L'UMP se met en ordre de marche en attendant la candidature de Nicolas Sarkozy
L'UMP a tenu son Conseil national, samedi 28 janvier, à Paris, pour entériner les investitures aux législatives et voter son projet. Mais à 84 jours de la présidentielle et sans candidat déclaré, le parti doit faire face à l'impatience des militants.
Une salle pleine, des tee-shirts à l'effigie du parti, des drapeaux aux couleurs de la France… A première vue, le rassemblement de l'UMP, samedi, à Paris, avait tous les atours d'un meeting de campagne.
Sauf que, le parti n'a toujours pas de candidat à la présidentielle. Conséquences, il faut gérer les troupes, entre l'envie d'en découdre des uns, l'agacement des autres et les doutes de certains.
Le tout, à la veille d"un discours du chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy qui pourrait la jouer "pétard social" comprenez, en plus d'une annonce de la hausse de la TVA, une sérieuse remise en cause des 35 heures.
"Sarkozy, bien sûr qu'il sera candidat !"
Si les propos "off" du Président sur un éventuel renoncement, ont bien occupé les médias depuis dimanche dernier, ils ont eu peu d'effet sur les militants et les cadres rassemblés, Porte de Versailles.
"Bien sûr qu'il ira. Et quand il aura annoncé sa candidature, on se mettra tous en ordre de marche", assure Béatrice, bénévole au sein de l'UMP.
"Je n'ai pas de doute qu'il soit candidat. Au fond de lui, c'est un battant, c'est un bon président", souligne plus loin Michel, ancien cadre dans l'électro-mécanique. Et de préciser, "tout au moins, un président actif, qui a pris des risques. C'est vrai que son début de mandat n'a pas été très bon. Cela a laissé des traces. Mais tout cela se rattrape".
A condition de concourir. Et là, il y a divergence.
A la base, comme au sommet de l'UMP, deux camps s'opposent. D'un côté, ceux qui, à l'instar du député des Alpes-Maritimes, Lionel Luca, plaide pour une entrée en campagne rapide de Nicolas Sarkozy. "C'est difficile de soutenir quelqu'un qui ne s'est pas encore présenté", fait remarquer Michel, militant de longue date à l'UMP.
De l'autre, ceux qui restent convaincus que la meilleure armure de Nicolas Sarkozy "contre l'anti-sarkozyme", c'est son statut de Président.
En attendant, les idées "infusent"
L'"anti-sarkozysme", c'est le sujet qui alimente les conversations au sein de l'UMP.
A la tribune d'abord, quand le secrétaire général du parti, Jean-François Copé, pointe les médias qui ont fait croire que "les primaires auraient porté le PS dans un immense élan populaire", ou encore ce "même microcosme médiatico-parisien qui présentait il ya a quelques mois DSK comme le nouveau messie de la gauche ! ".
Et dans les rangs des partisans aussi : "Qu'est-ce qu'il a pris sur la tête depuis cinq ans. Il n y a pas un brin de respect pour le président de la République", déplore Christophe, adhérent UMP de Brie-sur-Marne.
Pourquoi est-il venu ? Pour soutenir le chef de l'Etat justement, car pour ce qui est du projet, le message diffuse. "On est très bien tenu au courant. Tous les jours, il y a des explications". Tribunes dans la presse, émissions de radios, prestations télévisées, sans oublier les courriels quotidiens. Si le candidat se fait désirer, le parti, lui, est prêt.
"Copé a fait un travail remarquable"
Si l'on trouve quelques sympathisants qui évoquent, ici, une candidature de François Fillon, là, une candidature d'Alain Juppé, les cadres du parti sont dans les starting-blocks. Prêts à s'élancer quand "Nicolas s'annoncera".
En attendant. Ils patientent, confiants. Intox ?
Voir, car depuis l'élection du député de Meaux, Jean-François Copé, à la tête de l'UMP, le 17 novembre 2010, le parti s'est consolidé. "En un an, il a fait un boulot formidable. Il a organisé le parti, formé les militant. Il est allé sur le terrain dès qu'il y avait un problème à régler" raconte Jacques, un cadre de l'UMP.
Membre du parti depuis dix ans, cet originaire de la région parisienne a connu d'autres présidents (l'actuel ministre du travail, Xavier Bertrand, le président du conseil général des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian, ndlr) "qui eux, n'ont rien fait".
Mais cette fois, "c'est différent", assure-t-il. "Tout est prêt et dès que le candidat va se déclarer, la campagne va pouvoir démarrer". Quand ? "On verra bien, mais sûrement pas demain".
Sauf surprise en effet, Nicolas Sarkozy ne devrait pas officialiser sa candidature, dimanche 29 janvier, lors de son intervention télévisée.
Il devrait opter pour continuer à incarner un "Président en action" en annonçant toute une série de mesures pour relancer la compétitivité des entreprises et assouplir les règles du temps de travail. Il pourrait aussi mettre l'accent sur la jeunesse et l'éducation.
Un pari ? En quelque sorte, car en "présidant" jusqu'au bout, s'il empêche, d'un côté, ses partisans de se lancer pleinement dans la bataille, il consolide, de l'autre, son image d'un président courageux.
Le courage. Tiens donc, c'est le mot clé du slogan de campagne lancé samedi par l'UMP : "Le courage donne la force".
La force, les militants en auront sans doute besoin pour patienter encore un peu.
Reportage France 2, Stéphane Depinoy et Mathias Barrois
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