michel Baylet ou menace sérieuse ? Le président du Parti radical de gauche (PRG) soumet, lundi 13 octobre, un "pacte de gouvernement" à François Hollande et Manuel Valls. Il leur demande de revenir sur plusieurs mesures fortes décidées ces dernières semaines.
En l'absence d'"avancées", le PRG ne restera pas membre du gouvernement, prévient Jean-Michel Baylet sur France 3. C'est la quatrième fois que Baylet profère des menaces de ce genre depuis le début du quinquennat, explique Le Lab. Le parti compte trois personnes au gouvernement : Sylvia Pinel au Logement, aux Territoires et à la Ruralité ; Thierry Braillard aux Sports ; et Annick Girardin à la Francophonie et au Développement. Francetv info vous explique pourquoi les radicaux de gauche sont devenus des habitués de ces ultimatums.
Parce que la réforme territoriale ne fait pas leurs affaires
Le mécontentement du parti s'est d'abord cristallisé autour de la réforme territoriale. Le projet de François Hollande de réduire le nombre de régions et de faire disparaître la plupart des assemblées départementales ne plaît guère aux radicaux. L'enjeu électoral est de taille pour le parti, qui ne mobilise guère lors des élections nationales, mais reste implanté dans les conseils généraux et régionaux, notamment en Midi-Pyrénées et en Corse.
"Nous sommes plus qu'en désaccord, nous sommes en rupture" avec le gouvernement sur ce dossier, déclarait dès juillet Jean-Michel Baylet dans Le Monde. Le patron des radicaux dénonce, dans Le Nouvel Observateur, une réforme qui "se fait dans la précipitation et en dehors de toute concertation utile et réelle avec celles et ceux qui sont concernés, c'est-à-dire les élus locaux, les fonctionnaires territoriaux et les populations". Le PRG plaide notamment pour le maintien de 54 conseils départementaux, quand le gouvernement n'en envisage qu'une quinzaine.
Parce que Jean-Michel Baylet a perdu son siège de sénateur
Il se rêvait ministre, il n'est même plus parlementaire. Jean-Michel Baylet "s'est pris une grosse claque" aux dernières sénatoriales, confie un dirigeant du PRG à Libération. Le patron des radicaux de gauche a perdu, dimanche 28 septembre, son siège de sénateur du Tarn-et-Garonne, avec 41,32% des suffrages contre 50,84% pour le divers droite François Bonhomme. La faute à la réduction du nombre de grands électeurs de gauche lors des élections municipales de mars, mais aussi à une candidature dissidente.
Depuis cette défaite, Jean-Michel Baylet est chafouin et dénonce, "très contrarié", l'attitude du Parti socialiste lors de ce dernier scrutin. "L'accord électoral n'a été respecté nulle part, explique-t-il à Europe1. Les candidats radicaux ont été fusillés volontairement par des grands électeurs socialistes." Assez pour envisager une sortie du gouvernement, confie-t-il au site internet de la radio.
Parce que le parti profite de son "potentiel de nuisance"
Depuis le départ des Verts, le Parti radical de gauche est le dernier allié gouvernemental des socialistes, ce qui lui permet de jouir d'un "potentiel de nuisance" face à l'exécutif, note Libération. Son départ du gouvernement serait donc un symbole embarrassant pour le PS, qui serait alors au pouvoir en solitaire. Grâce à ses menaces régulières, Jean-Michel Baylet obtient régulièrement rendez-vous dans les bureaux du président de la République et du Premier ministre, explique le quotidien.
D'autant qu'avec la montée des "frondeurs" à l'Assemblée nationale, le PRG a également une influence accrue au Parlement. Lors du vote de confiance, mardi 16 septembre, Manuel Valls n'avait pas pu compter sur les seules voix des députés socialistes et avait dû s'appuyer sur 13 des 17 voix du groupe radical pour obtenir la majorité, rappelle L'Express. En cas de départ de ses trois ministres, le PRG ne serait plus tenu à la solidarité gouvernementale, note l'hebdomadaire. Et serait alors une épine supplémentaire dans le pied du Premier ministre, déjà affaibli par les critiques venues de la gauche du PS.
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