Justice : Jean-Louis Nadal critique Hortefeux et Sarkozy sans les nommer
Avant de prendre sa retraite en juin prochain, Jean-Louis Nadal a ouvert pour la dernière fois de sa carrière la cérémonie de rentrée de la cour de cassation.
Une dernière très remarquée puisque Jean-Louis Nadal eu des mots très durs en présence du ministre de la justice Michel Mercier : “inspirer à l'opinion des sentiments bas en instillant de manière extravagante, la confusion entre la responsabilité du criminel et celle du juge dont on dénigre la décision, tout cela avilit l'institution et, en définitive, blesse la République.” Il a ajouté en guise de conclusion : “le phénomène ne laisse pas d'inquiéter quand les coups sont portés par ceux qui sont en charge de la faire respecter.”
Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux sont ciblés
En septembre dernier, le président de la République était intervenu dans l'affaire du casino d'Uriage. Il avait jugé “difficilement compréhensible” la décision de remettre en liberté sous contrôle judiciaire un homme soupçonné d'être un des auteurs des faits.
Trois mois plus tard, c'est le plus fidèle lieutenant de Nicolas Sarkozy qui suivait les pas de son maître : le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a critiqué à chaud une décision du tribunal de Bobigny. Sept policiers avaient été condamnés à de la prison ferme. Il avait jugé que cette décision pouvait apparaître “disproportionnée aux yeux des forces de l'ordre”.
Le procureur de Nanterre Philippe Courroye aussi
“Quand l'un d'entre nous ne voit pas ce qui dans ses actes
fait naître, même à tort, le terrible soupçon d'atteinte à l'impartialité,
quand il oppose en guise de pauvre réponse, qu'il est le seul juge de sa
conscience, c'est tout le respect dû à la justice qui est compromis.”
Jean-Louis Nadal a jugé le parquet en “état de coma avancé”. L'année dernière, la Cour européenne des droits de l'homme a estimé que le parquet n'était pas une autorité indépendante. Afin de sauver une institution accusée de partialité, le premier procureur de France a proposé d'aligner le mode de nomination des magistrats du parquet sur ceux du siège. Son objectif : éloigner le politique de la justice et revenir au principe essentiel de toute démocratie : la séparation des pouvoirs politiques et judiciaires.
Thibault Lefèvre, avec agences
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