Kouchner : "nous resterons autant que nécessaire" en Afghanistan
Les ministres Hervé Morin et Bernard Kouchner ont été auditionnés pendant près de deux heures et demie cet après-midi par la Commission des Affaires étrangères et la Commission de la Défense nationale et des forces armées de l’Assemblée Nationale.
Ils ont notamment dû s'expliquer sur les circonstances de l'embuscade qui a couté la vie à 10 soldats français la semaine dernière en Afghanistan et sur cet "excès de confiance" évoqué dimanche par le commandant des forces françaises de l'OTAN à Kaboul, le général français Michel Stollsteiner.
Premier à prendre la parole, le ministre de la Défense a d'abord rappelé les grands objectifs de la mission de la FIAS (Force internationale d'assistance à la sécurité, sous commandement de l’OTAN depuis 2003, et dont fait partie la France). Il s’agit d’assurer "la pacification et la stabilisation" de la région, d’aider à la "reconstruction politique" du pays, mais aussi de "lutter contre le terrorisme".
Très attendu sur les questions, nombreuses, qui entourent les circonstances exactes de l'embuscade qui à coûté la vie lundi 18 août à 10 soldats français, Hervé Morin a voulu mettre un terme à la polémique naissante sur d’éventuels dysfonctionnements dans le commandement ou la préparation des troupes. Après avoir détaillé, heure par heure, le déroulement de cette mission, pour laquelle "rien ne permettait de prévoir cette attaque massive" des talibans, il a assuré que la France mettait "tout en œuvre pour protéger (ses) soldats". Des soldats dont il a rappelé la formation intensive de 6 mois avant leur départ pour l’Afghanistan et le professionnalisme. Mais "le risque zéro n’existe pas dans les armées", a-t-il lancé.
Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a pour sa part estimé l’intervention de la France en Afghanistan "légitime, légale et nécessaire", qualifiant de "décision courageuse", celle du Président Nicolas Sarkozy d’avoir renforcé, en avril dernier, le contingent français sur le terrain. M. Kouchner a par ailleurs rappelé les progrès réalisés depuis l’intervention des forces internationales sur le terrain : constructions de 4.000 kilomètres routes, d’infrastructures, dont notamment des hôpitaux, formation de 10.000 personnels de santé, mais aussi progrès politique avec la tenue des élections en 2003.
Des progrès qui ne sauraient pourtant occulter la recrudescence de violence dans le pays depuis deux ans, malgré la présence de 70.000 soldats étrangers. A la question du président du groupe socialiste Jean-Marc Ayrault sur le temps qui sera encore nécessaire de rester en Afghanistan pour voir une amélioration significative de la situation, Bernard Kouchner a répondu : "Nous resterons autant qu’il sera nécessaire" , préfèrant parler de "mission de paix" plutôt que de guerre. "En Afghanistan, nous luttons contre le terrorisme international. Nous défendons une cause juste, celle des Droits de l’Hommes". "Nous n’avons pas d’autres choix que de poursuivre" l’effort de la communauté internationale, a pour sa part déclaré Hervé Morin.
Ces auditions sont le prélude au débat sur l'Afghanistan qui se déroulera le 22 septembre dans l'hémicycle et qui sera suivi d'un vote des parlementaires.
Cécile Mimaut
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