Récit Le 21 avril 2002, le jour où Jean-Marie Le Pen a fait trembler la vie politique française

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 17min
Le président du Front national, Jean Marie Le Pen, réagit après l'annonce des résultats du premier tour de l'élection présidentielle, le 21 avril 2002, à Saint-Cloud. (ERIC FEFERBERG / AFP)
Le candidat d'extrême droite avait créé la surprise en se qualifiant au second tour de la présidentielle aux dépens de Lionel Jospin. Une journée historique dans la vie politique française et dans la carrière du leader frontiste, mort le 7 janvier 2025.

Habitué des scandales et des outrances, Jean-Marie Le Pen, mort à l'âge de 96 ans, avait provoqué un séisme, le dimanche 21 avril 2002, dans une élection qui semblait jouée d'avance. Il faut s'attendre à d'énormes "surprises", avait prévenu le présentateur David Pujadas vers 19h30, quelques minutes avant l'annonce des résultats. Ce jour-là, au premier tour de la présidentielle, le Premier ministre socialiste, avec 16,18% des suffrages, est distancé par le président sortant Jacques Chirac (19,88%) et, à 200 000 voix près, par le candidat du Front national (16,86%). 

Le sondeur Brice Teinturier se souvient d'avoir appris le résultat "à 18h35" avec de "premiers éléments encore très fragiles". Il sait que cela va déclencher un séisme et des accusations qu'il ne digère toujours pas, seize ans plus tard : "Contrairement à ce qui a été dit, on avait vu la tendance [le tassement de Jospin et la montée de Le Pen]. A quelques jours du vote, les enquêtes le montraient et Le Monde s'en était même fait l'écho ! Qu'aurions-nous pu faire ou dire sans être accusés de manipuler les choses, si près du scrutin ?"

Lionel Jospin, lui, en tire immédiatement les conséquences. "Le résultat du premier tour de l'élection présidentielle vient de tomber comme un coup de tonnerre", résume-t-il le soir même, avant d'annoncer son retrait de la vie politique. Balayées la mise en place des 35 heures et la forte baisse du chômage depuis cinq ans. Le thème de l'insécurité a emporté sur son passage un bilan économique qui semblait positif. Et le 21 avril a montré, en France, la force d'une extrême droite promise à un bel avenir en Europe.

"On sentait quelque chose de particulier"

Sous un soleil radieux, ce matin du 21 avril 2002, Marie-Christine Arnautu effectue sa traditionnelle tournée des bureaux de vote. Les échos recueillis la poussent à l'optimisme. "On sentait quelque chose de particulier dans cette journée-là", se souvient l'ancienne eurodéputée du Front national.

Des serveurs préparent des verres de crémant pour les sympathisants du Front national, le 21 avril 2002, à Saint-Cloud, au quartier général de Jean-Marie Le Pen. (ERIC FEFERBERG / AFP)

Deux jours plus tôt, le journal de 20 heures de TF1 s'est ouvert sur le visage tuméfié de "Papy Voise". Le vieil homme de 72 ans, qui vit pauvrement dans le quartier dit sensible de l'Argonne, à Orléans, a été roué de coups par des jeunes qui ont incendié sa maison. En quarante-huit heures, son œil au beurre noir, ses bleus, sa silhouette frêle et ses cheveux blancs en font le symbole de l'"insécurité" martelée par l'extrême droite. Cela se reflétera-t-il dans les urnes ?

"Les gens nous disaient ouvertement : 'On a voté Jean-Marie'."

Marie-Christine Arnautu, ancienne élue du Front national

à franceinfo

Au "Paquebot", le quartier général du candidat frontiste à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), "les choses se passent normalement". Attaché de presse du parti depuis les années 1980, Alain Vizier se souvient des "scores incroyables dans les DOM-TOM". "Au déjeuner, affirme L'Express, les informations venues de Nouvelle-Calédonie sont bonnes : le FN y double son score habituel" (à 10,84% des voix, il reste néanmoins très loin de Jacques Chirac, avec 48,38% des suffrages, et même de Lionel Jospin, à 22,42%).

