Jean-Marc Ayrault et les 35h : les coulisses d'un couac
Dès lundi soir, le service de presse de Matignon tire pourtant la sonnette d'alarme. Depuis des semaines, la droite fait feu de tout bois, et tout le monde tape sur le Premier ministre. Du coup, il s'agit de relire avec soin l'entretien accordé aux lecteurs du Parisien. La sortie sur les 35h est jugée sujette à interprétation. Le directeur de cabinet de Jean-Marc Ayrault est alerté.
22h, coup de fil au secrétaire général de l'Elysée. Les ministres qui ont des passages prévus dans les medias le lendemain sont prévenus, mais l'affaire n'est pas jugée suffisamment grave pour nécessiter une intervention du Premier ministre lui-même.
Ce n'est que ce mardi matin, à 8h03, que la proposition d'interview est faite à France Info alors que l'onde de choc s'est déjà répandue sur tous les plateaux télés et antennes de radios. Le ministre du Travail, Michel Sapin, vient de mettre les points sur les i, excluant sur RTL toute remise en cause des 35h.
Michel Sapin qui à la sortie du studio, appelle le Premier ministre pour l'inciter à réagir. C'est déjà presque fait sur France Info mais quatre autres rectificatifs vont devoir suivre dans la journée. Un record, mais c'est trop tard, le procès en amateurisme est relancé.
Dans un autre contexte, peut-être que les quelques mots de Jean-Marc Ayrault n'auraient-ils pas fait autant de bruit, et suscité une telle exégèse. Mais voilà : cette imprécision, cette langue qui fourche, fait figure de nouveau couac et vient compléter une liste déjà longue. Le Premier ministre avait par exemple anticipé la semaine dernière une décision du Conseil constitutionnel.
Ses ministres font des gaffes aussi comme Vincent Peillon sur le cannabis. Les erreurs de communication, les ratés à l'Assemblée ou au Sénat entraînent des accusations de cacophonie, de manque d'autorité, d'amateurisme relayées avec délice par l'opposition.
Et dans la majorité, on s'interroge aussi. Le staff de Matignon est notamment montré du doigt. L'entretien du Parisien n'a pas été corrigé, "c'était le deal avec la rédaction", argumente le service de presse. Il ne convainc pas cette conseillère d'un ténor socialiste : "Ce genre d'interview, ça doit être tiré au cordeau, sans possibilité de corriger, tu ne l'accordes pas, surtout quand tu es le Premier ministre. C'est une épouvantable erreur de débutant".
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