L'élection de François Hollande vue de Washington, Moscou, Berlin, Londres, Rome et... Dakar
Comment la victoire de François Hollande à la présidentielle est-elle analysée à l'étranger ? Les correspondants permanents de France Télévisions rapportent les réactions des dirigeants politiques et des médias chez nos voisins, proches et éloignés.
"Qui est François Hollande ?" se demande l'administration américaine, rapporte Maryse Burgot à Washington. Barack Obama s'était habitué à Nicolas Sarkozy dont il appréciait l'atlantisme, il ne connait pas le nouveau président élu.
C'est une nouvelle page des relations franco-américaines qui s'ouvre et il va falloir apaiser, ou éclaicir, quelques divergences. Elles concernent la vision de l'OTAN, le retrait des militaires d'Afghanistan et la gestion de la crise de la dette en Europe.
A Moscou, Alban Mikoczy note que pour les Russes, l'élection présidentielle française à un côté "exotique" : une manière diplomatique de dire qu'il est surprenant de ne pas en connaître l'issue avant le déroulement.
Quoi qu'il en soit, pour ne froisser personne, le Kremlin a félicité, dans le même élan, le vainqueur... et le vaincu. L'histoire ne dit pas si Paris, en retour, a félicité Vladimir Poutine qui, le 6 mai, retrouvait les ors de la présidence, en cédant à Dmitri Medvedev, le président sortant, son siège de premier ministre.
Tradition d'après-guerre de l'amitié franco-allemande oblige, c'est à Angela Merkel que François Hollande réserve sa première visite à l'étranger rappelle Arnaud Boutet de Berlin. Ce sera probablement le 16 mai au lendemain de sa prise de fonction.
Amitié mais divergences puisque Mme Merkel ne souhaite pas renégocier le pacte de stabilité, une exigence de M. Hollande qui veut y inscrire de la croissance.
Patron des eurodéputés socialistes, Martin Schulz (SPD) prédit - en français s'il vous plaît ! - que ce nouveau couple saura aussi bien fonctionner que quelques uns de ses célèbres prédécesseurs.
De Londres, Jacques Cardoze note que le premier ministre britannique, David Cameron, a rapidement félicité M. Hollande, en souhaitant "une relation de travail étroite" avec lui.
The Guardian (centre gauche) voit "un nouveau départ" et The Daily Telegraph (droite modérée) relègue l'élection française en page 12, alors que la presse populaire (The Daily Mail et The Sun) fait moins dans le haut de gamme.
Chez nos voisins italiens, la presse savoure une vengeance, constate Renaud Bernard à Rome. Elle n'a pas trop apprécié la proximité appuyée entre la France et l'Allemagne qui, selon elle, se faisait sur le dos de l'Italie. Il faut dire que c'était celle de Silvio Berlusconi.
Et puis, il y a une autre dimension plus intime : l'appréciation portée sur l'épouse du président sortant. De nationalité italienne mais assez loin du coeur des Transalpins, Carla Bruni a déjà cédé sa place, dans la presse, à Valérie Trierweiler, la compagne de M. Hollande.
"L'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire". Cette formule d'un célèbre discours prononcé par M. Sarkozy au Sénégal, en 2007, est restée dans les mémoires des intéressés. Ils le disent à Dominique Derda à Dakar. Elle apparaît comme une blessure.
S'ils fondent quelques espoirs sur l'arrivée de M. Hollande à l'Elysée, ils ne se font pas d'illusions démesurées sur l'effacement de ce qu'on appelle la "Françafrique".
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