Avec son élégance désuète de septuagénaire, en blazer noir et pochette grise, le président du Front national a voté dans la matinée à Saint-Cloud, sous les flashs des photographes.

Jean-Marie Le Pen, président du Front national, dépose son bulletin de vote dans l'urne, le 21 avril 2002, à Saint-Cloud, lors du premier tour de l'élection présidentielle. (ERIC FEFERBERG / AFP)

A des centaines de kilomètres de là, les deux favoris du scrutin ont accompli leur devoir électoral dans leur fief respectif. A Cintegabelle (Haute-Garonne), Lionel Jospin a "pris tous les bulletins", note France 3. Bel effort : ils sont seize en tout, dont sept rivaux susceptibles de lui ravir des voix à gauche (Christiane Taubira, Jean-Pierre Chevènement, Noël Mamère, Olivier Besancenot, Arlette Laguiller, Robert Hue et Daniel Gluckstein). Jacques Chirac, lui, s'est rendu à Sarran (Corrèze) pour voter, accompagné de son épouse Bernadette.

"Les courbes peuvent se croiser"

A Paris, l'après-midi, c'est d'un pas relativement tranquille que le responsable des études d'opinion du Parti socialiste, Gérard Le Gall, franchit la façade théâtrale de L'Atelier, au 325 de la rue Saint-Martin. Tout en coursives et vastes volumes intérieurs, ce superbe monument de style Beaux-arts a été loué au couturier Jean-Paul Gaultier pour servir de siège de campagne de Lionel Jospin.

Que le bâtiment se soit appelé, à sa construction en 1912, "Palais de l'avenir du prolétariat" ne résonne pas encore comme de l'humour noir. Et Gérard Le Gall ne songe plus au rôle de Cassandre qu'il a joué, la semaine précédente, devant ses camarades socialistes. Le lundi, il les a pourtant prévenus d'"un risque de présence de Le Pen au second tour". Le mardi matin, il les a avertis : dans "une campagne dominée par le thème de la sécurité", "les courbes peuvent se croiser".

En compagnie d'une douzaine d'autres hiérarques du PS, Gérard Le Gall guette les premiers résultats, en cette fin d'après-midi. Pas de grain à moudre pour l'instant : il a promis à Lionel Jospin de le joindre dès qu'il y aura "des estimations fiables" et, à ses yeux, les enquêtes à la sortie des urnes dont il dispose n'appartiennent pas à cette catégorie.

"Jusqu'à 18 heures, les chiffres qui circulent font état de Jacques Chirac à 18 ou 19%, Lionel Jospin à 16 ou 17%, et Jean-Marie Le Pen à 13 ou 14%."

Gérard Le Gall, ancien responsable des études d'opinion au Parti socialiste

à franceinfo

A ses côtés, vers 18h20, Laurent Fabius lui glisse à l'oreille : "J'ai les résultats de la Seine-Maritime, ce n'est vraiment pas bon" (16,22% pour le candidat frontiste, 16,78% pour le socialiste). "L'inquiétude commence à monter, se remémore Gérard Le Gall, même si aucun sondage, publié ou non publié, n'avait donné le candidat du Front national au second tour."

"Une hypothèse Le Pen se dessine"

Non loin, au 67 de la rue du Faubourg-Saint-Martin, QG de Jacques Chirac, l'état-major du RPR est tout aussi interrogatif. A partir de 18 heures, le directeur adjoint de campagne, Patrick Stefanini, joint quelques élus de villes ciblées, parmi celles qui dépouillent déjà. Et un coup de fil du maire de Colmar ("On ne parle pas d'une petite commune là !") l'avertit du "bon score" de Jean-Marie Le Pen (21,11%).

