Ifop : les électeurs socialistes sont divisés sur la question européenne
Alors que l'Europe s'enlise dans la crise, la question de l'intégration européenne se pose avec acuité aux candidats à l'Élysée, notamment celui du PS. Selon une récente étude de l'Ifop, les électeurs socialistes sont en effet très partagés. Examen.
A moins de cinq mois de la présidentielle et alors que l'euro traverse une crise de confiance (il est retombé à 1,30 dollar sur les marchés mercredi 14 décembre, une première depuis le 12 janvier), l'avenir de l'Europe et de sa gouvernance est au cœur de l'actualité.
Elle sera aussi au centre de la campagne de la présidentielle. Or si les positions des principaux candidats sont connues, la conviction des Français est, elle, nettement moins médiatisée.
Près de vingt ans après le référendum sur le traité de Maastricht et à quelques jours du 10e anniversaire de la monnaie européenne, quelles sont les lignes de clivages entre pro-européeens et euro-sceptiques ? Qu'en pensent les électeurs de droite et de gauche ? Ont-ils changé d'opinion au cours des vingt dernières années ?
Retour sur les principales conclusions d'une 'étude de l'Ifop.
Centristes et sympathisants de droite favorables à l'intégration
En tête du classement, les sympathisants du MoDem qui restent, malgré un léger fléchissement, majoritairement favorable à davantage d'intégration européenne (65% en 2011 contre 78% en 2005).
Les électeurs de l'UMP arrivent en seconde position avec un soutien à 57%. S'ils restent toujours majoritairement d'accord avec la politique menée par Nicolas Sarkozy, l'adhésion à davantage d'intégration s'exprime toutefois moins nettement qu'en 2005 (69 % à l'époque).
Mais ce recul ne remet pas en cause le renversement majeur observé dans cet électorat par rapport à Maastricht. A l'époque, seuls 30 % des sympathisants RPR avaient voté "oui". Le poids des gaullistes historiques, souverainistes, avait fortement pesé.
Les électeurs socialistes divisés
Evolution strictement inverse chez les socialistes. Si en en 1992, les sympathisants avaient approuvé à 76 % le traité de Maastricht, ils n'étaient plus que 57 % pour soutenir le traité constitutionnel européenn (TCE) en 2005. Un recul dû au contexte politique, selon Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et Stratégies d'Entreprises explique en partie ce décalage.
"En votant 'oui' en 1992, le sympathisant socialiste pouvait indiquer un soutien à François Mitterrand et en votant "non" 13 ans plus tard signifier son opposition à Jacques Chirac", explique-t-il ajoutant que les arguments des opposants à une "Europe libérale" ont aussi joué.
En 2011, le rapport de force s'est rééquilibré : 53 % se disent en faveur de davantage d'intégration européenne et 47 % contre. Une donnée dont devra tenir compte le candidat socialiste.
Progression du "non" dans les classes moyennes
Parmi les autres constats de l'étude, la confirmation du clivage selon le niveau social, critère qui avait joué à fond lors des référendums sur les traités. En 2005, 62 % des cadres supérieurs et des professions libérales avaient en effet voté "oui" contre seulement 26 % des ouvriers. En 2011, cet écart s'est resserré avec respectivement 62% et 38%.
Autre enseignement, la progression du "non" dans les classes moyennes se poursuit. En 2011, seuls 35 % des employés sont favorables à davantage d'intégration européenne (44% en 1992 ; 38 % en 2005) et 47 % des professions intermédiaires (58% en 1992 ; 54 % en 2005).
La marge de manoeuvre des candidats
Les conclusions de l'Ifop, comme celles d'autres sondages sur la question européenne, seront étudiées de près par les candidats, notamment par François Hollande.
Compte tenu de son socle électoral, le député de Corrèze devra gérer avec encore plus de doigté les questions budgétaires et celles inhérentes aux efforts à fournir pour restaurer les finances publiques.
En outre, si 52% des Français estiment que l'ancien premier secrétaire du PS a raison de vouloir renégocier l'accord de Bruxelles sur la gouvernance européenne et la dette, selon un sondage BVA du 15 décembre, 48% pensent qu'il ne ferait "ni mieux, ni moins bien" que Nicolas Sarkozy, un chiffre identique chez les sympathisants de gauche.
* Pour cette étude, l'Ifop a comparé les résultats d'enquêtes sur les intentions de vote lors des référendums sur Maastricht en 1992 et sur le Traité Constitutionnel Européen en 2005 avec ceux de sondages réalisés actuellement par l'Ifop, sur des échantillons respectivement de 2850, 2558 et 2972 personnes.
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