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Jean-Marc Ayrault ne veut pas être "le Premier ministre d'un tournant de l'austérité"

Invité de l'émission "Tous politiques" de France-Inter/AFP/Le Monde, le Premier ministre a défendu l'action du gouvernement. Dans un contexte de rentrée difficile pour son équipe, Jean-Marc Ayrault a réaffirmé que "Matignon travaille 24 heures sur 24".
Article rédigé par Caroline Caldier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Charles Platiau Reuters)

Non, Jean-Marc Ayrault ne veut pas
revivre le tournant de la rigueur comme en 1983. Pour ne pas devenir "le Premier
ministre de l'austérité"
, il a sa recette : maîtriser les
comptes publics pour défendre la souveraineté de la France, tout en prenant des
mesures à plus long terme "pour faire face aux difficultés des Français" . Il a par exemple laissé la porte ouverte à une hausse de la CSG pour financer la protection sociale.

Les chiffres du chômage avec le cap
des trois millions de chômeurs franchi au dernier trimestre, appellent des mesures d'urgence selon le
Premier ministre : "Nous avons accéléré la convocation du Parlement
qui va pouvoir, dès le 10 septembre, examiner le projet de loi sur les emplois d'avenir
pour que dans la foulée on puisse adopter la loi sur le contrat de génération. Ca fait des centaine de milliers d'emplois concernés"
.

 

Aller vite, sans céder à la tyrannie du temps médiatique

Le Premier ministre n'apprécie pas
les critiques émises contre son gouvernement, taxé "d'amateurisme" par
ses adversaires politiques. "Si j'avais été buller, vous pensez que j'aurais
été capable de présenter le programme de l'action gouvernementale ?",

ironise Jean-Marc Ayrault. Le Premier ministre est là pour faire passer un
message essentiel : "Matignon travaille 24 heures sur 24" . Mais pour autant il ne veut pas céder à la dictature du temps médiatique. "Il
faut se désintoxiquer du rythme un événement = une annonce, cher à Nicolas  Sarkozy ",
explique Jean-Marc Ayrault. "Je veux une politique d'efficacité
qui n'amuse pas la galerie pendant qu'on met les problèmes sous le tapis"
.

Banque Lazard : rappel à l'ordre

A propos de la polémique autour de
la banque Lazard
et le différend entre Arnaud Montebourg et Pierre Moscovici,
Jean-Marc Ayrault coupe court. "Le choix de la banque Lazard s'est fait
avec procédure d'appel d'offres. Le reste n'est que polémique sans intérêt. Les
règles ont été strictement respectées"
. Et le Premier ministre de rappeler son
équipe à l'ordre : "Nous avons signé une charte de déontologie, si
ça devait continuer, chacun devra prendre ses responsabilités"
. A savoir : quitter le gouvernement.

Réconcilier les Français et l'Europe

Jean-Marc Ayrault se veut rassurant.
Certes le traité budgétaire européen qui va être soumis au vote du Parlement, le
sera sans renégociation de son contenu. Cela ne veut pas dire pour autant que "c'est
Bruxelles qui nous impose quelque loi que ce soit"
. "Le chantier de
la réorientation de l'Europe est engagé, le pacte des 28 et 29 juin, la
supervision bancaire, la taxe sur les transactions financières : c'est grâce à l'élection
de François Hollande que la voix de la France pèse"
, se réjouit le
Premier ministre.

Mais selon lui, cette ratification par le Parlement n'est qu'une
étape. "Dans le chantier du renforcement de la croissance en Europe, ce
qui est important c'est l'étape suivante. Le mécanisme européen de stabilité doit
permettre aux Etats de ne pas être aux mains des marchés financiers et ça, c'est
un engagement fort"
.

Sauvetage du CIF

Pour Jean-Marc Ayrault si le système
financier français est solide, il y a bien certains problèmes. Le sauvetage du
Crédit Immobilier de France
était donc une nécessité. "L'Etat a pris sa
responsabilité en donnant sa garantie mais comme cet établissement dispose de
fonds propres l'argent des contribuables ne sera pas mis en cause. Il en va de l'intérêt
du financement du logement"
.

 

"Aujourd'hui la situation est
tellement grave que chacun doit être face à ses responsabilités"

Les réformes de
structures doivent être faites avec "méthode, en trouvant un maximum d'accords
entre partenaires sociaux"
, insiste le Premier ministre. Il veut mettre en place de "nouvelles
règles du jeu"
, en tenant compte du contexte mais "aussi des
salariés qui ne doivent pas être la variable d'ajustement"
. Et pour cela
il compte s'inspirer des modèles nordiques.

Sur la question du financement de
notre protection sociale une hausse de la CSG (contribution sociale généralisée,)
"est une piste possible" , même si "ce n'est pas la seule" , déclare le Premier ministre. Au "début de l'année
prochaine, le gouvernement prendra ses responsabilités pour que demain le coût
de notre protection sociale ne soit pas financée que par les salaires"
, a-t-il
ajouté.

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