Les signaux s'accumulent. Vers 18h40, "prenant son courage à deux mains", le fidèle chiraquien monte vers les combles du "Tapis rouge", le nom de l'immeuble. Loin des télés, le chef de l'Etat y prépare, avec son entourage, "les éléments de langage" contre l'adversaire attendu du second tour, Lionel Jospin. Un scénario mis à mal par Patrick Stefanini, qui leur affirme qu'"une hypothèse Le Pen" se dessine. "Stef, réplique Jacques Chirac, on est là pour parler sérieusement !"

A l'Elysée, l'expert ès sondages de Jacques Chirac, Frédéric de Saint-Sernin, trouve le temps long, lui aussi. Il attend fébrilement qu'un des quatre téléphones (un par institut de sondage) disposés sur sa table sonne enfin.

"D'habitude, on avait les résultats à 18h45. Là, on n'avait rien."

Frédéric de Saint-Sernin, ancien responsable des études d'opinions de Jacques Chirac

Driiing ! "Vers 18h52, lui semble-t-il, la Sofres appelle pour annoncer le résultat, avec beaucoup de prudence. Ipsos confirme dans la foulée. Dominique de Villepin [alors secrétaire général de la présidence] nous téléphone du QG. En apprenant la nouvelle, il lance : 'Oh putain, je te passe le président.' Je dis à Jacques Chirac : 'Le Pen est au second tour' et j'entends le silence. J'avais oublié de dire que lui était devant ! Mais bon, Dominique avait compris et balancé à la cantonade : 'Chirac-Le Pen au second tour !' Satisfaite d'avoir damé le pion aux experts, Bernadette Chirac triomphe : "Jacques, je vous l'avais bien dit !"

"Le choc est rude pour moi", écrit Jacques Chirac dans ses Mémoires. "Quand je suis finalement contraint de me rendre à l'évidence, c'est un profond sentiment de malaise qui m'envahit, où l'effarement se mêle à la tristesse et à l'incompréhension. (…) Même s'il ne subsiste plus guère de doute sur mes chances d'être réélu, je n'ai pas le cœur à me réjouir." Mais au palais présidentiel, Frédéric de Saint-Sernin confesse ne voir alors qu'"un truc" : "On est réélu, même si le score n'est pas bon."

"Franchement, à ce moment-là, je ne pense pas à Jospin. Mais je pense à Le Gall, qui joue, au PS, le même rôle que moi et qui va devoir dire à Jospin qu'il n'est pas au second tour. Ce sont des instants d'une extrême violence."

Frédéric de Saint-Sernin, ancien responsable des études d'opinions de Jacques Chirac

à franceinfo

Bien vu. De plus en plus anxieux, Gérard Le Gall vérifie et revérifie que les téléphones fonctionnent, pour s'expliquer leur mutisme. "A 19h02, se souvient-il, la Sofres puis Ipsos appellent et disent : 'Le premier, c'est Chirac, le second, c'est Le Pen.' Lionel Jospin n'arrive dans le bureau que deux à trois minutes plus tard. Il n'est pas au courant. Il vient droit sur moi. Je lui dis : 'Ecoute Lionel, tu n'es pas au second tour.' Il n'a pas bougé." Commence une soirée lugubre, où l'on va rapidement ranger champagne et petits fours.

"J'étais vengé de bien des humiliations"

Au "Paquebot" en revanche, l'ambiance est joyeuse. A quelle heure Jean-Marie Le Pen a-t-il su qu'il devançait le socialiste ? Son directeur de cabinet, Olivier Martinelli, a été prévenu des résultats vers 18h30 par le ministère de l'Intérieur, raconte L'Express. Le candidat FN s'en assurera plus tard, en regardant les JT. Que ressent-il alors ? Pour Serge Moati, qui affirme avoir été le seul journaliste présent dans le bureau à ce moment-là, Jean-Marie Le Pen n'est "pas euphorique".

"Je ne le trouve pas content, pas spécialement heureux, et même empreint d'une certaine mélancolie. Ça arrivait trop tard. A quoi bon ? Il était bien dans sa vie à lui, il avait la liberté que donne la provocation."

