L'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy est-elle une bonne nouvelle pour François Bayrou ?
Mardi 14 février, François Bayrou a inauguré la nouvelle formule de la matinale d'Europe 1. Le candidat du MoDem espère que l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy sur des valeurs de droite va lui permettre de redynamiser sa campagne.
François Bayrou était très heureux de son passage sur Europe 1 ce matin. La radio inaugurait une nouvelle formule. De 7 à 9 heures, un candidat invité de toute la matinale. Donnez deux heures d'antenne à un politique au lieu des dix minutes habituelles, vous verrez son visage s'épanouir. Quitte à se lever tôt le matin, autant que cela en vaille le coup.
Espace au centre
Et pendant deux heures, M. Bayrou a pu dire tout le mal qu'il pensait de l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy. Bref, il retrouve une certaine verve, qui semblait l'avoir quitté la semaine dernière quand nous l'avions suivi dans le Tarn. Oh rien de grave ! Les propos étaient toujours déterminés mais ils s'accompagnaient d'un léger voile de fatalisme.
"Il n'était pas down. Il a l'habitude des campagnes présidentielles. Il sait qu'il y a les temps forts et les temps (... hésitation) et les temps forts des autres", confie son entourage.
Voilà donc le candidat du MoDem requinqué. L'entrée en campagne sur des valeurs de droite de Nicolas Sarkozy est à priori pour lui une bonne nouvelle. Son équipe estime que cela va ramener des électeurs du centre-droit désorientés ou qui attendaient les contours du programme du président de la République pour se prononcer.
Bref, les petits points nécessaires pour remonter dans les sondages et reprendre son ascension stoppée vers la fin du mois de janvier chez certains instituts. Plus que les chiffres bruts, ce sont les courbes et les dynamismes qui frappent les esprits et sont analysés.
Autre bonne nouvelle pour M. Bayrou, l'abandon quasi-certain d'Hervé Morin de la course présidentielle. L'impact est plus politique et symbolique qu'électoral. "Je ne veux pas être cruel avec Hervé Morin", a-t-il répété plusieurs fois ces dernières semaines, lorsque les journalistes lui demandaient si les 0.5% d'intentions de vote de M. Morin l'interessait.
Même si le président du Nouveau centre n'était pas une menace pour lui, de fait aujourd'hui, M. Bayrou est le seul à incarner le centre à cette élection. Symboliquement, c'est important.
Survivre à la bipolarisation
Voilà pour le court terme. Mais dans une perspective à plus long terme, la "droitisation" de M. Sarkozy est-elle une si bonne nouvelle ?
Clairement, le président de la république veut cliver la campagne présidentielle. Est-il déjà dans une stratégie de second tour, voulant se mettre au diapason du candidat socialiste qui appelle dans ses meetings à un vote massif en sa faveur dès le premier tour ?La bipolarisation des dernières semaines peut-elle continuer, favorisée par l'entrée en campagne successive des deux principaux candidats?
Dans l'entourage de M. Bayrou, on reconnaît le risque même si on veut voir dans cette bipolarisation un effet d'agenda. Pour résumer, à chacun sa séquence de début de campagne et on remet les compteurs à zéro. Toutefois, on voit quelque avantage au clivage gauche/droite.
"En tapant sur Hollande, Sarkozy et l'UMP peuvent nous rendre service. Des électeurs socialistes peuvent être alors convaincus des limites de Hollande, mais ils viendront chez nous comme un sas de décompression, pas directement à l'UMP", espère-t-on dans l'entourage du candidat du MoDem.
"On attend que l'UMP nous attaque"
L'autre conséquence de la droitisation de M. Sarkozy, c'est de fermer la porte à une alliance possible avec lui.
A l'automne, M. Bayrou avait indiqué qu'il choisirait un candidat au second tour s'il n'était pas qualifié. Il ne pourrait alors plus que se tourner vers M. Hollande, dont le désir d'alliance avec le MoDem sera surtout dicté par le rapport de force, alliance à laquelle il a des alternatives contrairement à M. Sarkozy.
Dans l'équipe de M. Bayrou, on ne veut pas commenter ce scénario puisque le seul objectif est d'être présent au second tour. D'ailleurs, on souhaite que l'UMP cesse d'être relativement amicale à l'égard du candidat. "On attend qu'ils nous attaquent. On a fourbi les armes pour leur répondre. On est prêts", commente-on au siège de campagne rue de l'Université.
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