Jean-Luc Mélenchon vise la première place de la gauche au premier tour
Jean-Luc Mélenchon a tenu un grand meeting, mardi 27 mars, à Lille. Pugnace, précis et déterminé, le candidat du gauche l'a assuré : "Inéluctablement, notre heure viendra et il y aura un gouvernement du Front de gauche".
Envoyée spéciale, Lille. Ferveur dans les meetings. Poussée dans les sondages.
Semaine après semaine, la vague "Mélenchon" ne reflue pas, au contraire. Donné à 5% d'intentions de vote en novembre, l'eurodéputé est désormais crédité de 13% à 14% selon les instituts. Deux enquêtes viennent même de le désigner comme 3ème homme de la présidentielle. De quoi stimuler les ambitions.
Mardi soir, dans le fief de l'une des figures historiques du Front Populaire, Roger Salengro, et devant près de 15.000 personnes massées dans la salle, sans compter les quelques 10.000 autres restées à l'extérieur, le partisan de la VI République l'a répété, il vise la tête de la gauche. Lors de son discours de près d'une heure et quart, il a attaqué bille en tête le Front national et défendu ses mesures pour l'emploi et pour une plus juste répartition des richesses.
Haro sur le Front national
Une fois n'est pas coutume, Jean-Luc Mélenchon a consacré une bonne partie de son intervention à dénoncer "l'ennemi déclaré du Front de gauche : le Front national". "On leur est entré dedans et on va les faire reculer encore", a promis le candidat.
"Le peuple n'a pas l'intention de se laisser voler l'élection présidentielle, de se laisser enfermer dans un débat pour savoir quel goût a la viande à la cantine scolaire. Ce n'est pas le sujet", a-t-il soutenu.
"Par notre comportement, et parce que nous avons été les meilleurs gardiens de la fraternité, le Front national n'est arrivé à rien et le meurtrier non plus. Je parle politique bien sûr", a par ailleurs souligné M. Mélenchon, faisant allusion au drame de Toulouse et de Montauban.
"Nous n'avons pas laissé le venin se répandre", a-t-il déclaré avant de lancer : "Notre travail de désintoxication, il faut maintenant qu'il s'amplifie".
Battre la droite pour montrer l'exemple
Autre ennemi déclaré de l'eurodéputé, la droite qu'il faut vaincre pour tracer la voie : "Nous avons besoin de battre Nicolas Sarkozy et nous aurons ouvert la brèche dans toute l'Europe".
Devant une foule attentive et avide de propos rassembleurs, M. Mélenchon a fixé le cap : "à Toulouse d'abord, à Marseille ensuite (les 5 et 14 avril, ndlr), nous nous rassemblerons et nous serons des milliers et des milliers".
Car le leader du Front de gauche en est persuadé : "si puissants, si coordonnés, si conscients, nous faisons plus qu'une campagne électorale".
"Je le dis l'insurrection citoyenne est commencée en France", s'est-il réjoui.
Création de 3,5 millions d'emploi
Après plus de 30 minutes de discours, M. Mélenchon s'est ensuite centré sur l'un des thèmes majeurs de son programme : l'emploi, "le commencement de tout pour nous et d'abord de l'accomplissement individuel".
"Nous demandons des payes dignes et honnêtes", a-t-il rappelé à un auditoire séduit. Côté propositions, rien de nouveau. Le programme est établi depuis de longues semaines, publié et efficacement relayé par les militants sur le terrain et via les réseaux sociaux.
Le candidat Mélenchon a donc ré-exposé ses mesures avec cette fois, la calculette en main, "parce que "on est de gauche, mais on a été à l'école".
Citons entre autres "le SMIC à 1.700 euros, qui par l'effet mécanique de la consommation créera 180.000 emplois supplémentaires la première année", "pas de salaire en haut qui soit 20 fois supérieur au dernier" (180.000 emplois), l'application effective des 35 heures (1,5 millions d'emploi), le retour à la retraite à 60 ans (130.000 emplois), la relance des services publics et le rétablissement des 150.000 postes de fonctionnaires "supprimés par Nicolas Sarkozy", sans oublier des mesures pour le logement, les énergies renouvelables et un nouveau modèle agricole.
Résultat des courses : 3,5 millions d'emplois créés, soutient le candidat.
Au-delà des chiffres, M. Mélenchon a aussi plaidé pour "une réorganisation des capacités de production et des modes de consommation".
Objectif : être en tête de la gauche
Dopés par les sondages, les cadres du Front de gauche ne se fixent, eux non plus, aucune limite.
"Depuis le début, on dit qu'on est pas là pour jouer les bas de tableau. On est en plein progrès. On est encouragé à continuer", a ainsi assuré Pierre Laurent, le secrétaire du Parti communiste, en marge du meeting.
"Pourquoi progressons-nous ?", a-t-il demandé quelques minutes avant de prendre la parole à la tribune : "pas seulement parce que nous faisons une bonne campagne et avons un candidat talentueux, mais aussi parce que nous allons au devant de ce que demandent les gens".
"Il faut entendre ce qu'est l'attente très majoritaire du peuple de gauche. Il n'attend pas de remplacer l'austérité de droite par une austérité de gauche". "Si les socialistes veulent améliorer leur campagne, qu'ils regardent ce que l'on fait au Front de gauche", a-t-il poursuivi avant de conclure.
Nous avons trois objectifs : "créer les conditions de la défaite de Nicolas Sarkozy, mettre Marine le Pen le plus loin derrière et être en tête de la gauche".
Les ennemis et concurrents du Front de gauche sont prévenus.
Le meeting en intégralité
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