Serge Moati, journaliste et réalisateur

à franceinfo

Une interprétation qui fait bondir Bruno Gollnisch, pressenti à Matignon en cas de victoire frontiste au second tour : "Le fait que Le Pen ne voulait pas du pouvoir, c'est une légende absolue. Je peux vous le dire, je le connais parfaitement : c'est un homme avec qui j'ai passé plus de temps qu'avec ma femme." A L'Express, le "Menhir" confirmera néanmoins s'être senti "rempli d'une angoisse naturelle" à envisager "une victoire relativement imprévue et non préparée".

Dans les QG, la composition du duel final se répand comme une traînée de poudre, mais les télés sont encore tenues au secret. Présent très tôt sur les plateaux, le directeur de campagne de Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch, "ne sait rien" des résultats à venir.

"Je vois les mines s'allonger et j'entends des 'c'est pas croyable'."

Bruno Gollnisch, directeur de campagne de Jean-Marie Le Pen en 2002

à franceinfo

"A contempler leurs gueules, savoure-t-il, j'étais vengé de bien des humiliations."

"Jacques Chirac était empreint de gravité"

Journaliste pour France 3 Ile-de-France à l'époque, Daïc Audouit évoque l'atmosphère étrange qui règne au siège de campagne de Lionel Jospin : "J'arrive vers 19 heures, la presse est confinée. Les politiques qui viennent nous voir sont dans le déni, mais l'annonce finit par être faite. Il n'y a aucune figure socialiste parmi nous, uniquement des journalistes et des militants, surtout des jeunes. C'est la stupeur, des cris. Je me souviens d'un type à genoux tenant la main de sa copine, de vrais pleurs comme j'en ai rarement entendu dans une soirée électorale, et des journalistes disant au téléphone : 'Il te reste une heure, va voter, fais pas le con'" – les bureaux fermant à 20 heures à Paris.

Chez Jacques Chirac, les deux discours prévus – il est devant Jospin/il est devancé par Jospin – ont fini à la poubelle. Il faut tout reprendre à zéro, amadouer la gauche et non plus la pourfendre. "Alors qu'une partie de la salle explosait de joie, rembobine Patrick Stefanini, Jacques Chirac, lui, a tout de suite été empreint de gravité. S'il y a une ligne puissante qui l'a toujours caractérisé et un point sur lequel il n'a jamais varié, c'est bien le refus d'accord avec le Front national." Si l'ancien maire de Paris a la mine grave, les autres cachent mal leur soulagement.

"On avait compris que la campagne du second tour serait peinarde."

Patrick Stefanini, directeur adjoint de la campagne de Jacques Chirac en 2002

à franceinfo

Oubliée, donc, la fin de campagne très tendue avec Lionel Jospin, et les multiples attaques sur le thème de l'insécurité. Plus tard dans la soirée, le chef de l'Etat sortant lance un appel rassembleur "à cette France vivante, diverse, humaine, chaleureuse que nous aimons".

"Qu'est-ce qu'on attend pour faire la fête ?"

Qu'importent les grincheux : à Saint-Cloud, la soirée s'annonce festive. "Le Pen, Le Pen", scandent les militants en liesse. "Avec les accouchements, ça doit être le plus beau jour de notre vie. C'est à peu près similaire : c'est la naissance de quelque chose", s'émerveille Marine Le Pen, la fille du héros du jour.

Marine Le Pen laisse éclater sa joie à l'annonce des résultats du premier tour de l'élection présidentielle, le 21 avril 2002, à Saint-Cloud. (PIERRE VERDY / AFP)

Le naturel fêtard de la famille reprend le dessus. Devant la caméra de Serge Moati, Jean-Marie Le Pen entonne, en chœur avec sa fille, une ritournelle popularisée par Ray Ventura : "Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ? Qu'est-ce qu'on attend pour faire la fête ? La vie est belle, le ciel est bleu…" Ebahi, Alain Vizier voit débarquer "une cohorte inimaginable de journalistes, sans compter la presse étrangère". "Des télés japonaises, américaines, britanniques… Du jamais-vu", renchérit Marie-Christine Arnautu.

