Jamais autant de Français n'avaient voté blanc ou nul
Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, plus de deux millions d'électeurs ont placé un bulletin blanc ou nul dans l'urne dimanche. Si bien que François Hollande a été élu avec moins de la moitié des voix.
Comme Jacques Chirac en 1995, François Hollande a été élu dimanche 6 mai sans recueillir la moitié des votes. La faute au score historiquement élevé des bulletins blancs et nuls. Comptabilisés de façon groupée lors des dépouillements mais exclus du décompte final dit "des suffrages exprimés", ils ont franchi au second tour la barre des deux millions de votants.
• Un nombre record de bulletins blancs et nuls
Pour la première fois lors d'une élection présidentielle sous la Ve République, plus de deux millions de Français ont placé un bulletin vierge, multiple ou encore annoté dans leur enveloppe dimanche. Selon les résultats définitifs du ministère de l'Intérieur, les bulletins blancs et nuls représentent ainsi 2,15 millions (5,8%) des 37 millions de votes. Le précédent record datait de 1995, avec 1,9 million.
Au final, s'il a recueilli 51,62% des suffrages exprimés, François Hollande ne l'a emporté qu'avec 48,63% des votes. De la même manière, en 1995, Jacques Chirac avait battu Lionel Jospin en réunissant 49,5% des votants.
• Le taux de 1969 pas atteint
Le taux de votes blancs et nuls le plus élevé pour un scrutin présidentiel reste toutefois de 6,42%, pour le second tour de l'élection de 1969. Et pour cause. Cette élection avait été marquée par l'absence de candidat de gauche : Georges Pompidou était opposé à Alain Poher. Le vote blanc et nul était aussi plus important en pourcentage en 1995 avec 5,97%.
Par rapport au premier tour, le vote de dimanche a vu une montée en flèche des suffrages non exprimés, passant de 1,9% le 22 avril à 5,8%. Dans le Pas-de-Calais, ils ont parfois été multipliés par quatre, avec des bulletins "Allez le Losc", "Adolf Hitler" ou encore du papier toilettes glissé dans certaines enveloppes. Dans le fief de Marine Le Pen, Hénin-Beaumont, le chiffre de blancs et nuls a atteint 9,15% des votants, comme le note le quotidien La Voix du Nord. Historiquement, cette hausse entre les deux tours s'est toujours confirmée au plan national, du fait du choix restreint de candidats.
• Qui vote blanc ?
En matière de report des voix, Marine Le Pen avait annoncé le 1er mai qu'elle voterait blanc au second tour. Ses électeurs n'ont été que 10% à l'imiter, préférant s'abstenir (25%) et surtout soutenir Nicolas Sarkozy (51%), selon un sondage consacré à la sociologie des électorats, réalisé par Ipsos-Logica Business Consulting pour France Télévisions, Radio France, Le Monde et Le Point. Les électeurs de François Bayrou ont été plus nombreux à voter blanc ou nul (13%) que la moyenne, tandis que ceux de Jean-Luc Mélenchon n'ont été que 3% à opter pour ce vote, se reportant à 81% sur François Hollande.
Les partis présents au premier tour militent donc sans surprise pour la reconnaissance du vote blanc. Eva Joly et Nicolas Dupont-Aignan l'avaient inscrite dans leur programme. François Bayrou s'est prononcé en faveur d'un référendum sur le sujet. En revanche, si François Hollande ne s'est jamais exprimé sur la question, le projet du Parti socialiste (PDF) appelle à un décompte séparé du vote blanc.
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