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Incident Baroin : Jean-François Copé trouve l'épiderme des socialistes "bien sensible"

La politique est l'art de la rhétorique. Preuve en est avec la petite phrase sur la victoire "par effraction" des socialistes aux législatives de 1997, prononcée mardi par François Baroin à l'Assemblée et qui depuis alimente le Landerneau politique.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Jean-François Copé prononce un discours lors des journées parlementaires, à Saint-Cyr-sur-Loire, le 14 novembre 2011. (AFP - Alain Jocard)

La politique est l'art de la rhétorique. Preuve en est avec la petite phrase sur la victoire "par effraction" des socialistes aux législatives de 1997, prononcée mardi par François Baroin à l'Assemblée et qui depuis alimente le Landerneau politique.

Maladresse ou déclaration délibérée ? La formule du ministre de l'Economie et des Finances, François Baroin, mardi dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale sur les socialistes qui ont pris le pouvoir "par effraction" en 1997, n'en finit pas d'agiter les esprits.

A l'UMP, on banalise l'évènement, voire on "titille" de nouveau les socialistes. Au PS en revanche, l'incident ne fait pas du tout rire.

"Nous ne faisons pas l'alliance avec l'extrême droite"

"Je trouve que les socialistes ont l'épiderme bien sensible lorsqu'il s'agit d'eux, j'aimerais qu'ils l'aient aussi sensible lorsqu'ils parlent de nous", a dit le secrétaire général de l'UMP à des journalistes, en marge de la visite de Nicolas Sarkozy à Colombey-les-Deux-Eglises.

Jean-François Copé le 9 novembre 2011

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"Il ne vous a pas échappé que lorsque les socialistes parlent de l'UMP c'est souvent injurieux, insultant, donc sans commune mesure avec cette phrase de François Baroin qui, quand vous la remettez dans son contexte, n'est pas si inexacte que ça", a poursuivi le maire de Meaux.

"J'ai des souvenirs très précis de ce que fut 1997", après la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par le président Jacques Chirac, a insisté le patron de l'UMP soulignant que "si les socialistes l'avaient emporté c'est grâce, pour eux, aux 70 triangulaires qui avaient permis au Front national de se maintenir au second tour, comme nous ne faisons pas l'alliance avec l'extrême droite".

Christian Estrosi prend ses distances

Invité des "4 Vérités" sur France 2, le député UMP de Nice, Christian Estrosi, n'a guère apprécié la sémantique du ministre. "François Baroin est quelqu'un de très équilibré, pour qui j'ai beaucoup de respect, un bon ministre de l'Economie et des Finances. En même temps, je dirais que je n'adhère pas à l'"effraction'", a-t-il dit.

Christian Estrosi aux 4 V de France 2 le 9 novembre 2011

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"Nous sommes dans une démocratie, il y a eu des bulletins dans l'urne, la gauche a gagné, ça n'était pas une effraction", a-t-il ajouté. Même appréciation de l'ancien ministre UMP de la Relance, Patrick Devedjian, qui considère que le mot de François Baroin est "regrettable".

Michèle Tabarot, députée (UMP) et présidente de la commission des affaires culturelles de l'Assemblée, a qualifié mercredi de "propos un peu délicats" les déclarations de M. Baroin.

Les critiques sont toutefois minoritaires au sein de la majorité.

Ainsi, le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, juge que François Baroin a bien fait. "Personne n'est dupe de la comédie qui a été surjouée hier à l'Assemblée par les socialistes. C'est une manouvre de diversion pour éviter le débat d'idées", a-t-il commenté sur Europe 1.

Le PS demande des excuses, Baroin ne l'envisage pas

Pas prêt à lâcher l'affaire, le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a répété mercredi sur Europe 1, que M. Baroin devait présenter ses excuses après "une bêtise". Mardi, à la reprise des débats à l'Assemblée, le chef de file des députés PS, Jean-Marc Ayrault avait déjà fait une demande en ce sens. En vain pour le moment.

Interrogé par la presse à son arrivée en commission des finances de l'Assemblée mercredi, M. Baroin, après avoir déclaré "pas de commentaire", a spontanément lâché, dans le brouhaha, un "vous plaisantez!" à un journaliste qui lui demandait s'il était prêt à s'excuser.

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