ISF, 80 km/h, service public... Emmanuel Macron a fait face aux maires pendant six heures
Le chef de l'Etat donne le coup d'envoi officiel du grand débat national depuis la Normandie, avec l'espoir de clore la crise des "gilets jaunes" qui a ébranlé son quinquennat et bousculé son agenda de réformes.
Ce qu'il faut savoir
C'est dans le gymnase de la petite commune de Grand Bourgtheroulde (Eure), devant 600 maires normands, qu'Emmanuel Macron donne, mardi 15 janvier, le coup d'envoi du grand débat national, censé répondre à la crise des "gilets jaunes" en donnant pendant deux mois la parole aux Français.
Un grand débat sans "tabou". "S'il y a des questions intelligentes, des sujets que je n'ai pas vus qui émergent, ils seront aussi pris. Il ne doit pas y avoir de tabou au moment où l'on se parle", a déclaré le chef de l'Etat devant quelque 600 élus normands réunis à Grand Bourgtheroulde (Eure). Plus tard dans l'après-midi, après avoir écouté plusieurs maires poser leurs questions, il a précisé sa position sur l'ISF. "Cette réforme doit être évaluée, mais on ne va pas renoncer à une réforme d'il y a un an", a-t-il dit.
Une visite surprise au conseil municipal de Gasny. Emmanuel Macron a commencé la journée par une visite surprise à la mairie de Gasny (Eure), où se tenait le conseil municipal de cette commune de 3 000 habitants. Il a échangé quelques minutes avec les élus. Un conseiller municipal, salarié de la SNCF mécontent de la réforme menée au printemps dernier, a posé un gilet jaune sur la table pendant la rencontre. Face aux élus, il a estimé que le mouvement était "une chance pour qu'on puisse réagir plus fort et plus profondément".
• Une phrase sur les personnes en difficulté "qui déconnent". "Les gens en situation de difficulté, on va davantage les responsabiliser car il y en a qui font bien et il y en a qui déconnent", a lancé Emmanuel Macron lors d'une réunion à huis clos avec les élus du conseil municipal de Gasny.
• Un déplacement sous haute sécurité. Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène face à une centaine de "gilets jaunes" et deux hommes ont été interpellés à Grand Bourgtheroulde. "Des manifestants ont agressé des gendarmes", a indiqué un gendarme interrogé sur la raison des gaz lacrymogènes. Cette première sortie du chef de l'Etat en région depuis un mois se déroule sous haute sécurité. Un arrêté préfectoral a interdit toute manifestation sur la commune jusqu'à mercredi, ce qui n'a pas empêché des "gilets jaunes" et des syndicats de manifester sur place.
• Le début d'un tour de France. Mardi, la commune normande de 3 500 habitants sera la première étape d'un tour de France qui conduira le président à écouter les maires de toutes les régions françaises, lors d'une dizaine de rencontres du même type. Depuis qu'il a été violemment pris à partie par des manifestants début décembre au Puy-en-Velay, Emmanuel Macron n'est plus retourné au contact des Français. Seule exception, une visite éclair sur le marché de Noël de Strasbourg le 14 décembre, après l'attentat qui a fait cinq morts.
• Pas de réponse de l'Elysée avant mars. L'Elysée veut éviter que le grand débat apparaisse comme un exercice verrouillé par le gouvernement, comme l'en accuse une partie des "gilets jaunes" et de l'opposition. Il n'est donc pas question que le président tranche sur un sujet avant la fin du débat, mi-mars. L'enjeu est crucial pour Emmanuel Macron, qui compte relancer son quinquennat et reprendre l'initiative après deux mois de crise et d'effondrement dans les sondages.
Les Français restent sceptiques. Près d'une personne interrogée sur deux a l'intention de participer au grand débat, mais les Français ne sont que 31% à penser qu'il permettra de sortir de la crise des "gilets jaunes", selon un sondage OpinionWay publié lundi.