Passée la divine surprise, Bruno Gollnisch est confronté, en débat, à "l'hostilité banale sur les plateaux". Mais le député européen s'indigne encore aujourd'hui de "la mobilisation accélérée des journalistes qui ont perdu tout esprit de mesure, ce soir-là. Les appels à manifester à la Bastille sont lancés sous couvert d'information répétitive. On annonce la manifestation. Puis on dit : 'Ils commencent à arriver' alors qu'il y a deux pelés et trois tondus, et ça dure comme ça toute la soirée."

Peu après 20 heures, Lionel Jospin fait une brève déclaration qui restera comme la séquence forte de la soirée. Le Premier ministre socialiste battu "assume pleinement la responsabilité de cet échec" et "en tire les conclusions" en se "retirant de la vie politique après la fin de l'élection présidentielle". Il ne donne aucune consigne de vote.

Eliminé au premier tour de l'élection présidentielle, le socialiste Lionel Jospin annonce son retrait de la vie politique, le 21 avril 2002, à Paris. (JACK GUEZ / AFP)

Il est 22 heures lorsque Jean-Marie Le Pen monte à la tribune sous les acclamations de ses partisans. S'agit-il de faire oublier ses multiples condamnations pour apologie de crimes de guerre, incitation à la haine ou propos antisémites ? Il "salue la mémoire" de Rolande Birgy, une militante frontiste anti-IVG décédée le matin même, en rappelant que cette résistante avait reçu "le titre de Juste après la Seconde Guerre mondiale". Il enchaîne : "N'ayez pas peur, chers compatriotes ! Rentrez dans l'espérance ! (…) N'ayez pas peur de rêver, vous les petits, les sans-grade, les exclus !(…) J'appelle les Françaises et les Français, quelles que soient leur race, leur religion ou leur condition sociale, à se rallier à cette chance historique de redressement national."

"Le Pen, facho, le peuple aura ta peau !"

Ce soir-là, les 5,25% du candidat écologiste Noël Mamère ont un goût amer. Dans la voiture qui l'emmène à Montmartre, un photographe lui a appris les noms du duo de tête. Le leader des Verts entre avec "des sentiments confus" au bar du Trianon, où ses supporters applaudissent son joli score. Troublé, il rédige à la va-vite son "appel à voter Chirac" pour barrer la route au Front national. A l'exception du dissident frontiste Bruno Mégret, qui se rallie à Jean-Marie Le Pen, la quasi-totalité des candidats éliminés feront de même.

L'heure n'est pas à la fête, mais à la mobilisation. "A 22 heures, conclut le candidat des Verts, je pars avec mon épouse à la Bastille, déjà noire de monde." Vers minuit, ils sont plus de 10 000 dans la rue, surtout des jeunes. "La LCR a rappelé ses troupes, le mouvement Ras l'front reprend du service, le peuple de gauche se réveille", commente France 3. Parmi les manifestants, l'actrice Agnès Jaoui confie qu'elle est "abattue" : "C'est effarant."

Plusieurs milliers de personnes manifestent, le 21 avril 2002, place de la Bastille à Paris, pour protester contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Un peu partout, de la place Kléber à Strasbourg à celle du Capitole à Toulouse, des jeunes estomaqués descendent dans la rue pour manifester leur refus de l'extrême droite. Ils rodent les slogans qui seront scandés le lendemain par des lycéens à Amiens, Béthune ou Marseille : "Le Pen, facho, le peuple aura ta peau", "F comme fascisme, N comme nazi" ou encore "Un escroc mieux qu'un facho". Un appel à voter Chirac qui n'exonère pas l'ex-maire de Paris de ses multiples démêlés judiciaires.

Les manifestations quotidiennes culminent le 1er-Mai, avec des centaines de milliers de personnes battant le pavé. Le dimanche 5 mai 2002, Jacques Chirac bat Jean-Marie Le Pen avec un score inégalé sous la Ve République : 82,2%, soit plus de quatre cinquièmes des voix. Insolite dans une démocratie, le record reste à battre.

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